• Tableau de bord
  • Inscription
  • Connexion
  • Commandes
  • Nous contacter
  • Recevoir la revue digitale
  • Panier
  • Bienvenue !
  • Connexion

Panier

0 Numéro(s)
  • Aucun numéro ajouté.

Valider

  • Accueil
  • Éditorial N°328
  • Articles
  • Téléchargements
    • Revues
    • Hors-série
  • Ligne éditoriale
  • L’équipe
  • Interviews
  • Abonnement de soutien

Tag Archives : Mythe

Mythe et éducation des adolescents 

À l’adolescence, le physique se transforme et c’est à ce moment que les polarités se manifestent de façon concrète. Mais la polarité sexuelle n’est pas la seule à s’établir : toutes sortes de dualités se mettent en place. C’est l’âge auquel un individu commence à acquérir son autonomie et commence à penser par lui-même.

« Penser », étymologiquement, veut dire « peser ». Par la pensée, l’homme « pèse » ses perceptions et ses idées, construisant un édifice de connaissance selon ses sensibilités affective et intellectuelle. Cependant, « peser » suggère deux termes, deux « poids » à comparer. Ainsi en est-il de la pensée qui s’échafaude à partir de la reconnaissance des dualités qui structurent notre monde.

Vivre le mythe et faire son unité

Or nous savons que les dualités induisent des oppositions qui peuvent être mortifères. Il est donc nécessaire, pour que l’adolescent devienne adulte, que ces oppositions – fort utiles pour penser – trouvent le chemin d’un dépassement. Les contraires doivent devenir complémentaires.
C’est précisément l’objet du mythe et de la pensée symbolique de sortir des schémas de pensée dualistes pour réaliser un dépassement des contradictions. Les mythes mettent en scène des héros qui incarnent le camp du « bien » contre celui du « mal » mais, au fur et à mesure des épreuves, le héros se rend compte que l’ennemi extérieur qu’il combat n’est que le reflet de l’ombre qui s’étend en lui. Après une descente aux enfers, il renaît à sa propre lumière et devient un « bâtisseur de cités » : il crée de l’harmonie parmi les hommes en les fédérant autour d’un idéal.

Fécondité des mythes grecs

Pour l’éducation des adolescents, les mythes les plus puissants sont généralement les plus anciens. Il y a une bonne raison à cela : si ces mythes ont traversé les siècles, c’est qu’ils portent en eux une sagesse qui a fait ses preuves et qui ne se dénature pas avec le temps. Cela n’interdit pas, bien entendu, de choisir des imaginaires plus modernes, mais toujours l’éducateur doit se poser la question des modèles archétypaux – c’est-à-dire inspirateurs pour le développement des vertus – que présente tel ou tel univers mythologique. L’expérience nous a amenés à choisir systématiquement des mythes grecs, car ils sont à la racine de notre culture européenne et leur pertinence pour illustrer les mécanismes de la psyché humaine n’est plus à démontrer. Persée, Thésée, Jason, Ulysse, Héraclès… Chaque rencontre s’organise autour de l’une de leurs épopées.

Le caractère masculin des héros doit être explicité : c’est l’aspect « actif » du personnage héroïque qui compte (le côté « yang » diraient les Orientaux). En effet, ces mythes s’adressent aussi bien aux filles qu’aux garçons car il s’agit avant tout de révéler, en chaque être humain, une posture « active » face à la vie. En général, les filles ne s’offusquent pas du caractère masculin des héros choisis, car elles comprennent de façon naturelle la valeur universelle des symboles. En outre, les mythes grecs mettent en scène des personnages féminins auxquelles elles peuvent s’identifier, la figure d’Athéna couronnant le tout avec majesté. Par ailleurs, le côté « yin » de l’éducation par les mythes n’est pas à négliger, comme nous le verrons par la suite, pour les garçons aussi bien que pour les filles.

 

Dans une rencontre, toutes les activités se rattachent à l’imaginaire, des grands jeux jusqu’à la participation aux tâches de la vie collective. L’art du formateur s’exprime pleinement dans sa capacité à faire des liens entre une action concrète et un symbole qui lui confère un sens supérieur. Ce « sens » a rapport à l’évolution consciente de l’adolescent dans son processus d’appropriation de sa propre identité. L’adolescent se ressent généralement, même s’il a du mal à le formuler ainsi, comme une sorte de « monstre », un être en métamorphose à mi-chemin entre l’enfant et l’adulte, d’où sa récurrente détresse. Le fait de l’immerger entièrement dans le mythe lui permet de mettre des images sur son vécu intérieur, l’aide à faire la distinction entre le héros qu’il aspire à devenir et la créature déconcertante qu’il perçoit dans un miroir.

Esprit de victoire et soirée d’épreuves

Une rencontre d’une semaine culmine toujours avec une soirée d’épreuves. Ces épreuves sont nécessairement individuelles – à la différence des grands jeux, des exercices psycho-pratiques et de la participation aux tâches collectives qui se font le plus souvent en équipes. L’épreuve est individuelle car nous restons, nous les humains, au-delà de nos interactions sociales, des êtres fondamentalement individués dont l’évolution consciente repose sur l’appropriation de notre autonomie. Cette soirée est complexe à organiser, surtout avec les groupes nombreux car les adolescents doivent se succéder les uns aux autres sur le parcours d’épreuves. Toutefois, la patience – et même l’ennui ! – font partie de l’épreuve. Il est préférable de faire passer les épreuves en commençant par l’adolescent le plus âgé, en réservant la plus longue attente et le plus fort impact psychologique à celui qui découvre ce type d’initiation pour la première fois.

Comme dans la tradition des Mystères de l’Antiquité, toutes les ressources de l’art théâtral et des effets spéciaux sont mises en œuvre. Le but de cette soirée d’épreuves est en effet de marquer durablement la conscience de l’adolescent afin qu’il perçoive, à travers des symboles en actes, la flamme héroïque qui brûle en lui. À aucun moment, bien sûr, il ne s’agit de faire courir le moindre risque à l’adolescent mais les épreuves doivent être suffisamment exigeantes pour que la peur d’échouer se manifeste. Le niveau de difficulté de chaque épreuve est à adapter, en temps réel, par le formateur qui en a la responsabilité. Le juste équilibre est trouvé lorsque la peur d’échouer est ressentie et dépassée par l’esprit de victoire.

Dans une soirée d’épreuves, tous les « plans » doivent être sollicités : le physique, bien entendu, en termes de force, d’agilité et d’endurance, mais aussi l’émotionnel et le mental. Selon notre expérience, la trame qui fonctionne le mieux est la suivante.

Révéler la flamme héroïque

Les adolescents se lancent tour à tour sur le parcours d’épreuves en commençant par le plus âgé. Les autres attendent dans une salle en faisant des créations artistiques en rapport avec le mythe.
Les épreuves commencent par une prise en charge « yin ». Une figure féminine incarnée par une formatrice rappelle l’adolescent à son intériorité. Cette figure peut être Ariane dans le mythe de Thésée, Médée dans le mythe de Jason, etc.
L’adolescent enchaîne ensuite des épreuves à caractère « yang », généralement menées par des formateurs.
Des mises en scène sont placées sur son chemin pour l’effrayer. L’obscurité de la nuit est indispensable à ce moment pour créer une ambiance et dissimuler les « ficelles » du décor.
Les épreuves culminent avec l’affrontement d’un monstre à forte valeur symbolique (Méduse, Minotaure et Chimère incarnent par exemple la peur, la brutalité et la fantasmagorie).

La clôture se fait avec une énergie « yin » qui rappelle à nouveau à l’intériorité. Une figure féminine accueille l’adolescent victorieux pour lui faire vivre un rituel où il se purifie symboliquement des souillures accumulées sur le sentier et s’identifie à son statut de héros.

Cette pédagogie initiatique, inspirée par les traditions anciennes, peut sembler en décalage avec les temps modernes. Notre expérience montre toutefois à quel point ces épreuves sont bien vécues par les jeunes et leur confèrent, en très peu de temps, une confiance en eux que des approches plus prosaïques et rationnelles sont incapables de susciter. Le bizutage dans les universités d’aujourd’hui constitue assurément un détournement de ces pédagogies initiatiques. Elles se transmettent sous des formes de plus en plus agressives et dénuées de bienveillance parce que la philosophie qui les accompagnait est passée au second plan. Plutôt que de renoncer à ces approches éducatives, nous pensons qu’il est urgent de les revitaliser en interrogeant, à la source, le sens des mythes pour l’évolution humaine.

par Fabien AMOUROUX

  • Le 24 décembre 2020
  • Éducation
Lire la suite

Charles de Gaulle : de l’histoire au mythe, un héros pour la France

Il est des figures qui écrivent et transcendent l’histoire, marquant de leur sceau des périodes troubles en y apportant vision et puissance d’action. S’identifiant totalement à la destinée de leur pays, ils répondent aux nécessités de l’histoire comme à l’appel de leur âme.

Leur destin extraordinaire ne s’accommode pas de la médiocrité, de la petitesse, des combines politiciennes qui asservissent aux contingences. À l’heure des plus grands périls, confiants en leur étoile, ils deviennent, du fait de leur haute stature, des piliers et des phares, capables de rassembler et de mener à bon port l’arche dans la tempête. On les appelle des héros. « À 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries » (1) .

La mission

Tout jeune, Charles de Gaulle (1890-1970) , appelé le « petit Lillois » s’est senti investi d’une mission qui dépassait sa personne : restaurer le pouvoir et la légitimité de la France au sein des grandes puissances. Ardent patriote, il a embrassé la carrière militaire pour servir son pays et la haute idée qu’il s’en faisait et dont il connaissait parfaitement tant les hauts faits que les désastres historiques. À l’heure du péril, il va refuser la fatalité de la défaite et s’imposer par la force de son caractère : « Face à l’évènement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère : son mouvement est d’imposer à l’action sa marque ». Son appel du 18 juin, dans une France humiliée par la capitulation, le désordre et la débâcle, résonne comme un défi pour l’honneur. Il partira pour Londres, seul pays européen encore libre, où Winston Churchill lui apportera son soutien.

Le visionnaire

Visionnaire pragmatique, il n’eut de cesse, dès les années 20, dans Le fil de l’épée (2), et Vers l’armée de métier (3), d’alerter les instances politiques et militaires de la nécessité de réviser la stratégie défensive et la tactique immobiliste de l’armée afin de contrer la menace montante de l’Allemagne nazie. Il fut aussi un homme de terrain puisqu’il mena la seule contre-offensive victorieuse de la Première Guerre mondiale, fut blessé, fait prisonnier et initia cinq tentatives infructueuses d’évasion. Il disait ne jamais renoncer et sut montrer sa grande force de résilience suite aux graves échecs essuyés par les Forces françaises libres : la destruction en juillet 1940 de la flotte française à Mers el Kébir par les alliés britanniques (afin qu’elle ne tombe pas aux mains des forces de l’Axe), l’a profondément meurtri. Mais chez ce pessimiste actif, « l’espérance est une détermination héroïque de l’âme et sa plus haute forme est le désespoir surmonté. »

L’homme

Habile stratège, lucide et assuré dans ses jugements, insensible aux idéologies, doté d’une grande capacité d’adaptation, il ne concèdera rien au désir de plaire, ni à Joseph Staline (allié stratégique pendant le conflit) ni à Franklin Delanoe Roosevelt qui tenait la France pour une puissance de seconde zone. Il savait écouter, mais lent dans sa délibération, il exigeait ensuite promptitude dans l’action. Redoutable communicant, il avait compris l’importance des médias qu’il utilisa largement pendant son mandat présidentiel. La magie de son verbe soulevait les enthousiasmes : « L’action met les ardeurs en œuvre mais c’est la parole qui les suscite ».

Son humour décapant faisait mouche, suscitant autant l’irritation qu’une dévotion inconditionnelle. On le disait dur et son inflexibilité lui valut des inimitiés durables ; mais c’était un homme de parole, fidèle en amitié qui inspira aussi des loyautés durables. Cette exigence constante, il se l’appliquait à lui-même, dans une philosophie de vie toute stoïcienne : « Se dominer soi-même doit devenir une sorte d’habitude, de réflexe obtenu par une gymnastique constante de la volonté ». Son intégrité était légendaire : il tenait à payer scrupuleusement ses factures personnelles pendant ses mandats présidentiels (1958-1969). Homme de mémoire, il dialoguait avec l’avenir mais n’oubliait rien et sa froideur apparente n’avait d’égal que l’attention qu’il portait aux familles de ses collaborateurs. Homme de mesure, il savait faire la part des choses et ne renia jamais ceux qui l’avaient aidé ou guidé, même s’ils l’avaient trahi ou abandonné ultérieurement.

L’épreuve

Chef conscient de l’être, il recherchait l’unité des forces. Il fut confronté à la responsabilité de l’homme de pouvoir dont les choix engagent : la phase de séparation avec l’exil volontaire à Londres, sa condamnation à mort par contumace par le gouvernement de Vichy ; puis l’affrontement et la mise en place d’un mouvement de résistance ; enfin le retour triomphal en 1945 où il acquiert une stature internationale. Puis à nouveau le désaveu en 1946 et la traversée du désert, le rappel au pouvoir en 1958 pour résoudre la crise de l’Algérie, le plébiscite de 1965 et son élection au suffrage universel ; le départ définitif en 1969 suite aux soulèvements de mai 68. Cet homme capable de susciter les plus nobles élans de dépassement et de courage se trouvait démuni et « manquait le but face à l’hostilité des médiocres » comme en a témoigné son premier ministre et successeur Georges Pompidou.

De Gaulle qualifiera mai 68 comme « l’éclatement d’une société d’abondance » : « tout le monde en veut plus, toujours plus », léguant à la postérité une réflexion puissante sur l’écroulement moral d’une société qui s’ennuie et tombe dans l’hybris (4).

Dans ses années de solitude, il rédigera ses Mémoires de guerre (5). Conscient que seule l’épreuve forge les âmes nobles, « La difficulté attire l’homme de caractère car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même », il reconnaît la valeur pédagogique de l’échec : « À beaucoup appris, celui qui a connu la peine. » Après sa mort, survenue le 9 novembre 1970, beaucoup revendiqueront sa filiation mais peu sauront conserver son éthique.

Le mythe

À l’heure de la célébration du 50e anniversaire de sa mort, le mythe du général de Gaulle, au nom prédestiné, perdure au-delà des enjeux partisans ; peut-être parce qu’il a su, dans les heures sombres de notre histoire, incarner l’homme providentiel, réveiller la flamme combattante des idéalistes et relever un pays écrasé par la défaite morale et l’incurie de ses gouvernants. Père fondateur, à l’éthique austère, gouvernant habile, il remit l’économie à flot et dota le pays d’une nouvelle constitution (avènement de la Ve République) ; il promut des avancées sociales et d’émancipation féminine (droit de vote en 1946, légalisation de la pilule). Puis roi exilé par l’ingratitude des siens, il quitta le pouvoir suite au référendum perdu de 1969, ne s’estimant alors plus légitime pour représenter le peuple français.

Le philosophe Platon n’eut pas renié ses vertus de discernement, de courage, et de juste mesure, lui qui pensait que les hommes les plus sages devaient assumer le pouvoir, car seuls peuvent gouverner les autres, ceux qui se gouvernent eux-mêmes.

Les gloires nationales n’ont pas vocation à des commémorations solennelles mais à raviver le fil de la mémoire pour construire ensemble un futur digne : la clé est dans le cœur de l’homme.

(1) Les citations extraites des œuvres du général de Gaulle, ont été tirées du hors-série Le Point de juin, juillet 2020 : Penser, résister, gouverner, De Gaulle.
(2) Le Fil de l’épée et autres écrits, Charles de Gaulle, Éditions Plon, 1999, 824 pages
(3) Vers l’armée de métier, Charles de Gaulle, Éditions Berger-Levrault, 1944
(4) Signifie démesure
(5) Mémoires de guerre, Charles de Gaulle, Éditions Gallimard, collection La Pleïade, 2000, 1505 pages
par Sylvianne CARRIÉ

  • Le 28 octobre 2020
  • Hommage à
Lire la suite

Et si l’avenir dépendait de notre imagination ?

Et si l’avenir dépendait de notre capacité à raconter des histoires qui nous enthousiasment tout en incarnant déjà des projets de transition ? Le dernier livre de Rob Hopkins (1) nous y invite.

Il existe une puissante attraction du futur lorsqu’il nous est donné à voir par l’intermédiaire de l’art visuel, de la parole ou du chant poétique. D’un autre côté, notre raison réclame des preuves ; elle a peur de perdre ses repères, ses acquis et d’en souffrir. Paradoxalement, dans notre période historique, nous avons besoin de voir, toucher, vivre et imaginer simultanément. Nous avons besoin de constater que des forces sont déjà présentes et en œuvre, ici et maitenant, pour nous donner un avant-goût du futur et libérer nos imaginations.

Le mythe, outil de l’imaginaire

Une dialectique existe entre un futur puissant, beau et attirant et de petites actions visibles et incontestables. La raison constate que c’est possible et l’imaginaire amplifie ce que la raison a constaté ; par analogie, l’imaginaire applique les petits changements à toutes les facettes de la culture, de l’art, de la science, de la religion et de la politique. Cette harmonie des contraires ou tension entre raison et imagination construit un chemin, un pont, une transition entre notre monde actuel et celui de demain.
Dans la tradition laissée par les civilisations passées et en particulier la Grèce, le mythe est l’instrument privilégié de l’imaginaire et chaque homme ressentait, grâce à son éducation, son propre pouvoir de le réactualiser. Le mythe était présent dans son histoire sous forme de tragédies, drames ou comédies.

La peur du futur est une maladie récente née d’une panne ou d’un assèchement de l’imaginaire et du constat du résultat délétère des idéologies. Le futur nous panique et le passé reste muet, mort et inutile. Platon, en son temps, avait fait son œuvre en réactualisant les anciens mythes grecs. Redéclencher aujourd’hui le pouvoir de l’imaginaire est ce que propose Rob Hopkins, l’auteur du Manuel de Transition. Il publie fin 2019 un nouveau livre Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? Né en 1968 à Londres, Rob Hopkins  est un enseignant en permaculture, initiateur en 2005 du mouvement des Villes en Transition. Son génie est de conter, donner à voir, faire connaître, encourager, faciliter et donner des ailes à des dizaines de milliers d’individus à travers le monde qui osent chaque jour construire des déviances, des alternatives écologiques difficiles et joyeuses. Il nous engage à utiliser la puissance du « et si ». Et si on redonnait vie et place à l’initiative citoyenne ? Avant que le doute et l’impossible nous terrassent, que la panique nous prenne, nous voyons des exemples imparfaits mais réels donnant vie et force à notre imagination.

Quel bonheur de récupérer notre plus grand pouvoir humain !  Oser rêver, en étant conscient de la réalité, donne le pouvoir de faire, d’écrire l’histoire, de déjouer les scénarios sans perdre notre cœur, notre bonté, notre amour de la vie et de l’autre.

Ne plus se satisfaire de critiques

Ce livre de Rob Hopkins est un condensé de mythes réactualisés qu’il nous donne à voir, à travers la parole libérée d’une raison castratrice, limitante, découpant le réel en partie fragmentée. La raison reprend sa juste place et nous aide à constater de manière pragmatique le terrain que nous allons transformer. En effet, notre temps ne peut plus se satisfaire de critiques. Il devient indécent de comploter ou de se nourrir seulement de collapsologie.

Le choix proposé par la philosophie de la transition est de réveiller le potentiel de chacun dans un réseau humain respectueux et relié, partageant une vision du futur commune. Le moyen employé est l’imagination. Le constat de la situation, l’incertitude, l’ambiguïté nécessitent une foi en l’homme et en l’avenir, une spiritualité active ne fuyant pas le réel. L’imagination créatrice et transformatrice commence par un changement de regard, par le fait de voir les choses autrement, à l’école, dans l’espace public, privé, en entreprise, dans le monde politique.Tout antagonisme, tout problème possède par définition une force de retournement, une bifurcation créatrice donnant potentiellement naissance à un nouveau courant de vie.

Le « et si » libère les puissances de l’imagination et celle-ci se vérifie dans la vie réelle à l’échelle locale, associative, communale, dans un pays ou un autre. Et si les journalistes reprenaient leur rôle de témoigner et de reconstituer une image globale et cohérente d’un monde en transition ? Et si la mission du chroniqueur était de nous chanter les exploits des héros du quotidien ? Et si la première chose à entretenir et éveiller chez l’enfant puis l’adulte était son pouvoir d’imagination ?

(1) Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? Rob Hopkins, préface de Cyril Dion, Actes Sud, juin 2020
par Philippe GUITTON

Villes, villages, rues en Transition, l’ambition d’une alternative urbaine

Le mouvement de Transition est né en Grande-Bretagne en 2006 dans la petite ville de Totnes. L’enseignant en permaculture Rob Hopkins avait créé le modèle de Transition avec ses étudiants dans la ville de Kinsale en Irlande un an auparavant. Il y a aujourd’hui plus de 2 000 initiatives de Transition dans le monde, en 50 pays, dont 150 en France, réunies dans le Réseau International de la Transition. Il s’agit d’inciter les citoyens d’un territoire (bourg, quartier d’une ville, village), à prendre conscience, d’une part, des profondes conséquences que vont avoir sur nos vies la convergence du pic du pétrole et du changement du climat et, d’autre part, de la nécessité de s’y préparer concrètement. Imaginer le futur pour le construire.
Lors de la création du mouvement, les « transitionneurs » avaient cette maxime : « si nous attendons le gouvernement, il sera trop tard ; si nous agissons individuellement, ce sera trop peu ; mais si nous agissons ensemble, nous pourrions être dans les temps. »

Il s’agit de mettre en place des solutions fondées sur une vision positive de l’avenir et qui visent à réduire fortement la consommation d’énergie d’origine fossile et nos émissions de carbone ; renforcer la résilience de nos territoires, leur capacité à absorber les chocs à venir, par une relocalisation de l’économie (alimentation, énergies) ; renforcer les liens, les solidarités et la coopération entre l’ensemble des acteurs du territoire ; acquérir les compétences qui deviendront nécessaires au renforcement de notre autonomie.
Dès lors, chaque groupe local de Transition trouve par lui-même les solutions qui lui conviennent en fonction de ses ressources et de ses enjeux. Il n’y a pas de réponse toute faite. Le modèle de Transition offre un cadre de travail participatif. Une initiative de Transition a comme objectifs de mettre en place des actions concrètes : achats locaux et collectifs, jardins partagés, monnaie locale, Incroyables Comestibles, Repair Cafés, recycleries, fêtes, conférences ; soutenir et valoriser les réalisations portées par d’autres (associations, Agenda 21, entreprises…) ; encourager et favoriser la convergence entre les initiatives citoyennes et entre ces initiatives et les actions des pouvoirs publics sur les territoires.

La démarche des initiatives de Transition est résumée dans le Manuel de Transition (1) qui a fait connaître Rob Hopkins partout dans le monde. Des histoires de gens ordinaires qui font des choses extraordinaires ont été collectées. Des petits territoires et des communautés locales impriment leur propre monnaie, produisent de plus en plus leur nourriture et leur énergie, relocalisent leur économie… Une idée qui se propage à grande vitesse, une expérimentation sociale imaginative et réaliste qui propose des réponses et des solutions en ces temps d’incertitude.

(1) Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Rob Hopkins, Éditions Écosociété, 2010, Montréal

Vient de paraître

Hors-série imprimé de la revue Acropolis
Le monde d’après, effondrement ou renaissance ?
par collectif
Éditions Nouvelle Acropole, 2019, 78 pages, 8 €

En 1972 le rapport Meadows modélisa les perspectives de croissance exponentielle avec les risques encourus d’instabilité et d’effondrement. En 2015, Pablo Servigne et Raphaël Stephens confirmèrent cette théorie à travers leurs ouvrages sur la collapsologie. Fin 2019, une pandémie du coronavirus COVID-19 apparut engendrant une crise sanitaire, économique et sociale mondiale dont on ignore l’étendue et les conséquences dans les années à venir. Un arrêt sur image sur le monde d’avant et des doutes et incertitudes sur le monde d’après. Nous sommes entrés dans un monde VICA (volatile, incertain, complexe et ambigu). Assistons-nous à la fin du monde ou à la fin d’un monde ? Comment sera le monde de demain ? Si nous voulons un monde différent, nous devons procéder à des changements individuels et collectifs. Individuellement par une transformation de soi-même suivie d’une renaissance, la pratique d’un dépassement de soi, d’un héroïsme et d’une philosophie quotidiens pour vaincre les épreuves de la vie. Collectivement par la vision d’un monde ré-enchanté et renouvelé, basé sur des aspirations nobles et élevées, le retour à la nature, à la spiritualité et au sacré, l’application de valeurs humaines de coopération, de solidarité, de vivre ensemble et la pratique d’une éducation et d’une vie morale amenant à devenir acteur et responsable dans la cité. Ce dixième numéro annuel du hors-série imprimé de la revue Acropolis propose des thèmes de réflexion pour redonner espoir à tous ceux qui se sentent impuissants et démunis face à la situation actuelle, et stimuler l’envie et l’enthousiasme de tous ceux qui veulent agir dans et pour le monde de demain.

Numéro à se procurer dans les centres de Nouvelle Acropole (adresses sur www.nouvelle-acropole.fr)
Se libérer du patriarcat
Le mythe de la Genèse revisité
par Marie-Odile BRETHES et Catherine VALLÉE
Éditions Oriane, 2015, 240 pages, 22 €
Un ouvrage passionnant qui nous parle malgré les connaissances ésotériques que les deux auteures possèdent et mettent à notre portée pour décrire ce qu’a vécu l’humanité depuis sa création et ce que nous vivons encore, hommes et femmes, avec le challenge de partir à la quête de notre conscience pour acquérir la plénitude par le développement de  nos capacités créatrices. Les auteures ont fondé l’École Plénitude d’Art-Thérapie Évolutive où elles enseignent une psychologie transpersonnelle et développent une pensée philosophique intuitive.

  • Le 26 septembre 2020
  • Philosophie
Lire la suite
1 2 3 4

Catégories

  • Actualité (37)
  • Art (54)
  • Cinéma (44)
  • Civilisation (5)
  • Conte (8)
  • Culture (5)
  • Développement durable (1)
  • Écologie (7)
  • Editorial (46)
  • Éducation (44)
  • Environnement (4)
  • Histoire (11)
  • Hommage à (16)
  • Littérature (66)
  • Non classé (24)
  • Philosophie (90)
  • Philosophie à vivre (66)
  • Philosophie au quotidien (5)
  • Philosophie pratique (4)
  • Psychologie (7)
  • Santé (5)
  • Sciences (42)
  • Société (37)
  • Symbolisme (13)
  • Témoignage (3)
  • Transition (1)
  • Vaccin philosophique de l'âme (3)
  • Volontariat (6)

Étiquettes

amour beauté Bhagavad Gîta bonheur Changement Conscience COVID-19 Crise destin Education expérience Fraternité Gandhi générosité harmonie Humanisme Humanité héros imaginaire imagination initiation Justice liberté lumière Mort Mystère Mythe méditation Nature peur philosophie Platon renaissance responsabilité Sagesse Solidarité spiritualité transcendance violence Volontariat volonté vérité Âme éthique évolution

Mentions légales

  • Mentions légales
  • Politique de confidentialité

Archives

Contact

Rédaction Revue Acropolis
6, rue Véronèse
75013 Paris

Mots clé

amour beauté Bhagavad Gîta bonheur Changement Conscience COVID-19 Crise destin Education expérience Fraternité Gandhi générosité harmonie Humanisme Humanité héros imaginaire imagination initiation Justice liberté lumière Mort Mystère Mythe méditation Nature peur philosophie Platon renaissance responsabilité Sagesse Solidarité spiritualité transcendance violence Volontariat volonté vérité Âme éthique évolution

Articles les plus récents

  • Le « jour de la Terre », 51 années d’existence
  • Regarde le temps
  • À lire N° 328
  • Le futur ne se termine pas aujourd’hui
  • Raconte grand-mère, retour d’Exode (2)
  • Vers la liberté intérieure
  • Philosophie à vivre
  • La journée internationale de la Femme, hommage à des femmes remarquables d’hier et aujourd’hui
  • « Moassy le chien »
  • La naissance de l’univers, les trois premières minutes
  • La polyphonie de la vérité
Copyright Revue Acropolis© 2015