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Tag Archives : Platon

La cyclicité de l’Univers de Roger Penrose, quand la science et la spiritualité se rejoignent

Le 6 octobre 2020, le prix Nobel de physique a été décerné au Britannique Roger Penrose, à l’Allemand Reinhard Genzel et à l’Américaine Andrea Ghez pour leurs travaux sur les trous noirs. Roger Penrose défend une théorie selon laquelle, l’Univers dans lequel nous évoluons ne serait ni le premier ni le dernier, ce que confirment les enseignements anciens védiques.

C’est en partant des travaux sur les trous noirs super massifs que Roger Penrose a défini sa théorie.

Qu’est-ce qu’un trou noir ?

Un trou noir est une région de l’espace où s’accumule une très grande quantité de matière. Sa masse est de l’ordre d’un million de masses solaires. Mais on peut imaginer un trou noir avec une masse dix fois plus grande que notre Soleil, qui serait contenue dans une sphère dont le diamètre serait équivalent à celui de la ville de New York.
Un trou noir possède un champ gravitationnel si intense, qu’aucune matière ni lumière qui y pénètre ne peut plus en ressortir. C’est pourquoi, les trous noirs sont quasiment invisibles et difficiles à détecter même avec des télescopes hyper puissants. On repère leur présence par leur « signature » marquée par des jets de gaz, un rayonnement électromagnétique et des éclairs de rayon gamma. Mais, avant d’être avalée, la matière qui est comprimée et chauffée à de très hautes températures, se met à briller et forme un disque d’accrétion (1). Pendant longtemps, l’aspect des trous noirs ne pouvait être représenté que par des formules mathématiques et des simulations numériques.

Roger Penrose a plus particulièrement travaillé sur les trous noirs super massifs (TNSM) dont les masses sont de l’ordre de quarante milliards de masses solaires ou plus. Ils se trouvent au centre de galaxies massives (2).

Y aurait-il quelque chose avant le Big Bang ?

Roger Penrose énonce la théorie (dont l’étude a été commencée il y a sept ans) selon laquelle l’univers dans lequel nous évoluons ne serait ni le premier ni le dernier. Cela revient à dire que le Big Bang, explosion survenue il y a environ quinze milliards d’années, à l’origine de notre univers (temps, espace et matière) ne serait pas le premier à s’être produit.
Roger Penrose explique que depuis sa création, l’univers est en expansion permanente, du fait de son contenu en énergie noire. Et, selon lui, il continuera de dilater jusqu’à ce que toute la matière qu’il contient se désintègre, laissant place à un tout nouvel univers. Il y aurait donc et il y aura une succession de Big Bangs, qu’il appelle Aeon (en grec ancien, signifie « nouvel âge » mais également « pour l’éternité »), soit une série illimitée d’autres univers.
Cette théorie est la théorie de la cosmologie conforme cyclique (CCC).

Des trous noirs massifs ayant survécu à la destruction d’un univers avant le « Big Bang »

Roger Penrose s’appuie sur une étude parue en 2018, les points de Hawking (3), dans laquelle plusieurs scientifiques de renom et lui-même indiquaient que des formes tourbillonnantes observées dans le ciel et visibles dans le rayonnement fossile, – la plus vieille lumière de l’Univers observable –  témoigneraient de l’évaporation de trous noirs supermassifs (4) ayant survécu à la destruction d’un univers avant le Big Bang, dans un monde qui aurait précédé le nôtre. Il explique que les ondes gravitationnelles émises à l’infini, causées par la fusion  de trous noirs massifs, lors de dernières collisions entre galaxies, iraient traverser le Big Bang suivant dans un futur lointain, et se retrouver dans le nouveau cycle. Ces ondes devraient alors produire une signature très particulière dans le rayonnement fossile. Mais leur signal est difficile à détecter car il serait plus faible et plus difficile à mettre en évidence. Les chercheurs planckiens ne l’ont pas trouvé et Roger Penrose pense l’avoir repéré avec le rayonnement chauffant de la matière ou de la lumière absorbée par les trous noirs.

Selon Roger Penrose, dans un futur lointain, la température du rayonnement fossile va continuer de décroître en tendant vers le zéro absolu. Les trous noirs supermassifs commenceront à s’évaporer par rayonnement Hawking, sous forme de photons, particules sans masse, rayonnés vers l’infini. Ce rayonnement se retrouvera concentré dans des régions du nouvel espace-temps, créant des sortes de points plus lumineux dans le rayonnement fossile actuel, baptisés « points de Hawking ».

Une cosmologie cyclique, sans début ni fin

Roger Penrose suppose que dans un futur très éloigné, le contenu de l’univers en particules deviendrait sans masse et le temps ne compterait plus pour elles. Alors, l’univers en expansion se changerait en contraction vers une densité infinie, toujours dans un espace-temps plat et infini. Un nouveau Big Bang pourrait alors se produire conduisant donc vers une cosmologie cyclique, sans début ni fin.

Cette étrange théorie scientifique ne va pas sans rappeler la cosmologie hindouiste, qu’ Helena Petrovna Blavatsky a dévoilé dans son tome I de la Doctrine Secrète (5) selon laquelle l’Univers serait cyclique avec l’alternance de période d’activité (Manvantara) et de repos (Pralaya). Elle fonde ses allégations sur les enseignements anciens védiques d’Inde.

Au départ l’Univers est une matière primordiale précosmique, au repos contenu dans un principe Un éternel. Au sein de cette matière, un germe s’anime, traversé par un rayon d’énergie (Fohat) (équivalent au Big Bang) et l’Univers précosmique entre en mouvement. Un programme de vie se déploie alors. La matière se différencie et s’organise avec les premiers atomes d’hydrogène, d’hélium et de lithium et ensuite d’autres éléments par combinaisons. Diffuse au départ, la matière cosmique se condense en tourbillon de feu, première étape de formation de nébuleuses, galaxies et ensuite de planètes. L’Univers entre en expansion pour arriver à l’Univers que nous connaissons aujourd’hui. Puis, dans un temps très lointain, hors de portée humaine, l’univers commencera à se contracter (théorie du Big Crunch), pour se rassembler sur lui-même en un point, principe Un et éternel, dans une matière primordiale qui rentrera dans une période de repos. Après cette période de repos, il y aura la naissance d’un nouvel univers, ayant thésaurisé l’expérience précédente et avec une nouvelle expérience de vie à accomplir.

Les « jours et les nuits » de Brahma

Les enseignements védiques anciens considéraient que la vie était une succession de vastes cycles qui se répétaient à l’éternité. Ces cycles incluant de petits cycles comme le cycle annuel et de grands cycles.
Dans la cosmogonie hindoue, Brahma apparaît dans une fleur de lotus et crée le monde chacun de ses jours, et le réintègre en lui chacune de ses nuits, dans un cycle d’inspiration et d’expiration. Chaque jour de Brahma commence par un Big Bang, et se termine par un Big Crunch. Sa vie durerait 36 000 jours (soit cent années), chaque jour équivalant à 311,04 trillions (311 040 000 000 000 ) d’années humaines. Au bout de ce long cycle, l’univers se résorbera dans « l’ esprit du monde éternel » et un nouveau créateur commencera un cycle de création.

La théorie hindoue des « yugas »

Dans le Mahabharata (6), les hindous abordent la notion de cyclicité de l’Univers à travers la notion de quatre grands cycles (Yugas) de durée variable (du plus long au plus court).
Pour le calcul, il faut se baser sur la plus petite unité qui est le Yuga (soit 432.000 années humaines).
Voici les quatre yugas :
– Krita Yuga ou âge d’or            : 4 X 432.000 ans      soit 17.728.000 ans
– Treta Yuga ou âge d’argent     : 3 X 432.000 ans     soit 1.296.000 ans
– Dvapara Yuga ou âge de cuivre  : 2 X 432.000 ans  soit    864.000 ans
– Kali Yuga ou âge de fer                : 1 X432.000 ans   soit    432.000 ans

Mahayuga (les 4 Yugas) (4 + 3 + 2 + 1)     : 10 X 432.000 ans     soit 4.320 000 ans

À la fin de ces cycles, l’univers se résorberait complètement.

La grande Année platonicienne

Plus proche de nous, Platon dans son dialogue Le Timée, aborde également la cyclicité de l’univers, en se basant sur la grande année cosmique, de 25 920 ans, selon laquelle, la Terre exerce une rotation autour du Soleil et autour d’elle-même. Elle décrit un cône dont un tour complet de 360° est effectué en environ 25 920 ans. L’axe de rotation de la Terre se déplace d’un degré tous les 72 ans, soit pour un cycle complet de 360°, 360 X 72 = 25 920 ans.
Platon dans le Timée dit : « Le nombre parfait du temps marque l’accomplissement de l’année parfaite, chaque fois que les vitesses relatives associées à chacune des huit révolutions connaissent leur couronnement, lorsqu’elles se retrouvent mesurées par le cercle du Même. »  (Timee 38d)
Chaque planète (Lune, Soleil, Vénus, Mercure, Mars, Jupiter, Saturne) effectue sa révolution en un temps différent, mais il y a un temps commun, la Grande Année (25 920 ans), au bout de laquelle les corps célestes reviennent à leurs situations initiales.

Ainsi la théorie de cyclicité de l’Univers, émise par Roger Penrose prend tout son sens au regard des conceptions antiques de la cosmologie. Science et spiritualité se rejoindraient-elles ?

(1) Désigne la constitution et l’accroissement d’un corps, d’une structure ou d’un objet par apport ou agglomération de matière, d’un disque de gaz ou de poussière, en surface ou en périphérie d’un astre, d’un trou noir
(2) Les trous noirs super massifs se trouvent notamment dans des galaxies massives. Notamment Sagittarius A, au centre de la Voie Lactée et M87, localisé au centre de la galaxie elliptique M87
(4) Étude dédiée au physicien et cosmologiste britannique Stephen Hawking, décédé en 2018
(5) Ouvrage de Helena Petrovna Blavatsky en six tomes publiés aux Éditions Adyar.
Helena Petrovna Blavatsky (1831-1881) a fondé la société Théosophique. Elle est également l’auteur de Isis dévoilée en deux tomes
(6) Épopée sanscrite de la mythologie hindoue, l’un des deux grands poèmes de l’Inde, fondateur de l’hindouisme qui relate la guerre entre deux branches d’une famille royale
par Marie-Agnès LAMBERT
A lire : 
https://www.cnews.fr/monde/2020-10-09/un-autre-univers-existait-avant-le-notre-selon-le-nouveau-prix-nobel-de-physique
https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/cosmologie-prix-nobel-physique-roger-penrose-pense-avoir-preuves-univers-avant-big-bang-26213/
https://www.pourlascience.fr/sd/astrophysique/le-prix-nobel-de-physique-2020-honore-des-travaux-sur-les-trous-noirs-20220.php

  • Le 27 octobre 2020
  • Sciences
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Et si l’avenir dépendait de notre imagination ?

Et si l’avenir dépendait de notre capacité à raconter des histoires qui nous enthousiasment tout en incarnant déjà des projets de transition ? Le dernier livre de Rob Hopkins (1) nous y invite.

Il existe une puissante attraction du futur lorsqu’il nous est donné à voir par l’intermédiaire de l’art visuel, de la parole ou du chant poétique. D’un autre côté, notre raison réclame des preuves ; elle a peur de perdre ses repères, ses acquis et d’en souffrir. Paradoxalement, dans notre période historique, nous avons besoin de voir, toucher, vivre et imaginer simultanément. Nous avons besoin de constater que des forces sont déjà présentes et en œuvre, ici et maitenant, pour nous donner un avant-goût du futur et libérer nos imaginations.

Le mythe, outil de l’imaginaire

Une dialectique existe entre un futur puissant, beau et attirant et de petites actions visibles et incontestables. La raison constate que c’est possible et l’imaginaire amplifie ce que la raison a constaté ; par analogie, l’imaginaire applique les petits changements à toutes les facettes de la culture, de l’art, de la science, de la religion et de la politique. Cette harmonie des contraires ou tension entre raison et imagination construit un chemin, un pont, une transition entre notre monde actuel et celui de demain.
Dans la tradition laissée par les civilisations passées et en particulier la Grèce, le mythe est l’instrument privilégié de l’imaginaire et chaque homme ressentait, grâce à son éducation, son propre pouvoir de le réactualiser. Le mythe était présent dans son histoire sous forme de tragédies, drames ou comédies.

La peur du futur est une maladie récente née d’une panne ou d’un assèchement de l’imaginaire et du constat du résultat délétère des idéologies. Le futur nous panique et le passé reste muet, mort et inutile. Platon, en son temps, avait fait son œuvre en réactualisant les anciens mythes grecs. Redéclencher aujourd’hui le pouvoir de l’imaginaire est ce que propose Rob Hopkins, l’auteur du Manuel de Transition. Il publie fin 2019 un nouveau livre Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? Né en 1968 à Londres, Rob Hopkins  est un enseignant en permaculture, initiateur en 2005 du mouvement des Villes en Transition. Son génie est de conter, donner à voir, faire connaître, encourager, faciliter et donner des ailes à des dizaines de milliers d’individus à travers le monde qui osent chaque jour construire des déviances, des alternatives écologiques difficiles et joyeuses. Il nous engage à utiliser la puissance du « et si ». Et si on redonnait vie et place à l’initiative citoyenne ? Avant que le doute et l’impossible nous terrassent, que la panique nous prenne, nous voyons des exemples imparfaits mais réels donnant vie et force à notre imagination.

Quel bonheur de récupérer notre plus grand pouvoir humain !  Oser rêver, en étant conscient de la réalité, donne le pouvoir de faire, d’écrire l’histoire, de déjouer les scénarios sans perdre notre cœur, notre bonté, notre amour de la vie et de l’autre.

Ne plus se satisfaire de critiques

Ce livre de Rob Hopkins est un condensé de mythes réactualisés qu’il nous donne à voir, à travers la parole libérée d’une raison castratrice, limitante, découpant le réel en partie fragmentée. La raison reprend sa juste place et nous aide à constater de manière pragmatique le terrain que nous allons transformer. En effet, notre temps ne peut plus se satisfaire de critiques. Il devient indécent de comploter ou de se nourrir seulement de collapsologie.

Le choix proposé par la philosophie de la transition est de réveiller le potentiel de chacun dans un réseau humain respectueux et relié, partageant une vision du futur commune. Le moyen employé est l’imagination. Le constat de la situation, l’incertitude, l’ambiguïté nécessitent une foi en l’homme et en l’avenir, une spiritualité active ne fuyant pas le réel. L’imagination créatrice et transformatrice commence par un changement de regard, par le fait de voir les choses autrement, à l’école, dans l’espace public, privé, en entreprise, dans le monde politique.Tout antagonisme, tout problème possède par définition une force de retournement, une bifurcation créatrice donnant potentiellement naissance à un nouveau courant de vie.

Le « et si » libère les puissances de l’imagination et celle-ci se vérifie dans la vie réelle à l’échelle locale, associative, communale, dans un pays ou un autre. Et si les journalistes reprenaient leur rôle de témoigner et de reconstituer une image globale et cohérente d’un monde en transition ? Et si la mission du chroniqueur était de nous chanter les exploits des héros du quotidien ? Et si la première chose à entretenir et éveiller chez l’enfant puis l’adulte était son pouvoir d’imagination ?

(1) Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? Rob Hopkins, préface de Cyril Dion, Actes Sud, juin 2020
par Philippe GUITTON

Villes, villages, rues en Transition, l’ambition d’une alternative urbaine

Le mouvement de Transition est né en Grande-Bretagne en 2006 dans la petite ville de Totnes. L’enseignant en permaculture Rob Hopkins avait créé le modèle de Transition avec ses étudiants dans la ville de Kinsale en Irlande un an auparavant. Il y a aujourd’hui plus de 2 000 initiatives de Transition dans le monde, en 50 pays, dont 150 en France, réunies dans le Réseau International de la Transition. Il s’agit d’inciter les citoyens d’un territoire (bourg, quartier d’une ville, village), à prendre conscience, d’une part, des profondes conséquences que vont avoir sur nos vies la convergence du pic du pétrole et du changement du climat et, d’autre part, de la nécessité de s’y préparer concrètement. Imaginer le futur pour le construire.
Lors de la création du mouvement, les « transitionneurs » avaient cette maxime : « si nous attendons le gouvernement, il sera trop tard ; si nous agissons individuellement, ce sera trop peu ; mais si nous agissons ensemble, nous pourrions être dans les temps. »

Il s’agit de mettre en place des solutions fondées sur une vision positive de l’avenir et qui visent à réduire fortement la consommation d’énergie d’origine fossile et nos émissions de carbone ; renforcer la résilience de nos territoires, leur capacité à absorber les chocs à venir, par une relocalisation de l’économie (alimentation, énergies) ; renforcer les liens, les solidarités et la coopération entre l’ensemble des acteurs du territoire ; acquérir les compétences qui deviendront nécessaires au renforcement de notre autonomie.
Dès lors, chaque groupe local de Transition trouve par lui-même les solutions qui lui conviennent en fonction de ses ressources et de ses enjeux. Il n’y a pas de réponse toute faite. Le modèle de Transition offre un cadre de travail participatif. Une initiative de Transition a comme objectifs de mettre en place des actions concrètes : achats locaux et collectifs, jardins partagés, monnaie locale, Incroyables Comestibles, Repair Cafés, recycleries, fêtes, conférences ; soutenir et valoriser les réalisations portées par d’autres (associations, Agenda 21, entreprises…) ; encourager et favoriser la convergence entre les initiatives citoyennes et entre ces initiatives et les actions des pouvoirs publics sur les territoires.

La démarche des initiatives de Transition est résumée dans le Manuel de Transition (1) qui a fait connaître Rob Hopkins partout dans le monde. Des histoires de gens ordinaires qui font des choses extraordinaires ont été collectées. Des petits territoires et des communautés locales impriment leur propre monnaie, produisent de plus en plus leur nourriture et leur énergie, relocalisent leur économie… Une idée qui se propage à grande vitesse, une expérimentation sociale imaginative et réaliste qui propose des réponses et des solutions en ces temps d’incertitude.

(1) Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Rob Hopkins, Éditions Écosociété, 2010, Montréal

Vient de paraître

Hors-série imprimé de la revue Acropolis
Le monde d’après, effondrement ou renaissance ?
par collectif
Éditions Nouvelle Acropole, 2019, 78 pages, 8 €

En 1972 le rapport Meadows modélisa les perspectives de croissance exponentielle avec les risques encourus d’instabilité et d’effondrement. En 2015, Pablo Servigne et Raphaël Stephens confirmèrent cette théorie à travers leurs ouvrages sur la collapsologie. Fin 2019, une pandémie du coronavirus COVID-19 apparut engendrant une crise sanitaire, économique et sociale mondiale dont on ignore l’étendue et les conséquences dans les années à venir. Un arrêt sur image sur le monde d’avant et des doutes et incertitudes sur le monde d’après. Nous sommes entrés dans un monde VICA (volatile, incertain, complexe et ambigu). Assistons-nous à la fin du monde ou à la fin d’un monde ? Comment sera le monde de demain ? Si nous voulons un monde différent, nous devons procéder à des changements individuels et collectifs. Individuellement par une transformation de soi-même suivie d’une renaissance, la pratique d’un dépassement de soi, d’un héroïsme et d’une philosophie quotidiens pour vaincre les épreuves de la vie. Collectivement par la vision d’un monde ré-enchanté et renouvelé, basé sur des aspirations nobles et élevées, le retour à la nature, à la spiritualité et au sacré, l’application de valeurs humaines de coopération, de solidarité, de vivre ensemble et la pratique d’une éducation et d’une vie morale amenant à devenir acteur et responsable dans la cité. Ce dixième numéro annuel du hors-série imprimé de la revue Acropolis propose des thèmes de réflexion pour redonner espoir à tous ceux qui se sentent impuissants et démunis face à la situation actuelle, et stimuler l’envie et l’enthousiasme de tous ceux qui veulent agir dans et pour le monde de demain.

Numéro à se procurer dans les centres de Nouvelle Acropole (adresses sur www.nouvelle-acropole.fr)
Se libérer du patriarcat
Le mythe de la Genèse revisité
par Marie-Odile BRETHES et Catherine VALLÉE
Éditions Oriane, 2015, 240 pages, 22 €
Un ouvrage passionnant qui nous parle malgré les connaissances ésotériques que les deux auteures possèdent et mettent à notre portée pour décrire ce qu’a vécu l’humanité depuis sa création et ce que nous vivons encore, hommes et femmes, avec le challenge de partir à la quête de notre conscience pour acquérir la plénitude par le développement de  nos capacités créatrices. Les auteures ont fondé l’École Plénitude d’Art-Thérapie Évolutive où elles enseignent une psychologie transpersonnelle et développent une pensée philosophique intuitive.

  • Le 26 septembre 2020
  • Philosophie
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L’art de la mémoire à la Renaissance

Après l’Antiquité et le Moyen-Âge, une nouvelle interprétation de l’Art de la mémoire prend racine à la fin du XVe siècle, lorsque Pic de la Mirandole (1463-1494) rencontre Marsile Ficin (1433-1499) à Florence. C’est le début d’une aventure extraordinaire pour l’art de la mémoire qui se transforme en art occulte, avant d’atteindre des sommets de complexité avec Giordano Bruno.

Marsile Ficin est le philosophe célèbre pour avoir traduit en latin toute l’œuvre de Platon. Il est qualifié de néoplatonicien et il réussit à harmoniser la pensée de Platon avec les idées chrétiennes héritées en partie de la pensée scolastique. Ficin reconnaît également une continuité entre les écrits de Platon et les sagesses anciennes, celles notamment attribuées à Hermès Trismégiste et à Zoroastre. Platon, Hermès et Zoroastre sont considérés par Ficin comme des porte-parole de la sagesse des Anciens et de Dieu.
La pensée de Ficin se trouverait d’ailleurs cristallisée en images au sein d’un art divinatoire, celui des cartes du Tarot de Marseille, le tarot de Marsilio, Marsilio Ficino étant son vrai nom. La carte du Diable, par exemple, représenterait une synthèse de la caverne de Platon et de l’enfer chrétien, celle d’un enfer mental dont les images simulacres empêchent l’individu de sortir pour aller vers la lumière, vers la vérité.

Pic de la Mirandole reprend de Ficin sa philosophie néoplatonicienne, sa doctrine hermétique néo-alexandrine et les sagesses magiques zoroastriennes pour y ajouter ses propres interprétations chrétiennes de la Kabbale. Il propose une métamorphose de l’Art de la mémoire en art et science occulte. Ce qu’avait commencé à faire Lulle qui était aussi un praticien de l’alchimie, comme nous l’avons vu dans l’article précédent.
Si l’art de mémoire scolastique est d’inspiration aristotélicienne et cicéronienne, celui de la Renaissance mobilise plutôt l’héritage platonicien, ou plus précisément néoplatonicien, avec les correspondances au sein de l’univers, le rôle de l’imagination comme monde intermédiaire, la notion de Nature vivante, etc.

Les sciences occultes prennent beaucoup d’ampleur à la Renaissance. Elles se réfèrent à un ensemble de savoirs et de pratiques antiques telles que la magie, l’astrologie, la science des Nombres, l’alchimie. Elles ont en commun de vouloir déchiffrer les relations et les analogies entre les choses, voire les signatures qui s’y cacheraient. L’art de Mémoire va permettre d’organiser de manière ordonnée toutes ces connaissances, en reprenant la structure de l’univers, du monde intelligible au monde sensible.

Le théâtre de Giulio Camillo

L’une des œuvres les plus significatives de cette période renaissante est le « Théâtre de la mémoire »  de l’italien Giulio Camillo (1480-1544). Camillo est célèbre pour avoir inventé un « Théâtre » contenant toutes les connaissances essentielles. Sous le parrainage admiratif du roi François Ier, Camillo se donne comme mission de construire une maquette de son théâtre. Le modèle, malheureusement jamais achevé, était assez grand pour accueillir deux personnes et était « marqué de nombreux tableaux et rempli de petites boîtes ». Chaque rangée du théâtre était pourvue d’un grand nombre d’images à contempler et de petites boîtes ou tiroirs contenant des écrits.
En effet, Camillo revisite à son tour les règles antiques de l’art de la mémoire : les rangées représentent les lieux de mémoire, les images correspondent à une réinterprétation de la règle des images et les écrits à une réinterprétation de la mémoire des choses et des mots.
C’est ainsi qu’on trouve dans le théâtre : sept images de planètes : Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter et Saturne ; des images de divinités grecques ; des images de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis ; des images des Sephirot de la Kabbale.

Le théâtre imaginé par Giulio Camillo est un amphithéâtre en bois, inspiré de l’architecture de Vitruve, avec sept gradins divisés chacun en sept sections, définissant quarante-neuf « lieux » à chacun desquels est associée une figure symbolique empruntée à la mythologie, à la cabbale ou à l’hermétisme. Le spectateur se tient au centre sur une scène. L’ensemble est organisé en une sorte de grammaire visuelle où chaque concept est censé se décomposer en une série d’images, avec un système de correspondances renvoyant aux connaissances hermétiques et cabbalistiques. Ce théâtre est censé embrasser l’univers tout entier et la vérité éternelle. L’homme peut ainsi accéder à la plus haute réalité, grâce à sa mémoire au sein duquel se trouvent les Idées de toutes les choses. Tel se conçoit le penseur de la Renaissance initié au secret du système de Camillo. Et nous allons voir que cette vision se poursuit et s’amplifie encore avec Giordano Bruno.

 Giordano Bruno, le maître de l’art de mémoire

Giordano Bruno est né quatre ans après la mort de Camillo en 1548. Il reçoit une formation dominicaine au couvent de Naples et cette formation porte une grande attention à l’art de la mémoire. Il tente de développer un art de la mémoire encore plus poussé que celui de ses prédécesseurs, en combinant l’Art de la mémoire classique, l’hermétisme néo-alexandrin et le lullisme.
Il imagine ainsi un système mnémonique d’encyclopédie magico-logique qui rassemblerait toute l’histoire, toutes les pensées, toutes les découvertes et productions humaines et cherche à diffuser cette vision en voyageant dans toute l’Europe.

Le premier livre sur la mémoire publié par Bruno s’appelle De umbris idearum. Il fut dédié au roi de France Henri III. Après Camillo et François Ier, voici un nouvel Italien qui apporte un secret de mémoire à un nouveau roi de France !
L’art de la mémoire est au centre même de la vie et de la mort de Bruno. Il écrit plusieurs ouvrages sur le sujet : Circé, les Sceaux, les Statues et les Images. Il y reprend les fameuses règles pour les lieux et les règles pour les images, avec beaucoup d’audace, en les présentant comme des secrets hermétiques à déchiffrer. Il conçoit la mémoire artificielle comme une « écriture intérieure » dotée d’une signification ésotérique et mystique.

Dans son œuvre Les Ombres des Idées, Bruno associe sa théorie de la mémoire aux « roues géométriques » de Raymond Lulle. Les images de l’art de la mémoire antique sont transformées en images magiques d’étoiles du monde céleste ; on y trouve de nombreux schémas circulaires, comme les images du zodiaque.
Pour Bruno, les images possèdent un pouvoir d’évocation magique. Il reconstruit ainsi l’univers dont la connaissance supérieure doit conduire à saisir la nature magique et divine de la mémoire.
L’art de mémoire devient ainsi un système capable d’unifier dans la mémoire la multiplicité des phénomènes et de les ramener à l’unité ; il permet de doter l’esprit d’une puissance d’unification des images en référence à un ordre intelligible.
Dans une mémoire humaine utilisant ces combinaisons, toujours changeantes, il devait se former une espèce d’alchimie, comme une pierre philosophale de la psyché, grâce à laquelle l’être pourrait percevoir et se rappeler toutes les dispositions et toutes les combinaisons possibles des éléments appartenant au monde des pierres, plantes, animaux, mais aussi toute l’histoire de l’homme, toutes ses découvertes, toutes ses pensées, toutes ses philosophies. C’est bien l’idéal de l’uomo universale, l’homme universel, qui possède en lui tous les mystères de l’univers.

Le système hermétique de la mémoire de Giordano Bruno est l’occasion pour l’homme d’entamer une épreuve éthique d’ascension spirituelle jusqu’aux images des étoiles. La conception antique de l’art de la mémoire est ainsi redéfinie comme outil de transformation spirituelle par un mysticisme inspiré de la figure d’Hermès. Il s’agit bien d’atteindre l’Un derrière les apparences.
Chez Bruno, la fonction de l’imagination consiste à ordonner les images dans la mémoire, et c’est une fonction absolument essentielle au processus de la connaissance que de relier de manière opérationnelle la mémoire et l’imagination.

Quelques années plus tard, les philosophes Descartes et Leibniz connaissent bien tout cela et en discutent dans leurs œuvres. Ils tentent de reprendre les principes de la méthode antique qu’ils jugent pertinents, mais ils les dépouillent de leurs signes magiques et mystiques, par prudence probablement. Mais l’unité du savoir, le projet d’encyclopédie universelle et surtout la recherche d’un langage universel sont revalorisés grâce à leurs travaux. C’est la principale préoccupation par exemple de Leibniz, qui cherche une forme de calcul universel, duquel découlera le fameux calcul infinitésimal.
Cet art de mémoire a connu de bien belles péripéties depuis le banquet de Simonide de Céos au Ve siècle avant J.-C jusqu’à nos philosophes modernes. Il fut tour à tour l’outil indispensable des orateurs antiques, le support de la foi chrétienne médiévale, l’outil de l’âme pour vivre de l’intérieur le lien magique avec l’univers. Nous voudrions souhaiter longue vie à cet art plurimillénaire et commençons par nous exercer à mémoriser les images et les mots dans des lieux que nous aurons habilement choisis.

par Brigitte BOUDON

  • Le 26 août 2020
  • Philosophie
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