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Tag Archives : Sagesse

Les arbres, maîtres de vie ?

« Depuis plusieurs siècles, sauf à de rares exceptions, la philosophie ne contemple plus la Nature : le droit de s’occuper et de parler du monde, des choses et des vivants non humains, revient principalement et exclusivement à d’autres disciplines », nous rappelle Emmanuele Coccia, auteur de l’excellent essai philosophique, La vie des plantes, une métaphysique du mélange (1).

Au cours des derniers siècles, le refus de reconnaître toute dignité philosophique à la Nature et au Cosmos, nous a conduits à l’anthropocentrisme.
Comment imaginer alors que des êtres, privés d’yeux, de nez et d’oreilles puissent posséder la vue, l’odorat et l’ouïe ? Selon les récentes recherches, c’est le cas des arbres.

Le botaniste italien Stefano Mancuso (2) nous assène, tout en douceur, une blessure narcissique équivalente à celle qu’ont provoquée jadis Copernic, Darwin ou Freud. C’est notre arrogance et les temps longs des végétaux qui nous empêchent de reconnaître l’intelligence des plantes.
Parce que les plantes sont immobiles, qu’elles n’ont pas d’organe individualisé comme le cerveau ou le cœur, que leur développement est lent, qu’aucune de leurs parties n’est irremplaçable, les végétaux nous sont toujours apparus comme étrangers à nous-mêmes, nous faisant oublier que nous sommes vivants.

Si l’intelligence est définie comme la capacité à résoudre des problèmes, alors les plantes sont intelligentes.
Stefano Mancuso explique que « les acquis récents de la biologie végétale permettent de voir aujourd’hui en elle des organismes dotés d’une faculté bien établie d’acquérir, d’emmagasiner, de partager, d’élaborer et d’utiliser les informations tirées de leur environnement ».
Preuve à l’appui : si on couvre de plastique noir certains arbres de la forêt, empêchant leur accès à la lumière et donc à la photosynthèse, ce qui est spectaculaire est que ces arbres ne périssent pas. Ils sont alimentés et connectés par le réseau des racines et des champignons qui leur permettent de recevoir les nutriments dont ils ont besoin.

Les plantes ont évolué de façon à synthétiser leurs fonctions sur un seul espace.
Elles n’ont pas d’organes de la vue comme les yeux mais sont pourvues d’une multitude de photorécepteurs hyper-sophistiqués qui distinguent toutes les longueurs d’onde de la lumière. Même les racines en possèdent et sont sensibles à la lumière pour la fuir. Ainsi les plantes voient. Les plantes émettent des messages volatils pour alerter leurs congénères d’un danger. Attaquée par un insecte herbivore, une plante exhalera aussitôt des molécules pour informer les plantes avoisinantes afin qu’elles parent au danger. Les plantes produiront ainsi des molécules chimiques susceptibles de rendre leurs feuilles indigestes voire vénéneuses pour l’agresseur. C’est le cas des acacias pour se protéger des girafes.
Les plantes sentent et utilisent donc des parfums comme messagers. Même si elles n’ont pas d’oreilles, elles sont capables d’entendre et d’utiliser la terre au lieu de l’air comme vecteur de son. Les vibrations sonores sont captées par les multitudes de cellules de la plantes dotées de canaux mécano-sensibles. Ainsi, les racines sont guidées par ce son imperceptible sous terre et peuvent organiser harmonieusement leur progression.

Ce sont les arbres qui ont transformé la surface de la Terre, les paysages que nous connaissons, ainsi que l’atmosphère dans laquelle nous vivons. La science a montré que sans forêt, il n’y aurait plus de vie sur Terre.

Cette intelligence végétale qui se construit dans un rythme lent, produit des effets bienfaisants chez les êtres humains. Des récentes études américaines attestent des effets positifs de l’observation des arbres sur le cerveau et le corps.
Le biologiste Jacques Tassin (3) suggère que l’homme, qui n’a cessé de vouloir mettre de l’ordre dans la Nature, pourrait maintenant s’inspirer des arbres pour remettre de l’ordre dans sa vie.

Eryck de Rubercy (4) explique que les arbres procèdent à « un ajustement des sens ». L’arbre rend contemplatif. Il donne également matière à méditer. Il est un miroir pour l’homme, qui partage avec lui la station verticale. Dans toutes les civilisations qui nous ont précédés, il est le symbole par excellence de la sagesse et de la vie et le résumé du monde. Par ses branches, il se relie au ciel, par ses racines au mystère des profondeurs de la Terre et par son tronc, il devient le médiateur entre les mondes.

Profitons de cet été pour méditer et nous inspirer auprès des arbres et partager cette intelligence qui nous délivre des limitations de la petitesse humaine.

(1) La vie des plantes, une métaphysique du mélange, Emmanuele COCCIA, Éditions Bibliothèques Rivages, 2016,
191 pages, 18 €
(2) L’intelligence des Plantes, Stefano MANCUSO, Alessandra VIOLA, traduit par Renaud TEMPERINI,
Éditions Albin Michel, 2018, 190 pages, 18 €. Stefano MANCUSO est le fondateur de la neurobiologie végétale
(3) Auteur aux Éditions Odile Jacob, de  À quoi pensent les plantes ?,  2016, 155 pages, 19, 90 € et plus récemment de Penser comme un arbre, 2018, 144 pages, 16, 90 €
(4) Auteur de La matière des arbres, illustré par Guy de RUBERCY, Éditions Klincksieck, Collection De Natura Rerum, 2018, 298 pages, 17,50 €
À lire
La vie secrète des plantes, ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent
Peter WOHLLEBEN, Éditions Les Arènes, 2017, 260 pages, 20,90 €
Par Fernand SCHWARZ
Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

 

  • Le 30 juin 2018
  • Editorial
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Le symbolisme du Lotus

On voit souvent les divinités hindoues ou les diverses formes de Bouddha sur des fleurs de lotus épanouies

Le lotus est une fleur mais il est bien plus que cela. On le retrouve dans toutes les traditions orientales comme étant l’expression du sacré et du spirituel. Partons à sa découverte.

On voit souvent les divinités hindoues ou les diverses formes de Bouddha sur des fleurs de lotus épanouies

On voit souvent les divinités hindoues ou les diverses formes de Bouddha sur des fleurs de lotus épanouies

On voit souvent les divinités hindoues ou les diverses formes de Bouddha sur des fleurs de lotus épanouies. Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Cette fleur qui s’ouvre le matin aux premiers rayons du Soleil et se ferme le soir, participe du mystère de la création dans sa respiration journalière. Elle fut très riche en significations en Orient, mais on la trouve également en Egypte et transformée en lys des eaux ou nénuphar, elle deviendra également un symbole de pureté en Occident.

De la création du monde à la sagesse et à la pureté

Dans l’iconographie de l’hindouisme et par la suite du bouddhisme qui le transmet à travers la Chine, le Japon, le Tibet et tout l’Extrême Orient, nous verrons de merveilleuses représentations de lotus à riches significations.

Dans la tradition hindoue, la création du monde est associée au Lotus : « C’est du Padma-Yoni— « le sein du lotus » — de l’Espace absolu ou de l’Univers, hors du temps et de l’espace, qu’émane le cosmos conditionné et limité par le temps et l’espace. L’Hiranya Garbha, « l’œuf » (ou la matrice) d’or, d’où surgit Brahmâ est nommé souvent le Lotus céleste. Le dieu Vishnou, la synthèse du Trimurtiou la trinité hindoue, flotte, assoupi, pendant les « nuits de Brahmâ », sur les eaux primordiales, étendu sur une fleur de lotus (1).

Les bouddhistes célèbrent la fête de Wesak, lors de la pleine lune de mai. Elle est associée à l’épanouissement du Lotus blanc, symbole de la plus haute sagesse et pureté. La tradition dit que ce jour-là, des Êtres spirituels qui veillent sur l’évolution de l’humanité se penchent sur les Instructeurs les plus sages de l’humanité pour demander si l’humanité est prête à se libérer de l’ignorance, de la peur, de la haine et de l’égoïsme. Face à la réponse négative, ils donnent à l’humanité une année de plus pour continuer sa purification et sa montée vers la sagesse.
C’est aussi autour de la pleine lune de mai ou du 8 mai que l’on célèbre la naissance, l’illumination et l’extinction du Bouddha Sakyamuni, le Bouddha historique dont la vie synthétise toutes les étapes de l’évolution de la conscience humaine depuis l’ignorance jusqu’à la libération ou passage dans le Nirvana, auquel il renonce pour continuer à aider tous les êtres à atteindre la libération.

Le double pouvoir créateur dans la nature

La floraison du lotus représente l'être complètement accompli.

La floraison du lotus représente l’être complètement accompli.

« En Inde, Padma, le nénuphar, est une des images qui symbolise le Double pouvoir créateur dans la nature (la matière et la force sur le plan matériel). Le Lotus est le produit de la chaleur (le feu) et de l’eau (la vapeur ou l’Éther) ; le feu représente dans tous les systèmes philosophiques et religieux l’Esprit de la Déité, le principe générateur actif, mâle ; et l’Éther, ou l’Âme de la matière, la lumière du feu, est le principe féminin passif, d’où tout a émané dans cet Univers. Ainsi, l’Éther ou l’Eau est la Mère, et le Feu est le Père. Sir W. Jones (et avant lui la botanique primitive) a montré que les graines du Lotus contiennent – avant même leur germination – les feuilles parfaitement formées, la forme miniature de ce qui deviendra un jour, des plantes parfaites : la nature nous donne ainsi un spécimen de la préformation de sa production […]. Le Lotus, ou Padma, est un symbole très ancien et une illustration imagée du Cosmos et de l’homme. Parmi les raisons courantes qui en sont données il y a, en premier, l’idée qui vient d’être mentionnée que la graine du Lotus contient en elle-même, la miniature parfaite de la plante future, ce qui symbolise le fait que les prototypes spirituels de toutes choses existent dans le monde immatériel avant de se matérialiser sur Terre ; deuxièmement, le fait que la plante du Lotus croît dans l’eau, ayant ses racines dans l’ilus, ou la vase, et épanouit sa fleur dans l’air, au-dessus de l’eau. Le Lotus symbolise ainsi la vie de l’homme et également celle du Cosmos ; car la Doctrine Secrète(2) enseigne que tous deux sont faits des mêmes éléments, et que tous deux ont une même ligne de développement. La racine du Lotus qui plonge dans la vase représente la vie matérielle ; la tige qui remonte dans l’eau caractérise l’existence dans le monde astral, (psychique) et la fleur, qui flotte sur l’eau et s’ouvre vers le ciel, symbolise l’état spirituel » (3).

La floraison du lotus dépeint l’être qui a quitté les profondeurs des eaux obscures pour la pleine clarté de la lumière du jour, l’être totalement accompli. Le Bouddha est souvent représenté assis au centre d’un lotus à huit pétales.

Le calice de la fleur représente le réceptacle contenant tout à l’état indifférencié et où se déverse le Principe immuable. Les pétales de la fleur expriment l’épanouissement de la manifestation de toute chose et de tout être selon les huit directions cardinales et intermédiaires symbolisées par les (huit) rayons de la roue cosmique ou les (huit) directions de la rose des vents. Cette représentation évoque aussi celles de la rose et du lys, deux symboles apparentés au lotus en Occident.

Se mouvoir du centre immobile vers la périphérie de la roue en mouvement signifie se manifester au monde. Inversement, revenir de la périphérie agitée au centre fixe et non manifesté témoigne du retour vers l’état premier de l’être, l’état primordial, l’unité du monde.

Les diverses traditions ne font qu’illustrer ce sens symbolique sous des formes variées.

(1)H.P. Blavatsky, La légende du Lotus bleu
(2) H.P. Blavatsky, Doctrine secrèteen 6 volumes, Éditions Adyar
(3) H.P. Blavatsky, The Secret Doctrine, vol. I, pp. 57-8, édition originale anglaise
Par Laura WINCKLER

  • Le 2 mai 2018
  • Symbolisme
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La magie des relations humaines, deuxième niveau de la magie

Semataouy ou la ligature des deux Égypte, étymologiquement celui qui réunit les deux terres.

Dans le premier article, nous avons vu qu’avec le premier niveau de la magie « la magie des sens », la Nature se jouait de nous en troublant notre mode de perception de la réalité. Aujourd’hui, avec le deuxième niveau de la magie nous allons découvrir une manière de nous étonner autrement.

La Nature, en se jouant de nos cinq sens, provoque chez nous des interprétations déformées du vivant, qui créent des leurres et nous font croire en des choses qui ne sont pas.

La Nature se jouait de nous en troublant notre mode de perception de la réalité.

La Nature se jouait de nous en troublant notre mode de perception de la réalité.

Cette réalité protéiforme, produite par la duperie de la Nature sur notre monde sensoriel, donne naissance à un véritable palais des glaces où chaque image se renvoie une fausse image d’elle-même. Nous sommes en plein simulacre, dans le labyrinthe des images inversées, le pays des apparences, le monde des ombres dont parle Platon dans le mythe de la caverne.

Ici, s’érige une réalité construite sur les faux-semblants. Là, le Réel se voile de nos préjugés, de nos idées toutes faites, de nos fausses croyances. En clair, nous vivons en pleine illusion. Nous vivons, dans la Maya (1) dont la philosophie orientale nous invite à nous libérer. Nous logeons dans la caverne dont la philosophie occidentale nous incite à nous y extraire. Pour y arriver, il faut s’ouvrir à une autre réalité. Le magicien peut nous y aider. Comment ?

 Le rôle du magicien, un passeur

C’est au sein de cette ambiance, dictée par la croyance de ce que nos sens nous montrent, que le magicien (prestidigitateur) opère. Dans cette atmosphère de trompe-l’œil, tel un escamoteur (2) il se dresse en maître incontesté. Le magicien se joue de nous, comme la Nature le fait quand nous ne réfléchissons pas à ce qu’elle nous montre.

L'escamoteur de Jérome Bosch se dresse en maître incontesté.

L’escamoteur de Jérome Bosch se dresse en maître incontesté.

Par contre, il se distingue des usurpateurs à la morale douteuse. Ceux-ci connaissent les rouages de ce monde fait d’illusions et se jouent de nos cinq sens en détournant notre attention pour des fins inavouées. Ils agissent en vrais contrefacteurs. Ils profitent de notre incrédulité et de notre difficulté à discerner pour clamer de fausses vérités.

Aussi, si le magicien est escamoteur de nos cinq sens, il n’est pas un usurpateur car sa morale n’est pas en jeu. En s’amusant avec nous dans un consentement mutuel, il agit aussi comme un avertisseur d’illusions et d’abus que nous pourrions en faire. Ses intentions n’ont qu’un seul souhait, éveiller en nous l’âme de l’enfant qui sourit à la vie (comme l’enfant de l’Escamoteur, seul personnage qui tourne le dos au magicien). Il déroute nos sens mais dans un seul but, provoquer en nous un étonnement et un émerveillement, afin de nous rappeler à la magie de la vie et à sa providence. Sa morale ne lui fait pas défaut. Il joue un rôle de passeur. Il nous éveille à l’indicible. Il nous incite à chercher une autre magie, au-delà du monde de l’apparence. Il nous élève au rang du deuxième niveau de la magie, où la pratique de l’escamotage n’a plus sa place et où lui-même il perd ses galons de magicien de l’apparence.

À partir de maintenant ce n’est plus une question de technique mais d’authenticité de cœur. C’est l’invisible qui se met en jeu : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » dit le renard au « Petit Prince » (3). C’est la magie des sentiments, des intentions, des pensées purifiées, garantie par une morale qui s’allège du mensonge et des illusions. Elle est accessible à tous mais demande un préalable, la volonté de devenir meilleur.

Le deuxième niveau de la magie

Rappelons-nous la définition du mot magie. Il vient du perse ou la racine mag – magus qui signifie « science, sagesse ». La magie est donc une quête de sagesse.

Dans le deuxième niveau de la magie, fini les tours de passe-passe. L’étonnement doit surgir autrement. C’est la magie des liens et des conséquences qu’ils provoquent en nous et à travers nous.
« La grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir les hommes : il n’est qu’un luxe véritable, et c’est celui des relations humaines » Saint-Exupéry (4).

 

 

Eros, avec ses ailes, vient nous frapper et nous éveiller à sa force de cohésion.

Eros, avec ses ailes, vient nous frapper et nous éveiller à sa force de cohésion.

Avec le deuxième niveau de la magie, l’homme n’est plus défini comme une somme de hasards. Au contraire, il cherche sens et orientation. Il sent une unité s’exprimer en lui et autour de lui. « Il découvre qu’il n’est pas un élément perdu dans les solitudes cosmiques, mais que c’est une volonté universelle qui converge et s’harmonise en lui ». Teilhard de Chardin (5).
Ici, la confiance de notre cœur doit l’emporter sur les méfiances de nos peurs. On y apprend à marier le monde. « Faire de la magie n’est autre chose que marier le monde » dit Pic de la Mirandole (1463-1494), grand philosophe et théologien de la Renaissance. Marier le monde, quelle beauté ! C’est sentir l’interdépendance qui anime le Micro et Macro bios et la responsabilité qui va avec. « L’histoire de l’univers c’est notre histoire car nous sommes tous des poussières d’étoiles » dit Trinh Xuan Thuan.
À ce niveau de la magie, plus rien ne vit isolé, tout est relié. C’est une beauté de sens qui se met en place. Ce qui nous apparaissait séparé retrouve son unité par une force d’attraction qui semble exister depuis la nuit des temps.

À son sujet, laissons parler le grand poète et philosophe de la Renaissance Marsile Ficin (1433-1499), directeur de l’académie platonicienne de Florence. « L’opération de la magie est l’attraction d’une chose par une autre en vertu d’une affinité naturelle… Ainsi, l’aimant attire le fer… Les œuvres de la magie sont donc des œuvres de nature (naturelle)… Et la Nature est appelée magicienne en vertu de cet Amour réciproque… Toute la puissance de la magie réside dans l’Amour ».

Eros, avec ses ailes vient nous frapper et nous éveiller à sa force de cohésion. Elle prend place et lieu avec la magie des correspondances. Grace à elle, l’Homme peut établir des liens, des ponts, entre ce qui semble s’opposer, entre le visible et l’invisible, entre le Ciel et la Terre. Il s’ouvre à l’indicible, a un langage qui dépasse le narratif et l’analytique. Il s’éveille à l’intelligence symbolique, à la pensée analogique et à une nouvelle logique, celle des complémentaires, la logique du ET. « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; ce qui est en bas est comme ce qui est en haut mais à l’envers », deuxième loi du Kybalion, principe hermétique égyptien.
Devant Eros s’ouvre un monde de reliance où les contraires sont unifiés, où les opposés s’attirent et s’harmonisent, où la dualité trouve son unité. Un voile se lève, un autre regard sur le monde prend lumière. « La magie est aimant qui attire les influx sidéraux, un moteur qui donne vie et esprit. Tout a un corps astral, une âme, un potentiel de lien » dit Paracelse médecin philosophe de la Renaissance (1493-1541).
En levant ces voiles, l’Homme vient de naître au pays de la concorde qui vibre sous un seul cœur qui bat en une seule fraternité. « L’homme n’est qu’un nœud de relations. Les relations comptent seules pour l’homme » Saint-Exupéry (6).

Semataouy ou la ligature des deux Égypte, étymologiquement celui qui réunit les deux terres.

Semataouy ou la ligature des deux Égypte, étymologiquement celui qui réunit les deux terres.

Ce nœud de relation est déjà présent en Egypte ancienne avec le symbole mythique du Semataouy ou la ligature des deux Égypte, étymologiquement celui qui réunit les deux terres

La preuve est faite : la magie du deuxième niveau est une magie de lien, d’harmonie, d’interdépendance, de concordance, de mise en relation, d’amour. On ne peut plus tricher car on joue avec les sentiments humains et leur esprit de concorde.

Outre le Semataouy, les symboles du deuxième niveau de la magie sont multiples.

 

L’Ankh ou la clef de vie égyptienne.

L’Ankh ou la clef de vie égyptienne.

Nous pouvons retenir, l’arbre de vie, l’Ankh ou la clef de vie égyptienne qui plus tard deviendra le symbole de la planète Vénus et des énergies féminines de la vie, le crochet Heka qui veut dire magie et qui accompagne le pharaon, le métier à tisser qui tisse les relations, l’union des deux mains, le cœur qui bat pour insuffler la vie, la tresse à trois nœuds, symbole hiéroglyphique de Heka la magie, mais aussi la corde à trois nœuds symboles des trois mondes humains chez les pythagoriciens, les platoniciens, et les philosophes de la renaissance. « Un esprit cosmique (Spiritus mundi), intermédiaire entre l’Âme du monde (Anima mundi) et le corps du monde (Corpus mundi) vivifie tout ; le mage peut attirer cet esprit » dit Marsile Ficin (1433-1499)

 Le reflet du deuxième niveau de la magie dans le monde d’aujourd’hui

Des sciences sont le reflet de cette magie des liens : l’astrophysique et ses lois d’interdépendance, l’écologie et le principe de coresponsabilité qui en découle, la physique quantique et le monde ondulatoire, la théorie du chaos et l’effet papillon exprimée par Edward Lorenz (7) en 1972, la psycho-physique et l’étude de la synchronicité définie par C.G. Jung et le génie de la physique Wolfang Pauli (8), la psychologie Jungienne et sa pensée « L’individuation n’exclut pas l’univers, elle l’inclut », l’astrologie qui nous place face aux correspondances entre le ciel et la terre…

Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ?

Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ?

Dans la vie humaine cette magie du deuxième niveau se reflète par le principe d’amitié, de fraternité, d’union, de solidarité, d’empathie, de mariage, de compénétration. On se laisse apprivoiser.
Ce niveau de la magie qui nous unit, nous relie, apparaît dans la poésie, la musique, les arts, les relations humaines dans la vie sociale et citoyenne.
Trois films l’ont mise en scène, Le prestige de Christopher Nolan (9), Les Insaisissables de Louis Letterrier (10) et Magic in the Moonlight de Woody Allen (11).
Ce niveau de la magie nous fait gravir une marche de plus vers la quête de la sagesse. Il nous demande d’être vrai, de sortir de nos zones de mensonge. Nous y mettons en jeu les sentiments humains, la confiance. Ce n’est plus une magie d’artifice mais d’engagement moral et de quête d’authenticité. Elle s’adresse à tout le monde. Elle tisse le substrat sur lequel nous allons pouvoir bâtir la troisième marche qui conduit au troisième niveau de la magie, la magie du mystère, source du prochain article.

La goutte est dans l’océan, l’océan est dans la goutte.

La goutte est dans l’océan, l’océan est dans la goutte.

Laissons le dernier mot aux peuples premiers qui n’ont jamais cessé de respecter cette forme de magie.« Quand la terre est triste les rivières débordent ».

Tout est vivant, tout est relié, rien de vit isolé, tout ne fait qu’un : « La goutte est dans l’océan, l’océan est dans la goutte ».
Élevons notre cœur et la magie des liens résonnera en nous et nous la sentirons dans l’âme de la Beauté, dans les forces de l’Amour. « Vous devez perdre votre cœur et le chercher dans toutes les directions. Quand vous le retrouverez-vous serez qu’il est le cœur de toutes choses. »  dit Sri Ram.

La magie du deuxième niveau conduit à la voie du cœur. Ayons le courage de suivre ses pas…

(1) Illusion avec apparence de la réalité dans la philosophie hindoue
(2) Tableau de Jérôme Bosch, lire premier article, Redécouvrir la magie, le premier niveau de magie, la magie des sens  paru dans la revue Acropolis n°293, février 2018
(3) Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Éditions Gallimard, 120 pages, 2007
(4) Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, Éditions Livre de Poche, 1972, 181 pages
(5) Pierre Teilhard de Chardin, Le phénomène humain, Éditions Points, Collection Sagesse , 2007, 320 pages
(6) Antoine de Saint-Exupéry, Pilote de Guerre, Éditions Gallimard, 1972, 221 pages
(7) Edward Norton Lorenz (1917-2008), scientifique américain, météorologue. Par le biais de l’ordinateur il découvrit l’effet papillon : « Le battement d’aile d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ? ». Il mit en évidence le caractère vraisemblablement chaotique de la météorologie
(8) Wolfgang Ernst Pauli (1900-1958), physicien autrichien connu pour le principe d’exclusion en mécanique quantique. À partir de son activité scientifique, il voulait comprendre comment toute connaissance est possible, quelle est la nature de l’interaction entre la conscience et le réel, comment penser l’unité de la matière et de l’esprit
(9) Le Prestige, film américano-britannique de Christopher Nolan, 2006. Deux prestidigitateurs britanniques de la fin du XIXe siècle sont engagés dans une dramatique rivalité.
(10) Les Insaisissables, film policier américain de Louis Letterrier, 2013. L’histoire dequatre prestigieux magiciens réputés pour distribuer de l’argent à la fin de chacun de leur spectacle, et le combat des forces de l’ordre pour les arrêter.
(11) Magic in the Moonlight, comédie américaine de Woody Allen, 2014. Le prestidigitateur chinois Wei Ling Soo (nom de scène de Stanley Crawford ) tente de démasquer une prétendue médium qui affirme prédire l’avenir
Par Olivier LARRÈGLE

  • Le 28 février 2018
  • Philosophie
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