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Tag Archives : Mort

Incertitude et fortitude

Face à l’incertitude, nous pouvons être affectés et attendre des jours meilleurs. Mais nous pouvons également développer la fortitude ou force d’âme qui nous permet de développer de plus grandes certitudes.

À coup sûr, nous vivons des temps difficiles. Nous ne voulons pas faire le décompte de toutes les situations conflictuelles qui pèsent sur nous tous, à un degré plus ou moins important. Pénétrés comme nous le sommes par la diffusion des informations, il n’est pas simple d’échapper à des centaines d’opinions qui ne coïncident pas toujours mais qui conduisent à la même conclusion : nous ne sommes pas sûrs de ce qui va se passer demain.

Oui, ce sont des temps difficiles mais pas impossibles à vivre.
Oui, l’incertitude est là mais nous avons aussi des certitudes.

Ce qui est mauvais est de se laisser happer par l’insécurité de l’incertitude. Nous devons apprendre à analyser les racines de l’incertitude, ce en quoi elle nous affecte et jusqu’à quel point cela vaut la peine de mettre en péril notre véritable être intérieur sur l’autel de l’indécision, en attendant des temps meilleurs dont nous ne savons pas s’ils arriveront ni ce qu’ils seront.

Il est certain que nous subissons depuis des mois une pandémie qui nous affecte, ou bien directement ou bien à travers la peur d’attraper la maladie. Il est certain que les morts de tant de personnes et d’êtres chers deviennent une blessure difficile à refermer. Il est certain que la situation économique ne se présente pas comme favorable et produit plutôt une forte angoisse face à l’avenir. Il est certain que, conjointement, explosent des guerres, petites et grandes, sources de souffrances tant par l’irrationalité des motifs qui les provoquent et, plus encore, par les victimes qu’elles coûtent. Ce panorama peut nous conduire à douter de tout.
Mais il est également certain que pour tous ceux qui ont ressenti une grande attraction pour la Philosophie et ses réflexions, nous avons tous découvert que la vie est beaucoup plus riche que les expressions qui se réfèrent aux affections et carences physiques.

Il est certain que nous avons expérimenté que l’imagination et la créativité surgissent de façon inespérée, offrant des solutions à ce qui au départ nous paraissait impossible. Nous acquérons soudain des aptitudes dont nous n’avions même pas rêvé. Aider les autres nous réconforte plus que tourner en rond autour de nos propres douleurs. Chaque minute de la journée acquiert une plus grande importance, nous apprécions davantage les petites choses que nous avons et qu’avant nous ne voyions même pas.

Il est certain que nous apprenons des choses sur la vie et la mort qui se chargent de plus de valeur que les simples mots. Nous avons des idées plus fermes sur les valeurs morales et nous expérimentons une fortitude intérieure qui n’apparaissait pas auparavant. Ces enseignements ont modifié nos paroles, nos sentiments, nos actions. Nous affirmons davantage nos idées sur les aspects essentiels de l’existence.

Qui parmi nous peut affirmer qu’il ne sera jamais malade, que jamais la mort ne l’atteindra ? Qui peut affirmer que la douleur n’apparaîtra pas dans sa vie ? Qui peut certifier que ses possessions matérielles sont indestructibles ?
Mais, par contre, nous pouvons affirmer que nous avons découvert la fraternité face à la douleur, que nous pouvons pallier la misère en créant de nouvelles sources de survie qui n’ont pas nécessairement à être celles que nous concevons maintenant comme confort et commodité. Le passé avec ses expériences est un trésor inestimable ; le futur peut se construire jour après jour. Faisons disparaître l’incertitude avec nos certitudes et tout changera positivement.

par Délia STEINBERG GUZMAN
Traduit de l’espagnol par M.F. TOURET
N.D.L.R. : Le chapeau a été rajouté par la rédaction

 

  • Le 30 novembre 2020
  • Non classé Philosophie à vivre
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À lire N°315

Vient de paraître
Hors-série N° 9 Revue Acropolis

Neurosciences et sciences traditionnelles, une rencontre fructueuse
par Collectif
Éditions Nouvelle Acropole, 2019, 84 pages, 8 €

Les dernières découvertes dans les neurosciences démontrent –  appareils de mesure à l’appui, et grâce à l’appui de Sa Sainteté le Dalaï Lama et du Mind and Life Institute –, les bienfaits de certaines pratiques spirituelles sur le corps et l’esprit et dans notre comportement. Les pensées émanent-elles du cerveau ? Il semblerait que non, affirment certains scientifiques. Le cerveau ne serait que leur réceptacle, et lors d’expériences de morts imminentes (E.M.I.), la conscience (conscience intuitive extra-neuronale ou C.I.E.) suivrait son propre chemin, même lorsque celui-ci est « hors ligne », par l’expression d’états d’expansion de conscience particuliers. La conscience présiderait-elle à la matière ? Qui nous fait agir et conditionne nos habitudes ? Nos pensées, nos émotions, nos instincts, notre conscience ? Certaines pratiques corporelles (arts martiaux internes, yoga…) et d’autres, de concentration, de méditation, d’imagination créatrice… nous font toucher du doigt qu’il est possible de changer dans notre corps et dans notre esprit.
À découvrir avec l’apport du colloque organisé par Jean Staune, Santé, Méditation et Conscience.
Numéro à se procurer dans les centres de Nouvelle acropole : www.nouvelle-acropole.fr

 

Symbolisme du corps humain
Vol 1 : Pieds, chevilles, tibia, genoux, cuisses, hanches
Le Parchemin magnifique
par Luc BIGÉ
Éditions Réenchanter le monde, 2019, 233 pages, 21,10 €

Luc Bigé, auteur de livres sur le symbolisme de l’astrologie, de la mythologie grecque et de la nature de la conscience, s’intéresse aujourd’hui au corps humain. Le corps humain, des pieds à la tête, se lit comme un parchemin naturel qui, par ses formes, ses couleurs, ses fonctions et sa géométrie, parle de la nature humaine en ses profondeurs. Des formes externes aux formes internes, il manifeste symboliquement notre identité spirituelle. Dans son dernier livre, premier d’une série de six volumes, l’auteur commence le parcours initiatique en partant des pieds jusqu’aux hanches. Sa description fait appel à la mythologie grecque, à la langue des oiseaux, au symbolisme des formes et des couleurs, à l’astrologie. Il rend ainsi au corps sa noblesse, sa fonction de « corps-temple ».

 

Devenir Hyperconscient
Des capacités extraordinaires à la portée de tous
par Jean-Jacques CHARBONIER
Éditions Guy trédaniel, 2019, 222 pages, 18 €

Depuis plus de vingt ans, le Dr Jean-Jacques Charbonier, médecin anesthésiste-réanimateur, étudie en toute indépendance les états de conscience modifiés et les expériences de mort provisoire. Il a d’abord recueilli des centaines de témoignages de personnes ayant vécu des histoires époustouflantes lors d’arrêts cardiaques ou de comas. Puis il a crée des ateliers dans lesquels il a placé plus de 10 000 personnes sous hypnose et recueilli avec beaucoup de rigueur et d’attention leurs témoignages. Il décrit le processus de l’hyperconscience, état dans lequel on entre dès que le cerveau ralentit son fonctionnement, aussi bien lors d’un electro-encéphalogramme plat que l’ors des états de conscience suscités par la médiation, la prière ou l’hypnose. L’hyperconscience peut par ailleurs avoir des effets bénéfiques sur la santé, en termes de réduction du stress et de ralentissement du vieillissement cellulaire. L’hyperconscience n’est en fait pas autre chose que la capacité à se connecter à la Conscience Intuitive Extraneuronale, décrite dans un précédent ouvrage du même nom, publié en 2017. Plus cette capacité est développée et plus on la met en œuvre, plus on est hyperconscient.

Symbolique des Cathédrales
par Félix SCHWARZ
Photographies de David BORDES
Édition du Palais, 2019,184 pages, 25 €

C’est une réédition du livre paru en 2012, dans un plus grand format qui aborde les grandes cathédrales de France sous l’angle du langage symbolique. Les cathédrales sont une image réduite de la Création avec les trois niveaux de l’univers : le Ciel, la Terre, le Monde souterrain. Une promenade culturelle et touristique à travers la France des cathédrales et un parcours initiatique, de Saint-Denis, qui vit naître l’art gothique, à Notre-Dame de Paris, bâtie à l’image de la Jérusalem céleste… On appréciera d’autant plus ce livre depuis que la cathédrale Notre-Dame de Paris a été ravagée en avril 2019 par un terrible incendie qui a détruit des éléments architecturaux qui avaient traversé les siècles. Un témoignage de Notre-Dame de Paris d’avant.

Manuel de sagesse païenne
Pour un nouvel art de vivre avec les philosophes anciens
d’Orient et d’Occident
par Thibault ISABEL
Éditions Le Passeur, 2020, 240 pages 19,50 €

Comment bien conduire sa vie ? Faut-il craindre la mort ? Quel rapport l’homme entretient-il avec le cosmos ? Quelle place accorder aux valeurs masculines et féminine ? Comment se sentir en harmonie avec nous-même et la société ? Comment être heureux ? Autant de questions qui se posent encore aujourd’hui, alors que les religions ne gouvernent plus la société. Les sagesses des Anciens peuvent nous donner des réponses atemporelles. L’auteur nous propose de redécouvrir une nouvelle spiritualité à partir des philosophes d’Orient et d’Occident pratiques pour nous aider à nous repérer dans le monde d’aujourd’hui.

Nietzsche
Biographie d’une pensée
par Rüdiger SAFRANSKY
Traduit de l’allemand par Nicole CASANOVA
Éditions Babel, 2019, 442 pages, 10,70 €

Connu pour ses biographies philosophiques de Schopenhauer et de Heidegger, Rüdiger Safranski s’intéresse à la biographie de la pensée de Friedrich Nietzsche, pensée toujours en mouvement. Il raconte comment les pensées du philosophe, qui a influencé les grandes idéologies du XXe siècle mais également de nombreux artistes et penseurs,  jaillissent de la vie, se répercutent sur la vie et la changent.

Le héros, le monstre, la mort
par Efi PAPAVASSILOPOULOU
Éditions du Panthéon, 2019, 88 pages, 11,90 €

Certains héros ont un parcours solitaire qui les amènent à affronter des monstres. Ils présentent des ressemblances mais également des différences qui jouent un rôle identificatoire important pour les sociétés. L’auteur s’interroge sur la significations des exploits d’ Hérakles, Persée et Thésée. Écrit par un médecin, psychiatre des hôpitaux et psychanalyste dont les lectures ont été influencées par Aristote, Platon ou encore Heidegger.

Mémoires d’un arbre
Éco-fable
par Guido Mina Di SOSPIRO
Éditions Hugo Documents, 2019, 240 pages, 8,50 €

Ce roman imagine l’histoire du monde à travers le regard d’un arbre, un if, âgé de 2500 ans, dont l’histoire est liée à celle de l’homme, depuis l’origine jusqu’à nos jours. Un arbre qui se renouvelle de l’intérieur vers l’extérieur, dont l’âge est impossible à déterminer, l’arbre de la mort et de la longévité. Par un auteur qui a mené pendant plus de 10 ans des recherches dans les plus beaux jardins botaniques du monde et avec les botanistes les plus renommés.

Nouveau monde cherche nouveaux dirigeants
Leadership humaniste
par Nathalie RODARY
préface de Pierre Bellon
Éditions Guy Trédaniel, 2019, 192 pages, 17 €

Le monde entier est entré dans une phase de mutation, une rupture (discontinuité) qui implique le passage à autre chose de totalement différent, à un changement d’état. Nous sommes à bout et nous sommes au bout individuellement et collectivement. L’humain est au cœur de cette mutation. Nous assistons à un éveil de conscience planétaire à un nouveau monde dans lequel l’immatériel (le spirituel), la conscience de soi, l’ouverture du cœur, la réhabilitation du lien, la conscience du Beau, l’imagination sont des valeurs en poupe. Nous avons besoin de nouveaux dirigeants, humanistes capable de nous éveiller à toutes ces dimensions et qui s’étant changés eux-mêmes, peuvent œuvrer pour l’humanité, devenir des leaders de la transformation de l’humain et de la société. Écrit par une chef d’entreprise qui a milité dans un club APM (association pour le progrès du management).

Krishnamurti, mon ami
Un joyau sur un plateau d’argent
par Padmanabhan KRISHNA
Almora Éditions, 2018, 457 pages, 22 €

L’auteur est membre de la société théosophique depuis de longues années et fut proche de Krishnamurti pendant plusieurs décennies. Il fit des études de physique à l’université de Delhi et devint membre de l’académie des sciences de l’Inde ! Il prit sa retraite de l’université à la demande de Krishnamurti pour rejoindre le centre éducatif de Rajghat en tant que recteur à la fondation Krishnamurti de l’Inde. Il est l’auteur idéal de cette contribution à la compréhension de cet instructeur du vingtième siècle.

 

N’ayez plus peur de la mort
Comment passer en paix d’un monde à l’autre
par Arlette TRIOLAIRE
Éditions Guy Trédaniel, 213 pages, 18 €

C’est à travers sa vie et ses expériences de vie hors du commun, qu’Arlette Triolaire cherche à communiquer aux lecteurs ses certitudes sur la vie sur Terre que nous avons choisie, pour progresser en étant accompagnée des forces supérieures sur ce chemin initiatique ardu. Elle est praticienne en communication profonde et elle s’appuie sur divers enseignements spritualistes comme le christianisme, le bouddhisme, le judaïsme.

  • Le 30 janvier 2020
  • Littérature
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Nicolas Poussin, L’Antiquité impose sa marque au message chrétien

Chez Poussin, le peintre philosophe donne sa grandeur à l’homme. Celle-ci n’en est pas moins soumise à la volonté divine.

Nicolas Poussin (1594-1665), peintre à la cour de Louis XIII en 1640-1642, est un représentant majeur de l’art classique français au XVIIe siècle. Fasciné par l’Italie, il a passé la plus grande partie de sa vie à Rome.
Dans la péninsule, il a acquis cette sagesse issue de l’Antiquité qu’il exprimera dans ses œuvres ; le stoïcisme, en particulier, l’a véritablement fasciné. Elle fut renforcée par sa lecture de Montaigne, chez qui elle était très présente. Tous ses tableaux témoigneront d’une foi intellectualisée et parfaitement sereine. Si Philippe de Champaigne (1), son contemporain, passe pour un peintre mystique, Poussin est un peintre philosophe car il veut éclairer intellectuellement la religion par la sagesse antique dont le christianisme est l’héritier.

Une conscience de sa valeur

C’est en 1650 que Nicolas Poussin fait son autoportrait à la demande de son ami Chantelou. L’art de l’autoportrait consiste à se poser une question sur soi-même. « Qui suis-je ? » se demande-t-on. « Je ne vous veux pas dire la peine que j’ai eue à faire ce portrait, de peur que vous me croyiez que je le veuille faire valoir » (1) écrivait l’artiste à Chantelou. « Je me suis tourné vers moi-même et je me suis dit   » Mais toi qui es-tu ?  » » (2) dit Saint Augustin dans ses Confessions. Vient ensuite la réponse que l’on donne à cette question.

Dans son portrait, le peintre a exprimé ses principes et, philosophe, s’est d’abord représenté sur le plan humain. Son visage, à moitié laissé dans l’ombre, exprime sévérité et force d’âme. Il tient dans les mains un carton rempli de dessins, image de l’excellent dessinateur qu’il est devenu. Il se détache comme en relief par rapport aux tableaux à l’arrière-plan. Dans toutes ses toiles, ses personnages semblent sortir du tableau, une façon de montrer la place éminente que l’artiste accorde à la volonté humaine. Telle est la grandeur de l’homme dont est devenu parfaitement conscient Nicolas Poussin.

Mais ce dernier n’est pas resté cantonné dans les seules affaires de ce monde. Une volonté de transcendance est chez lui affirmée par la présence derrière lui d’une image montrant une jeune femme portant un diadème, tenue de manière affective par deux mains. Le personnage est la muse de la peinture. Ce rappel de l’Antiquité est mis en relation par l’artiste avec les préoccupations spirituelles de son temps. Les deux mains maintenant la muse expriment l’amour et l’amitié, deux valeurs fondamentales témoignant de son amitié pour Chantelou. Ces deux sentiments sous-tendent une grande part de l’œuvre de Poussin et manifestent en lui son intérêt pour le stoïcisme antique. « Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer, qu’en répondant : Parce que c’était lui, parce que c’était moi » (3) disait sur l’amitié Montaigne, très marqué par le stoïcisme. L’œil placé au centre du diadème représente l’âme du peintre éclairée par Dieu.

L’homme magnifié par la nature

Le stoïcisme de l’artiste est également présent dans ses paysages. Les stoïciens pensaient que le monde était une puissante harmonie répondant à un ordre parfait et, dans ce contexte, visaient à promouvoir la toute-puissance de la volonté humaine. « La vraie liberté c’est de pouvoir toute chose sur soi » (4) disait Montaigne. Le bonheur ne pouvait être atteint que dans le désir de vivre en conformité avec la nature. Aussi, Poussin conçoit-il toujours ses paysages animés par l’homme.

L’une de ses toiles exprime ce rapport idéal entre l’homme et la Création, Paysage avec les funérailles de Phocion (1648). Par son caractère inéluctable, la mort donne un sens à la vie humaine.
L’artiste y montre le corps d’un homme d’État porté par deux esclaves. Phocion était un général athénien du IVe siècle avant Jésus Christ, qui bien qu’il ait été contraint de faire la guerre toute sa vie, ne demandait que la paix pour sa patrie. Accusé d’intelligence avec les Macédoniens, il fut injustement condamné à mort. Montrant son cadavre, Poussin a voulu témoigner de l’insignifiance de la condition humaine. Chacun est soumis aux caprices de la fortune ; nul n’est maître de son destin. L’artiste s’est attaché à exprimer cette résignation en montrant les hommes vaquant à leurs occupations, indifférents au sort de l’illustre défunt.
Un message d’espérance n’en est pas moins adressé par l’artiste et il semble que toute la nature donne un caractère de joie atténuant la tragédie. Le regard chemine lentement du premier plan vers un ciel azuré.
C’est ainsi que dans Les funérailles de Phocion, ce caractère ineffable du destin est dépassé dans la mesure où Poussin lui a substitué la foi en la providence. « Nous n’avons rien en propre, nous tenons tout à louage » (5) disait-il.

Entre l’homme et la nature existe un échange et l’on ne peut être que frappé par la stabilité des bâtiments intégrés au paysage. « Tout se mêle et se distingue sans peine ; tout s’unit et fait corps » (6) fait dire Fénelon à Poussin. On trouve deux tendances chez notre artiste. D’une part, dans la mesure où Dieu s’est fait homme, il veut donner à ce dernier toute sa grandeur ; d’autre part, il veut exprimer le contraste entre la majesté de la nature et la fragilité de la créature.

La mort sanctifiée par la grâce

Dans un autre de ses tableaux, l’artiste a accordé une plus grande force au rôle détenu par la mort dans la relation avec le divin, Les bergers d’Arcadie (1655), exposé au Louvre.
Il s’agit d’un Memento mori, une vanité, un tableau visant à nous faire entrevoir que la mort viendra inévitablement conclure les vies les plus heureuses. L’Arcadie passait traditionnellement pour être le lieu d’une vie champêtre idyllique. Poussin nous montre quatre personnages rassemblés près d’une pierre tombale, s’interrogeant sur une inscription, Et in Arcadia ego, « Moi (la mort), je suis aussi en Arcadie ». Chaque personnage est autonome par rapport aux autres. Seul, leur intérêt pour l’inscription les réunit dans une méditation silencieuse. La science des attitudes, caractéristique de Poussin, exprime leur humanité. L’artiste « sculpte » des positions de manière très significative.

Ce parfait équilibre culmine dans l’attitude de la femme à droite, personnage allégorique représentant le destin. Elle met le bras sur son voisin dans une volonté d’apaisement. « Quelle importance, semble-t-elle lui dire, la mort n’est qu’un passage ». Seul élément féminin, le personnage évoque les prophétesses antiques ayant reçu le don de divination. Quelle que soit la dimension humaine des œuvres de notre artiste, toujours Dieu manifeste Sa puissance. C’est la grâce qu’incarne cette femme, témoignage de la providence maintes fois exprimée par le peintre, une grâce muette mais qui n’en communique pas moins sa force aux contemplateurs de l’œuvre.

L’œuvre de Poussin est marquée par le sentiment du destin. En même temps, il a su exprimer en l’homme la sensibilité à la beauté de la nature, l’intelligence et l’action qui suppose le travail. « Tu es libre, mais il faut faire attention », c’est le message qu’il nous délivre. Le destin présent dans Les bergers d’Arcadie exprime l’humanité illuminée par la divinité.

(1) Lire article sur Philippe de Champaigne dans revue Acropolis N°273 (avril 2016)
(2) Nicolas Poussin, Lettres et propos sur l’art. Paris : Hermann, 1989, Lettre à Chantelou, Rome, 19 juin 1650, page 157
(3) Saint Augustin, Les confessions. Paris : Gallimard, 1998, Livre X, VI, 9, p.987
(4) Michel de Montaigne, Essais, Livre 1er, Chapitre XXVIII
(5) Ibidem, Essais, Livre III, chapitre II
(6) Colette Nativel, Poussin et sa culture de l’antique d’après sa correspondance, dans Bayard et Fumagalli, 2011, pages 328-329
(7) Fénelon, Dialogue des morts. Cité dans Paul Jamot, Les funérailles de Phocion par Poussin au musée du Louvres. Paris : Gazette des Beaux-arts, 1921, page 326
Bibliographie :
Milovan Stanic, Poussin Beauté de l’énigme, Éditions Jean-Michel place, 1994
Nicolas Milovanovic, Mikaël Szanto, Poussin et Dieu. Louvres éditions, 2015
Par Didier LAFARGUE

  • Le 29 octobre 2019
  • Art
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