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Tag Archives : transcendance

Notre-Dame de Paris, de la pierre à l’esprit

Comme les autres cathédrales, Notre-Dame de Paris nous rappelle que l’histoire de la France ne commence pas avec nous. Non seulement elle fut un symbole des racines chrétiennes de la France, mais elle fut adoptée par la République et la Nation comme lieu témoin des moments particuliers de l’histoire, pont entre le visible et l’invisible. Elle a été un lieu de couronnement, d’hommages funéraires pour croyants et laïcs, un symbole indiscutable de la libération de Paris…

« […] En négligeant la langue des signes qui parlent à l’imagination, l’on a perdu le plus énergique des langages. » Émile ou de l’Éducation de Jean-Jacques Rousseau

Ernst Cassirer (1) nous rappelle que l’homme ne vit pas dans un univers purement matériel, mais de sens et de valeurs qui organisent sa représentation symbolique de lui-même et du monde (2). »

Dans le Sacré camouflé, je rappelais que le symbolique est un des ressorts cachés du pouvoir. Les symboles d’une nation sont une véritable clé de chiffrement de son système politique et social. J’ai également insisté sur le fait que malgré la sécularisation de nos sociétés contemporaines, le fond archaïque symbolique de l’être humain n’a pas disparu.

Le 15 avril, lorsque les flammes ont surgi autour de la flèche de Notre-Dame de Paris, beaucoup d’entre nous ont ressenti qu’une partie intime de nous-mêmes brûlait, ainsi que notre représentation du monde.

Comme l’explique Fanny Madeline (3), cet événement impensable et sidérant a provoqué le sentiment de vivre une faille temporelle, qui suspend le quotidien et produit un déchirement, nous arrache à nous-mêmes et nous laisse sans voix, face à l’incommensurabilité des pertes.
L’importance symbolique et spirituelle de Notre-Dame de Paris est apparue soudain comme en un éclair pour les croyants comme pour les athées. Tous ont ressenti qu’au-delà des faits matériels, se cache un appel du destin.
Hannah Arendt disait que les monuments constituent la patrie non mortelle des êtres mortels. Ce monde commun des vivants et des morts constitue les racines de nos propres identités.

La cathédrale est située au cœur de la géographie sacrée du pouvoir, établie depuis des millénaires dans l’île de la Cité, partagée en deux par l’axe plurimillénaire dessiné par le chemin néolithique qui reliait le Nord de l’Europe au Sud.À l’Est, déjà à l’époque gallo-romaine, se trouvaient des lieux de temples et de cultes et à l’Ouest, le siège du pouvoir temporel et de la justice.

Comme les autres cathédrales, Notre-Dame de Paris nous rappelle que l’histoire de la France ne commence pas avec nous. Non seulement elle fut un symbole des racines chrétiennes de la France, mais elle fut adoptée par la République et la Nation comme lieu témoin des moments particuliers de l’histoire, pont entre le visible et l’invisible. Elle a été un lieu de couronnement, d’hommages funéraires pour croyants et laïcs, un symbole indiscutable de la libération de Paris…
Elle synthétise l’identité séculaire de la France qui comprend à la fois la transcendance, la monarchie et la Révolution. L’émoi produit par la découverte dans les décombres du Coq de la Flèche d’Eugène Viollet-le-Duc (4), qui curieusement porte en lui une des épines de la croix du Christ, témoigne de sa puissance symbolique et identitaire.

Les cathédrales furent construites par des maîtres d’œuvre, des artisans libres et des gens du peuple qui participèrent volontairement à ce chantier de l’espérance, sachant que la plupart ne verraient pas l’achèvement de leur construction. Cet appel à la transcendance et à l’espérance fut construit au nom de la liberté, celle qui nous permet de décider en notre âme et conscience. Notre-Dame de Paris doit être rebâtie et renaître de ses cendres, pas seulement avec des pierres mais avec des hommes et des femmes qui veulent retrouver leur liberté et leur espérance, pour devenir eux-mêmes et faire renaître une société de lien.

(1) Philosophe allemand naturalisé suédois (1874 -1945) représentant d’une variété de néo-kantisme, courant fondé par Paul Natorp et Hermann Cohen et développé dans l’école de Marbourg
(2) Extrait du livre Le sacré Camouflé ou la crise symbolique du monde actuel, Fernand SCHWARZ, Éditions Cabédita, 2014, 120 pages, 19 €
(3), Article de Fanny Madeline, Les flammes de Notre-Dame, c’est notre monde qui brûle, paru dans le journal Le monde du 18 avril 2019(4) Architecte français (1814 -1879) connu pour ses restaurations de constructions médiévales, édifices religieux et châteaux. Il a reconstruit la flèche de Notre-Dame de Paris, contenant le Coq mentionné dans le texte
Voir sur Nouvelle Acropole You tube
Extrait de conférence de Fernand Schwarz sur Le Sacré camoufléhttps://www.youtube.com/watch?v=SOL2VxKWhy8
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– Le Sacré Camouflé sur Amazon.frhttps://www.amazon.fr/sacré-camouflé-crise-symbolique-actuel/dp/2882957157
Par Fernand SCHWARZ
Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

  • Le 30 avril 2019
  • Editorial
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Créer la dignité

Outre la difficulté et la profondeur rencontrées pour définir et décrire la dignité, on pourrait bien se poser la question suivante : d’où vient la dignité ?

Naît-elle avec la personne, se constitue-t-elle à travers l’éducation, est-ce la vie elle-même qui la confère, a-t-elle besoin de formules particulières de développement ?
On pourrait ajouter d’autres questions, mais celles-là regroupent presque toutes les autres, en partant de la base que la dignité n’a rien à voir avec les richesses, ni avec les privilèges sociaux et politiques. Cependant, toutes les questions sont utiles parce que chacune d’elles représente une nécessité incontournable pour créer la dignité.

 La dignité n’a rien à voir avec les richesses, ni avec les privilèges sociaux et politiques

La dignité n’a rien à voir avec les richesses, ni avec les privilèges sociaux et politiques

Elle naît avec la personne

Par-delà la théorie de la réincarnation qui dote chaque être de multiples caractéristiques acquises au long de nombre de vies et d’apprentissages, il est évident que chaque enfant naît avec « son caractère ». Aussi nombreuses soient les comparaisons qu’il nous plaise de faire avec les parents, les grands-parents et tout autre membre de la famille, l’enfant a aussi ses particularités (ou ne les a pas, ce qui est une autre manière de les avoir) dès le premier instant. Et elles s’accentuent toujours davantage à mesure que le temps passe, se mêlant aux apports du milieu environnant jusqu’à parfois presque disparaître ; mais elles s’expriment à nouveau lorsque se produit une véritable maturité.

Elle se constitue à travers l’éducation

Il devrait en être ainsi si l’éducation l’était réellement. Il ne suffit pas de savoir lire et écrire, non plus que d’apprendre mille et une données de différentes matières, sans coordination entre elles, qui s’oublieront très rapidement, presque toujours après un examen.
Le problème fondamental de l’éducation, telle qu’on la conçoit et jusqu’où elle va pour les enfants et les jeunes, est qu’elle répond à un « schéma programmé » et pas à un besoin. Les programmes changent trop rapidement, signe qu’ils ne servent pas ou bien qu’il y a d’autres intérêts derrière, pas précisément formateurs. Les matières sont supprimées ou ajoutées en fonction de dieu sait quelles mesures, au point que la philosophie est inutile et que l’informatique remplace la merveille d’écrire avec ses propres mains.
Personne ne parle de morale ou bien, en tout cas, elle sert d’appui aux lois récemment adoptées, qui changent également trop souvent. Personne ne s’intéresse à l’art et à la science de vivre, aussi les jeunes n’ont-ils aucune préparation réelle pour affronter la vie avec ses difficultés, profitables au caractère si on savait les reconnaître et les résoudre. Personne ne se connaît soi-même, et c’est pourquoi on ne peut connaître ni respecter les autres.
Il y aurait beaucoup à dire concernant l’éducation mais ce n’est pas le sujet de ces lignes. En tout cas, une bonne éducation contribue à développer la dignité parce qu’elle doit promouvoir une salutaire vie intérieure, un certain nombre de valeurs morales, le sens même de la vie et des buts pour exister avec courage et décence.

La Vie est une grande maîtresse, c’est une école pour apprendre à vivre

La Vie est une grande maîtresse, c’est une école pour apprendre à vivre

La vie elle-même la confère

Parfois, oui et, parfois, c’est tout le contraire. Cela dépend précisément du facteur éducatif et des germes internes que chacun apporte avec soi. La Vie est une grande maîtresse, c’est une école pour apprendre à vivre. Tous types de dangers apparaîtront, qu’on ne peut comparer car, pour chacun, « ses » difficultés sont les plus grandes, les plus douloureuses et les plus difficiles à surmonter.
Si, néanmoins, en dépit des conflits, éclosent le courage, la volonté, l’aptitude à concevoir des réponses bien qu’au début elles paraissent impossibles, alors la vie octroie la dignité. Elle le fait à travers les épreuves qu’elle nous apporte inéluctablement, mais l’essence de la dignité ne réside pas dans les épreuves mais dans la façon dont chacun les affronte.
Le manque de résolution, la tendance à la colère ou à la dépression, la négligence et l’indifférence ne sont pas des terrains de culture pour la dignité.
La sérénité, le courage pour assumer des risques calculés, une assurance positive, des convictions fermes et l’aptitude à être ce qu’on veut être malgré les circonstances extérieures, sont la semence de la dignité.

A-t-elle besoin de formules particulières de développement ?

Nous avons tous besoin d’un miroir pour nous voir comme nous sommes et d’un miroir pour nous montrer une image qui serve d’exemple

Nous avons tous besoin d’un miroir pour nous voir comme nous sommes et d’un miroir pour nous montrer une image qui serve d’exemple

Philosophiquement, je ne crois pas aux formules. Il est certain que la vie est pleine d’art et de science mais il n’y a pas de formules fixes parce que chacun doit trouver sa propre mesure. Plus qu’à des formules, on devrait recourir à des éléments qui nous servent de guide et de développement de la dignité.
Je sais que nous vivons des temps dans lesquels les concepts de héros et d’héroïcité se sont complètement dénaturés. Les héros sont passés de la vie réelle aux écrans (plus grands ou plus petits) ; ce sont des modèles de podium, ce sont des chanteurs qui éveillent des émotions volcaniques mais pas de sens de l’art, ce sont des sportifs qui ont transformé leur fabuleuse profession en source de richesse ; et autres exemples pareils à des feux follets. L’héroïcité n’est pas une attitude noble et efficace devant la vie mais des formes variées et atroces de violence, de folie et de corruption que, malheureusement, on prend pour modèles car on leur fait de la publicité en permanence ; et, si elles ne sont pas des modèles, elles sont un vide sans fond, sans espérances…
Il nous manque des modèles de vie, de bons modèles, des gens bons, fameux ou pas mais qui soient sensibles, généreux, intelligents et valeureux. Nous avons tous besoin d’un miroir pour nous voir comme nous sommes et d’un miroir pour nous montrer une image qui serve d’exemple. Personne ne peut copier personne mais nous voulons tous regarder le ciel et pas seulement pour voir comment de temps à autre tombent les étoiles filantes. Nous voulons regarder la terre et voir que, malgré toutes les différences apparentes, il existe un facteur commun d’humanité qui, en dernière instance, est un facteur de dignité.

La dignité naît-elle ou se fait-elle ? Les deux

Nous naissons tous avec quelque chose à l’intérieur de nous, nous n’arrivons pas vides à la vie pour le temps qui nous conduit à apprendre à parler, à avancer et à nous débrouiller par nous-mêmes. Telle est notre richesse, notre cuiller en argent, comme on dit familièrement.
Et nous devons tous faire quelque chose pour grandir, pour ne pas abandonner la vie semblable ou pire qu’à notre naissance, pour ne pas laisser le monde semblable ou pire que nous l’avons trouvé en arrivant. Si nous voulons appeler cela dignité, parfait ! et si nous voulons chercher un autre nom, cherchons-le. Ce qui importe est l’attitude intérieure et les actions visibles.

par Délia STEINBERG-GUZMANN
Traduit de l’espagnol par M.-F. Touret

Être ou ne pas Être, voilà la mission !
Que sommes-nous venus accomplir sur cette terre ?
Par Sylvie OUELLET
Préface de Stéphane ALLIX
Éditions Guy Trédaniel, 2017, 310 pages, 22,90 €

Que venons-nous faire sur Terre ? Comment trouver un sens à notre existence ? L’auteur s’intéresse au processus d’incarnation et aux schémas répétitifs que nous vivons et propose Ce des outils d’introspection, des chemins de réflexion, des exercices pratiques (méditations, activités) pour mieux se connaître et s’épanouir.

Deviens qui tu es
Guide pratique
5eédition revue et augmentée
Par Pierre CAUVIN et Geneviève CAILLOUX
Éditions Chrysalide, 2018, 278 pages, 25 €

Apprendre à se connaître soi-même et les autres en associant les types psychologiques de C.G. Jung au dialogue intérieur. Appréhender l’hommes dans toutes ses dimensions : physique, affective, intellectuelle et spirituelle. Développer son potentiel. L’ouvrage pratique propose des exercices simples et accessibles. Par des consultants et coaches.

Qu’est-ce qu’une famille ?
La transcendance en culottes
Par Fabrice HADJADJ
Éditions Salvator, 2014, 249 pages, 20 €

Fabrice Hadjadj s’intéresse aux fondements philosophiques et religieux de la famille ; racines historiques et culturelles de la société.
Le livre regroupe 4 conférences qui invitent à réfléchir aux fondements même de notre société, dont les racines historiques et culturelles sont la famille, la différence assumée des sexes, le don de la naissance, l’exigence de la transmission. Le modèle de la famille ne peut être comparé à aucun autre. Comment se fonde un couple, se construit un enfant, sa perception de l’altérité, comment sa vérité échappe à tous les calculs d’une société obnubilée par l’égalité des droits.
Par un professeur de philosophie, écrivain, directeur de l’institut européen d’études anthropologiques Philanthropos.

  • Le 29 octobre 2018
  • Philosophie
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La magie du feu, la magie du mystère, troisième niveau de magie

Avec la magie du feu, l’Homme apprivoise le mystère, l’indicible.

« Le plus beau sentiment du monde, c’est le sens du mystère. Celui qui n’a jamais connu cette émotion, ses yeux se sont déjà fermés » – La plus belle chose que nous puissions éprouver, c’est le côté mystérieux de la vie » Einstein (1879-1955)

 Avec les deux articles précédents, le premier niveau de la magie « la magie des sens », et le deuxième niveau de la magie « la magie des liens » nous avons gravi deux marches qui nous conduisent à la fin de notre voyage au troisième niveau de la magie. Ici, c’est le mystère qui nous attend.

 

L'escamoteur, célèbre tableau de Jérôme Bosch (1450 -1516), met en scène la magie du premier niveau, s'amuser en trompant nos sens

L’escamoteur, célèbre tableau de Jérôme Bosch (1450 -1516)

Rappelons-nous, le mot magie, il vient du persan, de la racine mag – magus qui signifie « science, sagesse ».

Au premier niveau de la magie, le prestidigitateur se joue de nous comme la Nature le fait en nous faisant croire en des choses qui ne sont pas. Comme elle, il utilise nos sens et fausse la Réalité. Il le fait pour notre plus grand bien, provoquer l’étonnement. Il nous rappelle à un vécu lointain, à la mémoire de cet enfant pour qui la vie est « tout magique » (voir ci-contre, L’escamoteur de Jérôme Bosch).

La magie de la quintessence

Devenus adulte, les tours de passe-passe réveillent en nous ces questions en lesquelles nous n’osons plus croire. La magie existe-t-elle vraiment ?  Conduit-elle à l’émerveillement dont parlent les sagesses du monde ? Est-ce une quintessence ?

Alors, nous devons gravir une marche de plus. Sortir des effets trompeurs du premier niveau de la magie pour nous diriger vers d’autres contrées, où l’on entend et voit autrement. Là-bas, le deuxième niveau de la magie nous attend et nous livre ses réponses. Oui, répond celui-ci, mais à une double condition.

Premièrement, abandonner le mental « Tacatacata » ou le mental « hamster » celui qui fait tourner en rond. Ce mental qui sait tout, le mental qui veut tout contrôler et nous enferme dans la logique de l’hyper rationalité.

Deuxièmement, gagner en éthique et en son application. Ne pas s’installer dans une attitude d’usurpateur et de manipulateur mais dans une attitude d’homme de lien, d’unité, d’amour, et purifier ses intentions. Voir en l’autre le reflet de soi et non une absence, voir dans le monde, la beauté du sens et non un désenchantement de séparatisme.

Le deuxième niveau de la magie nous incite à sortir du monde des apparences, pour aller vers un inconnu que nos cinq sens ignorent. Une transformation s’affirme, une deuxième naissance s’opère, éduquer nos sens pour les sublimer à une autre perception. Ici, la Dame à la Licorne, reine des cinq sens (1), sera notre guide et notre magicienne.

La Dame à Licorne nous guide pour éduquer nos cinq sens et les élever au rang d'une autre perception du Réel.

La Dame à Licorne nous guide pour éduquer nos cinq sens et les élever au rang d’une autre perception du Réel.

« L’opération de la magie est l’attraction d’une chose par une autre en vertu d’une affinité naturelle… Ainsi, l’aimant attire le fer… Les œuvres de la magie sont donc des œuvres de nature (naturelle)… Et la Nature est appelée magicienne en vertu de cet Amour réciproque… Toute la puissance de la magie réside dans l’Amour ».
Marsile Ficin (2).
« La grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir les hommes : il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines » Antoine de Saint-Exupéry.
«… L’Homme n’est pas un élément perdu dans les solitudes cosmiques, mais c’est une volonté universelle qui converge et s’harmonise en lui ». Pierre Teilhard de Chardin (3).

La Magie, un feu

Ayant vaincu les faux-semblants, étant sortis victorieux du désenchantement de l’hyper-rationalité, ayant éveillé notre entendement à d’autres perceptions, nous voilà rendus aux portes du troisième niveau de la magie.

Pour y rentrer il faut accomplir un sésame. À savoir, exécuter le geste le plus magique qui soit donné à l’Homme. Le geste qu’aucun tour de magie ne peut vaincre, qu’aucune raison ne peut étouffer. Un geste réalisable par tous et accessible à tous, singulier et universel. En sa présence, l’Homme exprime sa vraie nature, celle qui marque sa différence avec les minéraux, les végétaux, les animaux.

Ce geste, cet acte, les anthropologues, les préhistoriens en soulignent sa naissance il y a 500 000 ans environ. Comment l’Homme l’a appris ? Personne n’en connaît la réponse. Du scientifique le plus éclairé, au poète le plus imaginatif, tout le monde est ignorant. Il est une énigme dans son origine et un prodige dans son accomplissement. Pourtant, grâce à lui l’Homme rentre dans la voie qui conduit à la porte des mystères et découvre un nouvel horizon, le monde des interrogations les plus nobles.

Ce geste si singulier et si universel, quel est-il ?  En voici sa teneur, il est simple mais en même temps riche en signification. L’Homme sait donner vie au feu. Il peut accoucher cette lumière qui demeure en sommeil dans toutes choses. Il sait l’apprivoiser et en devenir son gardien. Le feu est un grand compagnon de l’Homme, un grand inspirateur de son évolution qui, de milliers d’années en milliers d’années lui révèlera ses secrets.

Avec la magie du feu, l’Homme apprivoise le mystère, l’indicible.

Avec la magie du feu, l’Homme apprivoise le mystère, l’indicible.

Avec la magie du feu, l’Homme apprivoise le mystère, l’indicible. En apprenant à le regarder, il s’éduque à voir l’invisible (les lois) dans le visible (les effets).

Certes, les esprits plus terre à terre diront : avec le feu l’Homme a pu faire cuire sa nourriture et en conséquence faire reculer les parasitoses, mais pas que cela, il s’est ouvert aux questions métaphysiques, aux causes essentielles. En le contemplant, son imaginaire se structure, devient de plus en plus sensible à l’imperceptible. Avec le feu comme ami, il ressent une présence en lui, celle de l’inexploré.
Aussi, à l’image d’une flamme qui cherche sa verticalité, l’Homme s’enfante à une transcendance, aux questions sur l’infini, sur la mort, sur l’immortalité, sur Dieu. Les rites surgissent, il enterre ses morts, construit des temples, pose des bougies. Il évoque une spiritualité. Le mystère s’installe, le feu en est son agent. L’Homme lui rend hommage pour tout ce qu’il lui évoque et inspire. Il le célèbre avec des cérémonies qu’il préside comme symbole d’un esprit qui doit trouver vie en chacun de ses participants.
Mais voilà, avec le feu, l’Homme a aussi trouvé une arme. S’il ne veut pas se détruire lui-même il faut qu’il grandisse dans son authenticité, qu’il accepte de vivre en lui ce que le feu provoque autour de lui, à savoir se purifier.

Chez les Tibétains, le symbole du Feu (mental) est représenté par une épée enflammée que porte Manjushri (4) dieu de la Sagesse.

Chez les Tibétains, le symbole du Feu (mental) est représenté par une épée enflammée que porte Manjushri (4) dieu de la Sagesse.

Le feu est une puissance comme le mental l’est pour la condition humaine. L’Homme va apprendre à s’en servir et il deviendra le feu de l’attention, le feu de la concentration, le feu du mental qui s’est ouvert au discernement. Son symbole sera une épée enflammée telle celle de Manjushri (4) représentant de la Sagesse chez les Tibétains. Mais aussi le bâton de Merlin qui s’enflamme quand il parle aux chevaliers et les met en cercle pour créer l’esprit de la Table Ronde et l’unité du monde ou encore le bâton de Gandalf quand il combat avec sa sagesse les forces de Sauron. Il sort également du bout des doigts de Yoda dans sa lutte avec Palpatine ou autre Sith dans l’épopée cinématographique Starwars.
En architecture, on le retrouve avec les pyramides qui évoquent son nom et son mystère (« Pyr » veut dire, feu). Mais aussi avec les torches des vierges sages et des vierges folles sur le portail central de Notre Dame de Paris, qui aboutissent pour les unes à la porte ouverte des mystères et pour les autres à la porte fermée des mystères.

Le feu, une flamme qui vacille, une flamme qui s’élève. Le feu, une flamme qui cherche sans cesse le vertical, qui établit un lien entre le ciel et la terre. Le feu, source d’inspiration, symbole du sublime, de l’ineffable. « Si tu veux la sagesse, trouve l’ineffable » dit la prière du judaïsme mystique. Le feu, une torche qui conduit au centre du labyrinthe et se change en torche des mystères, « Ne crains pas le mystère. Deviens son fils préféré ; sache que le mystère le plus grand, la racine même de l’énigme est le moteur immobile de l’univers. C’est vers Lui que conduit la sagesse. » Jorge Angel Livraga (5).
Le mystère, l’enfant de la Grande Ignorance, telle est la quête des trois niveaux de la magie, s’offrir à Lui et y trouver source de fécondité.

Laissons les derniers mots à Jean d’Ormesson (6).
« Plutôt qu’un secret ou une énigme, l’univers est un mystère et notre vie est un mystère. Et, il nous est interdit de percer ce mystère » – « Du mystère du rien est sorti le mystère de notre tout. Un mystère a donné naissance à un autre mystère. »

(1) Lire l’article Redécouvrir la magie, Le premier niveau : la magie des sens, de Olivier Larrègle, page 13 à 16
(2) Marsile Ficin (1433-1499), poète et philosophe de la Renaissance, directeur de l’Académie Platonicienne de Florence
(3) Prêtre jésuite français (1881-1955), paléontologue, théologien et philosophe auteur de nombreux ouvrages
(4) Ce boddhisattva est important dans les bouddhismes Mahayana et Vajravana. Son nom signifie Gloire paisible
(5) Jorge Angel Livraga (1930 -1991), philosophe, auteur de nombreux ouvrages et fondateur de l’association internationale Nouvelle Acropole
(6) Philosophe journaliste, écrivain français (1925 – 2018), auteur d’une quarantaine d’ouvrage, membre de l’Académie française et directeur du journal Le Figaro pendant longtemps et ensuite journaliste au même journal. Lire l’article de Marie-Agnès Lambert, Hommage à Jean D’Ormesson et Johnny Hallyday, deux monstres sacrés de la France s’en sont allés, paru dans la revue Acropolis N° 292 (janvier 2018)
Lire les articles du même auteur, parus dans la revue Acropolis
. N° 293 (février 2018), Redécouvrir la magie, Le premier niveau : la magie des sens, page 123 à 16
. N° 294, (mars 2018), Le second niveau de la magie, La magie des relations humaines, page 15 à 19
Par Olivier LARRÈGLE

  • Le 30 mars 2018
  • Philosophie
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