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Tag Archives : Sagesse

L’ Âme de la femme

D’un long texte sur l’Âme de la femme, nous extrayons ce passage dans lequel l’autrice présente ce qu’elle considère comme le travail de fond à faire par les femmes pour retrouver leur identité et être en paix avec elles-mêmes et avec les hommes.

Qu’est-ce que l’Âme de la Femme ? En quoi consiste cette âme qu’elle doit conquérir pour retrouver son véritable rôle non seulement dans la société, mais aussi dans l’histoire ? Presque toutes les civilisations anciennes, celles qui se sont le plus intéressées au rôle de la femme, ont décrit l’âme de la femme selon quatre caractéristiques parfaitement valables pour l’époque actuelle.

Les quatre caractéristiques de l’Âme de la femme

On peut parler de l’âme de la femme en tant que Vie, en tant qu’Énergie, en tant qu’Amour et en tant que Sagesse. Avec ces quatre caractéristiques qui sont ses véritables armes, la femme est l’héroïne idéale pour venir à bout de sa propre guerre. L’âme de la femme est Vie dans tous les sens du terme, non seulement parce que la femme peut donner le jour, mais encore à cause de sa capacité à aider à vivre, elle est la grande éducatrice. Elle peut créer, inciter, inspirer… entre ses mains se trouve le don de la vie et son maintien. Un grand spécialiste des mythes modernes, Joseph Campbell, a dit que l’essentiel réside dans le fait que la femme peut donner vie à un corps, à une âme, à une société, à une civilisation, mais que si on ne lui donnait pas l’opportunité de donner la vie, elle perdait sa raison d’être. Elle a besoin d’insuffler cette vie avec sa forme particulière d’énergie, autre caractéristique de son âme. Cette énergie ne pousse pas à l’action, mais est plutôt une résistance, une constance ; la femme peut supporter des choses incroyables, tout comme sa patience est incroyable. Ceci est une grande arme pour elle, non parce qu’elle est opprimée, mais parce qu’elle est résistante. Elle n’a peut-être pas une grande résistance physique, mais elle possède une énorme résistance psychologique ; là est son énergie propre, qu’elle peut transmettre sous forme de sérénité, sous forme de force, face aux difficultés, face à la douleur.

La femme est Amour

La femme est Amour. Je sais que nous aimons tous, hommes et femmes. Mais l’homme aime de telle façon qu’il inclut l’amour dans sa vie, alors que la femme fait de l’amour sa vie. Qu’est-ce que l’amour chez la femme ? Une arme à double tranchant : si l’amour est petit, avec un « a » minuscule, il se change en un amour égoïste, possessif, en peur de ne pas être aimée quand elle aime, de ne pas être estimée quand elle a de l’estime. Mais si l’Amour s’éveille en la femme en tant qu’âme, il est alors une grande capacité d’union, il est le feu du foyer, le feu du centre de la terre, du centre du temple. La femme unit, elle a le pouvoir de rapprocher, d’assembler, de faire sympathiser les personnes entre elles, les âmes, de mettre d’accord ceux qui ne le sont pas : son amour est une grande générosité. Son amour est la capacité de percevoir la beauté, l’harmonie, de lutter pour la justice. Pour cette raison l’âme de la femme est amour et aussi Sagesse, avec un mental pratique et ordonné, mais avec le discernement qui la caractérise. Car si on lui demande pourquoi elle fait les choses, elle saura toujours répondre. Et, par dessus tout, elle possède une grande force qu’elle ne doit jamais gaspiller : son intuition. Elle pense en ressentant les choses. Je sais que parfois on déprécie cette façon de penser, néanmoins chez la femme, l’idée, unie au sentiment, se change en intuition et anticipe sur les choses, elle les pressent avec un grand talent : c’est sa force, c’est sa sagesse. Nous parlons d’intuition plus que de divination parce que nous croyons qu’elle ne s’abaisse pas à une simple divination, elle « sait » simplement.

Conquérir sa propre Âme

Dans les civilisations anciennes on parlait d’initiations féminines et aujourd’hui à force d’informations confuses, on imagine cela comme des rites étranges, pleins d’images diaboliques ; cependant, la grande initiation féminine a toujours été la conquête de sa propre âme. Tous les grands mythes de toutes les religions le reflètent aussi : le héros conquiert son âme masculine, l’héroïne conquiert son âme féminine.

Le moment est arrivé pour la femme de demander non seulement un jour international pour elle, mais encore qu’elle puisse être maîtresse d’elle-même tous les jours de tous les mois de toutes les années de sa vie. L’heure est arrivée pour qu’elle se sente l’actrice de sa propre vie et sente qu’elle possède des forces et des capacités pour faire beaucoup de choses par elle-même, avec ses propres caractéristiques, et surtout qu’elle se sente héroïne avec ce qui la fait plus grande, plus haute, plus noble ; avec générosité, car la femme demande pour donner et exige car elle sait avoir toujours les mains ouvertes. Si la femme sait donner la Vie, donner l’Énergie, donner l’Amour et partager sa forme particulière de Sagesse, alors elle sera véritablement protagoniste et il y aura tous les jours une place où l’on pourra en référer à la femme, un endroit où la femme pourra vivre de façon harmonieuse avec l’homme. Il est peut-être possible alors que nous ayons un jour international de l’Humanité et que nous profitions de cette paix et de cette sérénité que nous devrons conquérir, hommes et femmes, si toutefois nous conquérons avant l’Âme de la Femme et pourquoi pas, l’Âme de l’Homme.

 Traduit de l’espagnol par M.F Touret
par Délia STEINBERG GUZMAN

Activités organisées dans les centres de Nouvelle Acropole en France
dans le cadre de la Journée Internationale de la Femme

Lundi 8 mars 2021

Nouvelle Acropole Toulouse
19h 30
Femmes inspiratrices de sagesse au temps de Socrate
Par Anne-Marie Magri, formatrice en philosophie pratique
Atelier en ligne, par Zoom
Trois femmes ont profondément influencé Socrate. Phénarète, sa mère, lui transmet l’amour de la vie. Aspasie, la courtisane érudite, lui insuffle l’amour de la pensée et de la réflexion. Diotime, la prêtresse, lui apprend l’amour comme Union des contraires.
https://www.eventbrite.fr/e/billets-femmes-inspiratrices-de-sagesse-au-temps-de-socrate-139978049113
Nouvelle Acropole Lyon
19h 30
Colloque en ligne à l’occasion de la Journée internationale de la Femme
Les femmes remarquables d’aujourd’hui
Hommage à Vandana Shiva, Alexandre David-Néel, Catherine Johnson et Clara Zetkin
Ces femmes remarquables qui marquent leur temps par leur exemple de lucidité, de courage, de dignité et de générosité.
Contact : Adeline : Tel : 06 84 74 83 53
E mail : lyon@nouvelle-acropole.fr

Mardi 9 mars 2021 à 20 heures

Sur Nouvelle-Acropole France Facebook live
Organisé par Nouvelle Acropole Paris 15
Conférence
Olympe de Gouges, une humaniste engagée
par Sophie Pons
Guillotinée à la Révolution, Olympe de Gouge fut une féministe avant-gardiste et audacieuse.
mettre photo
Organisé par Nouvelle Acropole Paris 15

Mardi 23 mars 2021 à 20 heures

Conférence
Femmes, filles de déesses
par Laura Winckler, écrivain, philosophe, spécialiste de la mythologie et du symbolisme.
Derniers ouvrages parus Dieux intérieurs et L’alchimie du couple.
Et si en chaque femme vivait une déesse ? Cette conférence vous invite à l’exploration de la féminité et de la personnalité profonde de la femme.

Samedi 27 mars 2021 de 14h à 18 h

Atelier pratique
Quel dieu/déesse êtes-vous ?
Comment identifier votre archétype personnel
Par Laura Winckler
À la découverte de nos archétypes à travers l’étude des mythes au cœur de notre psyché et des tests ludiques
Atelier limité à 15 participants

  • Le 23 février 2021
  • Philosophie
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Mythe et éducation des adolescents 

À l’adolescence, le physique se transforme et c’est à ce moment que les polarités se manifestent de façon concrète. Mais la polarité sexuelle n’est pas la seule à s’établir : toutes sortes de dualités se mettent en place. C’est l’âge auquel un individu commence à acquérir son autonomie et commence à penser par lui-même.

« Penser », étymologiquement, veut dire « peser ». Par la pensée, l’homme « pèse » ses perceptions et ses idées, construisant un édifice de connaissance selon ses sensibilités affective et intellectuelle. Cependant, « peser » suggère deux termes, deux « poids » à comparer. Ainsi en est-il de la pensée qui s’échafaude à partir de la reconnaissance des dualités qui structurent notre monde.

Vivre le mythe et faire son unité

Or nous savons que les dualités induisent des oppositions qui peuvent être mortifères. Il est donc nécessaire, pour que l’adolescent devienne adulte, que ces oppositions – fort utiles pour penser – trouvent le chemin d’un dépassement. Les contraires doivent devenir complémentaires.
C’est précisément l’objet du mythe et de la pensée symbolique de sortir des schémas de pensée dualistes pour réaliser un dépassement des contradictions. Les mythes mettent en scène des héros qui incarnent le camp du « bien » contre celui du « mal » mais, au fur et à mesure des épreuves, le héros se rend compte que l’ennemi extérieur qu’il combat n’est que le reflet de l’ombre qui s’étend en lui. Après une descente aux enfers, il renaît à sa propre lumière et devient un « bâtisseur de cités » : il crée de l’harmonie parmi les hommes en les fédérant autour d’un idéal.

Fécondité des mythes grecs

Pour l’éducation des adolescents, les mythes les plus puissants sont généralement les plus anciens. Il y a une bonne raison à cela : si ces mythes ont traversé les siècles, c’est qu’ils portent en eux une sagesse qui a fait ses preuves et qui ne se dénature pas avec le temps. Cela n’interdit pas, bien entendu, de choisir des imaginaires plus modernes, mais toujours l’éducateur doit se poser la question des modèles archétypaux – c’est-à-dire inspirateurs pour le développement des vertus – que présente tel ou tel univers mythologique. L’expérience nous a amenés à choisir systématiquement des mythes grecs, car ils sont à la racine de notre culture européenne et leur pertinence pour illustrer les mécanismes de la psyché humaine n’est plus à démontrer. Persée, Thésée, Jason, Ulysse, Héraclès… Chaque rencontre s’organise autour de l’une de leurs épopées.

Le caractère masculin des héros doit être explicité : c’est l’aspect « actif » du personnage héroïque qui compte (le côté « yang » diraient les Orientaux). En effet, ces mythes s’adressent aussi bien aux filles qu’aux garçons car il s’agit avant tout de révéler, en chaque être humain, une posture « active » face à la vie. En général, les filles ne s’offusquent pas du caractère masculin des héros choisis, car elles comprennent de façon naturelle la valeur universelle des symboles. En outre, les mythes grecs mettent en scène des personnages féminins auxquelles elles peuvent s’identifier, la figure d’Athéna couronnant le tout avec majesté. Par ailleurs, le côté « yin » de l’éducation par les mythes n’est pas à négliger, comme nous le verrons par la suite, pour les garçons aussi bien que pour les filles.

 

Dans une rencontre, toutes les activités se rattachent à l’imaginaire, des grands jeux jusqu’à la participation aux tâches de la vie collective. L’art du formateur s’exprime pleinement dans sa capacité à faire des liens entre une action concrète et un symbole qui lui confère un sens supérieur. Ce « sens » a rapport à l’évolution consciente de l’adolescent dans son processus d’appropriation de sa propre identité. L’adolescent se ressent généralement, même s’il a du mal à le formuler ainsi, comme une sorte de « monstre », un être en métamorphose à mi-chemin entre l’enfant et l’adulte, d’où sa récurrente détresse. Le fait de l’immerger entièrement dans le mythe lui permet de mettre des images sur son vécu intérieur, l’aide à faire la distinction entre le héros qu’il aspire à devenir et la créature déconcertante qu’il perçoit dans un miroir.

Esprit de victoire et soirée d’épreuves

Une rencontre d’une semaine culmine toujours avec une soirée d’épreuves. Ces épreuves sont nécessairement individuelles – à la différence des grands jeux, des exercices psycho-pratiques et de la participation aux tâches collectives qui se font le plus souvent en équipes. L’épreuve est individuelle car nous restons, nous les humains, au-delà de nos interactions sociales, des êtres fondamentalement individués dont l’évolution consciente repose sur l’appropriation de notre autonomie. Cette soirée est complexe à organiser, surtout avec les groupes nombreux car les adolescents doivent se succéder les uns aux autres sur le parcours d’épreuves. Toutefois, la patience – et même l’ennui ! – font partie de l’épreuve. Il est préférable de faire passer les épreuves en commençant par l’adolescent le plus âgé, en réservant la plus longue attente et le plus fort impact psychologique à celui qui découvre ce type d’initiation pour la première fois.

Comme dans la tradition des Mystères de l’Antiquité, toutes les ressources de l’art théâtral et des effets spéciaux sont mises en œuvre. Le but de cette soirée d’épreuves est en effet de marquer durablement la conscience de l’adolescent afin qu’il perçoive, à travers des symboles en actes, la flamme héroïque qui brûle en lui. À aucun moment, bien sûr, il ne s’agit de faire courir le moindre risque à l’adolescent mais les épreuves doivent être suffisamment exigeantes pour que la peur d’échouer se manifeste. Le niveau de difficulté de chaque épreuve est à adapter, en temps réel, par le formateur qui en a la responsabilité. Le juste équilibre est trouvé lorsque la peur d’échouer est ressentie et dépassée par l’esprit de victoire.

Dans une soirée d’épreuves, tous les « plans » doivent être sollicités : le physique, bien entendu, en termes de force, d’agilité et d’endurance, mais aussi l’émotionnel et le mental. Selon notre expérience, la trame qui fonctionne le mieux est la suivante.

Révéler la flamme héroïque

Les adolescents se lancent tour à tour sur le parcours d’épreuves en commençant par le plus âgé. Les autres attendent dans une salle en faisant des créations artistiques en rapport avec le mythe.
Les épreuves commencent par une prise en charge « yin ». Une figure féminine incarnée par une formatrice rappelle l’adolescent à son intériorité. Cette figure peut être Ariane dans le mythe de Thésée, Médée dans le mythe de Jason, etc.
L’adolescent enchaîne ensuite des épreuves à caractère « yang », généralement menées par des formateurs.
Des mises en scène sont placées sur son chemin pour l’effrayer. L’obscurité de la nuit est indispensable à ce moment pour créer une ambiance et dissimuler les « ficelles » du décor.
Les épreuves culminent avec l’affrontement d’un monstre à forte valeur symbolique (Méduse, Minotaure et Chimère incarnent par exemple la peur, la brutalité et la fantasmagorie).

La clôture se fait avec une énergie « yin » qui rappelle à nouveau à l’intériorité. Une figure féminine accueille l’adolescent victorieux pour lui faire vivre un rituel où il se purifie symboliquement des souillures accumulées sur le sentier et s’identifie à son statut de héros.

Cette pédagogie initiatique, inspirée par les traditions anciennes, peut sembler en décalage avec les temps modernes. Notre expérience montre toutefois à quel point ces épreuves sont bien vécues par les jeunes et leur confèrent, en très peu de temps, une confiance en eux que des approches plus prosaïques et rationnelles sont incapables de susciter. Le bizutage dans les universités d’aujourd’hui constitue assurément un détournement de ces pédagogies initiatiques. Elles se transmettent sous des formes de plus en plus agressives et dénuées de bienveillance parce que la philosophie qui les accompagnait est passée au second plan. Plutôt que de renoncer à ces approches éducatives, nous pensons qu’il est urgent de les revitaliser en interrogeant, à la source, le sens des mythes pour l’évolution humaine.

par Fabien AMOUROUX

  • Le 24 décembre 2020
  • Éducation
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Bouddhisme et stoïcisme Deux réponses atemporelles convergentes pour gérer les époques instables et troublées

Historiquement, dans un monde instable et impermanent, les écoles de philosophie ont cherché des réponses et des solutions pour gérer ces périodes troublées et permettre à l’homme de retrouver une stabilité intérieure. En 2020, face au monde devenu instable, en partie à cause du Coronavirus COVID-19, le bouddhisme et le stoïcisme proposent une voie intérieure convergente.

 

La notion d’impermanence permet de prendre conscience à quel point le monde change tout le temps – on naît, on vit et on meurt –  et sera exprimée de façon philosophique à partir du VIe siècle par des philosophes d’Orient, les bouddhistes et des philosophes d’Occident, les stoïciens. Ces philosophes avaient une conscience très claire que le monde est volatile, incertain, ambigu, complexe (VICA) (1), comme les événements de cette année 2020, à travers la pandémie du virus COVID-19, nous le font découvrir d’une manière forte, choquante, puissante, au niveau planétaire.

Si nous étudions ces deux philosophies, nous nous rendons compte que le bouddhisme et le stoïcisme ont tous deux apporté, dans leur époque instable extérieurement, une réflexion fondée sur la stabilité intérieure et la possibilité de recréer un ordre à l’intérieur de soi-même.

Se construire un rocher intérieur de stabilité

Marc Aurèle, l’empereur philosophe, dans les Pensées pour moi-même (2)  écrit : « Ressembler  au promontoire contre lequel incessamment se brisent les flots. Lui reste debout et, autour de lui, viennent s’assoupir les gonflements de l’onde » (3). Et comme en écho résonne une pensée du Bouddha : « par un vaillant courage, un esprit vigilant, la maîtrise de soi et le renoncement, le sage crée, ô sage, une île qu’aucun flot ne pourra submerger » (4).
C’est l’image du phare, de l’île de stabilité qu’il est possible de construire à l’intérieur de soi. Bouddhistes et stoïciens nous invitent à développer une philosophie qui peut se résumer par ces différents concepts : liberté intérieure ; capacité de compter sur soi-même ; mieux se connaître ; distinguer ce qui est essentiel de ce qui est accessoire et ce qui vaut la peine d’être vécu ; ce pour quoi il faut se battre ou non ; capacité à faire face aux difficultés et à l’adversité à partir de sa propre centralité et de sa force intérieure. En résumé, faire confiance dans nos propres ressources au lieu de toujours dépendre de celles des autres.

Assumer la pratique des enseignements

Lire ces pensées volontairement simples et d’une clarté puissante, est comme parler avec un ami philosophe qui vient nous donner des conseils individuels et universels à la fois.  Il faut y réfléchir et les mettre en pratique.

Épictète (5) dans ses Entretiens, témoigna que déjà à son époque, les apprentis philosophes se plaignaient parce qu’on se moquait d’eux. Il expliqua que c’était normal car lorsque le berger conduit ses moutons dans la prairie et qu’il les ramène le soir dans l’étable, il ne leur demande pas si l’herbe leur a plu. Non, il regarde  la qualité de leur laine et de leur lait, ce qui prouve que l’herbe était bonne. Avec l’enseignement philosophique, c’est identique. Il ne s’agit pas de discourir sur la philosophie, mais de pratiquer l’enseignement. Il faut donc le mâcher, l’avaler, le transformer en action, ce qui prouve qu’on l’a compris.

Une autre parabol, attribuée au Bouddha raconte qu’un guerrier venait de recevoir une flèche ; quand les médecins arrivèrent, avant d’être soigné, le malade commença à demander dans quel angle exact avait été tirée la flèche, de quel bois elle était faite, comment elle avait été construite, dans quel style… Si on commence par investiguer sur toutes les caractéristiques de la flèche, le malade risque de mourir très vite. Il vaut mieux laisser les médecins arracher la flèche et soigner le malade pour qu’il puisse guérir rapidement.

Pour les bouddhistes et les stoïciens, l’urgence n’était pas l’accumulation de connaissances intellectuelles mais la pratique de quelques principes simples. Des pratiques d’ordre mental car le plus difficile à maîtriser en soi-même, c’est l’esprit, qui, comme un cheval fougueux part dans tous les sens.

Parvenir à la maÎtrise de soi

Bouddhisme et stoïcisme proposent deux voies complémentaires : La voie du juste milieu pour le bouddhisme, comment ne pas être un obstacle à soi-même pour le stoïcisme.

Le bouddhisme, « la voie du juste milieu »

L’essentiel de l’enseignement du Bouddha se réfère à la douleur parce qu’il constate que tous les êtres éprouvent une forme d’insatisfaction que se transforme en douleur. Quand la douleur devient durable, elle devient souffrance. Celle-ci nous fait prendre conscience de notre vulnérabilité et nous pousse à nous interroger sur la possibilité de nous en délivrer. Il propose la voie pratique de l’Octuple Noble Sentier (6) : l’éthique, la discipline mentale et la sagesse. Ce sont des pratiques mentales, émotionnelles et corporelles pour se libérer de la souffrance et atteindre un état de bonheur philosophique : observer que la cause de notre souffrance vient de l’attachement à notre égo personnel, mais que nous portons en nous une conscience supérieure qui le regarde agir et peut le maîtriser. Si nous faisons le nécessaire, nous pouvons alors devenir des agents actifs et transformer la situation. Le Bouddha dit : « par soi-même en vérité est fait le mal, par soi-même on est souillé, par soi-même est évité le mal, par soi-même en vérité on est purifié. Pureté et impureté sont personnelles, nul ne peut purifier autrui ». (7)

Devenir responsable de nos actes est la clé de la délivrance de la douleur.

Le stoïcisme, comment ne pas être un obstacle pour soi-même

Les enseignements stoïciens se repartissent en trois disciplines : la physique, la logique et l’éthique et leurs pratiques spirituelles sont l’examen de conscience, la contemplation de la nature, l’usage de la raison (ramener tout aux causes et à une observation neutre de la réalité), la méditation sur la mort et la maîtrise des passions.

Épictète dit : «  [… ] Accuser les autres de ses malheurs, c’est le fait d’un ignorant, les rejeter sur soi c’est commencer à s’instruire, n’en accuser ni les autres, ni soi-même c’est être sage » (8).
Pour les stoïciens, la sagesse consiste à vivre en harmonie avec la nature et le sage est celui qui devient maître de lui-même, puisque la plus grande des libertés est celle de se maîtriser soi-même.
Sénèque (9) dira « obéir à dieux, voilà notre liberté ». Les dieux auxquels il fait allusion sont les lois de la nature. Si nous agissons en harmonie avec ce qui est le meilleur pour nous-mêmes, nous allons extraire une puissance d’être, appelée la vertu. Comment agir en adéquation avec les lois de la nature ? En les investiguant et en les contemplant, d’où la première branche de leur enseignement, la physique : phusis (nature).

L’essentiel de l’enseignement d’Épictète se résume dans cette phrase: « Il y a des choses qui dépendent de nous, il y a des choses qui ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont nos valeurs, nos opinions, nos pensées, notre comportement, donc nos actes, tout ce qu’on peut maîtriser à l’intérieur de nous-mêmes. Ce qui ne dépend pas de nous, ce sont le corps, les biens matériels, la réputation, les dignités et les honneurs, tout ce qui ne dépend pas de nos propres actes mais des circonstances extérieures. » (10)
Il dit :  « Tu n’as pas choisi de naître, comme prince ou comme esclave, mais une fois que le destin t’a mis dans telle ou telle circonstance, ce qu’on attend de toi c’est que tu joues bien le rôle que la vie t’a invité à jouer. » (11) ou encore : « Tu ne dois pas livrer la terre des monstres, parce que tu n’es pas né Hercule ni Thésée, mais tu peux les imiter en te libérant toi-même des monstres formidables que tu portes en toi. En toi, il y a  un lion, un sanglier, une hydre ; essaie de les contrôler. Essaie de maîtriser la douleur, la peur, l’avidité, l’envie, la malignité, la paresse et la gloutonnerie. Et l’unique manière de vaincre ces monstres est d’avoir présent à l’esprit les dieux, leur être fidèles et obéir aveuglement à leurs mandats » (12).

Dans ses Pensées pour moi-même, Marc Aurèle écrit : « Au petit jour, lorsqu’il t’en coûte de t’éveiller, aie cette pensée présente à l’esprit : c’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille. Serai-je donc encore de méchante humeur, si je vais faire ce pour quoi je suis né, et ce en vue de quoi j’ai été mis au monde ? Ou bien ai-je été formé pour rester couché et me tenir au chaud sous mes couvertures ? [… ] Es-tu donc né pour te donner de l’agrément ? Et, somme toute, es-tu fait pour la passivité ou pour l’activité ? » (13). Quand nous nous sentons paresseux mais que la motivation est d’accomplir une bonne action, que celle-ci nous fasse nous lever et accomplir notre œuvre. Une question à se poser chaque matin.

Convergences entre bouddhisme et stoïcisme

Ces philosophies d’Orient et d’Occident nous invitent à élargir la conscience, à sortir de la focalisation sur notre propre souffrance, de notre propre petitesse qui conduit à la victimisation, à la servilité et au sentiment d’impuissance. Si nous pouvons faire quelque chose, de petit ou de grand, nous devons le faire.

Le bouddhisme et le stoïcisme nous poussent à nous poser les questions suivantes : Comment puis-je rendre le monde plus beau, plus juste, plus vrai, plus authentique à travers mon comportement ? Si je cultive mon propre jardin, le monde ne s’en portera que mieux. C’est une volonté de se reprendre en main, de se maîtriser.

Dans ce monde terriblement incertain, confus, où tout part dans tous les sens, nous pouvons nous demander comment agir, même à une petite échelle. Au lieu de protester, de s’indigner, et de manifester, nous pouvons rester positifs et rechercher les initiatives et les actions intéressantes et utiles auxquelles nous pouvons nous associer. Agir selon ce qui est positif en soi, agir pour transformer l’environnement, et en même temps, rester humble et comme le Petit Prince (14), s’occuper de sa propre rose. Si chacun cultivait sa petite rose et avait pour ami un renard, le monde s’en porterait beaucoup mieux. Commençons par agir sur ce qui est à notre portée. Tel est le message des bouddhistes et des stoïciens.

Article réalisé d’après la conférence sur le thème du bouddhisme et du stoïcisme, donnée à Nouvelle Acropole Bordeaux, le 18 septembre 2020
(1) En anglais VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity). Acronyme signifiant Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu. Concept élaboré par l’armée américaine pour étudier les quatre composantes auxquelles sont confrontées les forces armées dans le théâtre d’opérations. Ce concept a été repris et adapté dans le monde des affaires et de la stratégie des entreprises notamment dans le champ de la stratégie des entreprises
(2) Empereur, philosophe et écrivain romain (121-180) auteur de Pensées pour moi-même, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(3) Extrait de Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, Livre IV, (49)
(4) Extrait de Les grands textes du bouddhisme, Pierre Crépon, Éditions Albin Michel, 2016, 352 pages, Les sentences de la Loi, Le Dhammapada / La vigilance, 25
(5) Philosophe de l’école stoïcienne (50- 125 ou 130). Esclave affranchi, auteur des Entretiens et du Manuel, précédé des Pensées pour moi-même, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(6) Voir encadré
(7) Extrait des Paroles d’Orient de Marc de Smedt, Éditions Albin Michel, 2008, 160 pages, Paroles du Bouddha, page 140
(8) Manuel d’Épictète, V, page 185, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(9) Philosophe de l’école stoïcienne (entre 1 et 4 ap. J.-C. – 65), homme d’État romain et auteur d’ouvrages tels que De la colère, De la vie heureuse, De la brièveté de la vie, Lettres à Lucilius et auteur de tragédies en latin comme Médée, Œdipe, Phèdre
Extrait De La vie heureuse, Sénèque, Éditions Mille et une nuit, format poche, 2003, 60 pages
(10) Extrait du Manuel d’Épictète, I, 1, page183, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(11) Manuel d’Épictète, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(12) Ibidem
(13) Extrait de Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, Livre V, (I) page 71, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(14) Œuvre de Antoine de Saint-Exupéry, Éditions Gallimard, 1999, 97 pages

« L’Octuple noble sentier », un sentier de huit pratiques

Peu après avoir atteint l’éveil, le Bouddha prononça à Bénarès un discours contenant l’essentiel de son enseignement : Les Quatre nobles vérités : la souffrance, la cause de la souffrance, la cessation de la souffrance et le chemin menant à la cessation de la souffrance. Ce chemin peut se résumer par l’Octuple noble sentier, sentier constitué de huit étapes successives. Il explique comment avancer sur le chemin de la libération et expérimenter dans cette vie un bonheur stable et durable.
Ces huit pratiques sont regroupées dans trois ensembles :
La sagesse qui regroupe la compréhension juste et la pensée juste
L’éthique avec la parole juste, l’action juste et le mode de vie juste
La discipline mentale qui comprend l’effort juste, l’attention juste et la méditation juste

La sagesse
– La compréhension juste : la compréhension des enseignements.
– La pensée juste : une pensée libre, dépouillée d’avidité, de jalousie, de colère, de haine et de cruauté. Une pensée qui se veut être l’expression du cœur, de la compassion et de la bienveillance.

L’éthique
 – La parole juste : elle consiste avant tout à s’exprimer d’une manière noble, vraie et authentique, tout en évitant de faire souffrir ceux auxquels on s’adresse. Éviter de dire des mensonges, de calomnier, de parler de façon haineuse, grossière, de prononcer des paroles frivoles ou futiles
– L’action juste : c’est l’action qui nous fait agir dans le respect de l’autre et de soi-même, en évitant de créer de la souffrance tant pour soi que pour l’autre. S’abstenir de tuer, de voler, de mentir, de se conduire de façon illégitime (au niveau sexuel) et s’abstenir de produits addictifs (alcool, drogue,…).
– Le mode de vie juste : il relève de l’activité professionnelle mais aussi de la vie sociale et des relations aux autres. Éviter les professions qui sont cause de souffrance pour tous les êtres vivants, qui provoquent de la pollution, qui sont toxiques, dangereuses, le commerce des armes, de drogues, de produits néfastes pour la santé.

La discipline mentale
– L’effort juste : c’est l’effort de travailler sur soi-même afin de devenir meilleur et d’éviter la souffrance. Il y a aussi l’effort qui consiste à pratiquer avec les autres, en s’efforçant de créer ensemble les conditions d’une pratique, qui permette d’avancer ensemble sur la voie.
– L’attention juste : Également appelée « pleine conscience », elle consiste à être pleinement présent, ici et maintenant, être attentif à son corps et à sa respiration, aux sensations, agréables, désagréables ou neutres, sans les fuir ni vouloir les retenir mais en les laissant nous traverser simplement. Être attentif à nos états d’esprit afin que l’engagement dans l’action se fasse en conscience.
– La méditation juste : c’est la pratique de la concentration qui est la source de toute pratique bouddhiste. La méditation juste se caractérise, entre autre, par
. l’abandon des trois poisons qui sont l’ignorance, l’avidité et la colère, puis, de tous les états néfastes et états conditionnés,
. un retour à l’instant présent,
. un détachement face au mental et aux pensées,
. l’abandon de la conscience personnelle.

À lire : Vie et enseignements de Bouddha, Jorge A. Livraga, et Laura Winckler, Éditions Nouvelle Acropole, 2005, 112 pages
 par Laura WINCKLER

 

  • Le 29 octobre 2020
  • Philosophie
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