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Tag Archives : liberté

Trouver retraite en soi

À la manière des stoïciens, trouver en soi une retraite fiable et sereine, est un exercice d’accompagnement pour vivre en paix avec soi-même et avec le monde, malgré toutes les circonstances difficiles. Un lien de rencontre avec soi-même.

Trouver ce lieu de retraite ne signifie pas vivre en plein égoïsme ou en repli sur soi, mais en ouverture d’un un espace intérieur, une place inexpugnable, comme une citadelle imprenable par les assauts extérieurs ; un lieu de rencontre avec soi-même, lieu de notre conscience la plus élevée, non pas en rupture mais en lien avec l’essentiel.

Toutes les citadelles du monde offraient un abri et une protection aux rois et au peuple confrontés aux menaces des barbares venus d’autres pays. Elles étaient toutes placées en hauteur afin de développer une vue à vol d’oiseau. Elles étaient autonomes, construites avec des matériaux solides et durables, et abritaient tout ce qui était nécessaire à la vie.

Si nous voulons une citadelle intérieure comme celle-ci, il conviendra de lui donner une vie intérieure et d’asseoir la raison sur le trône afin qu’elle puisse nous guider sur le chemin de la vertu et ainsi atteindre la tranquillité de l’âme en toute situation. Il sera également utile d’avoir de bons gardiens de la citadelle afin que les biens obtenus soient permanents.

Notre citadelle intérieure est un espace intime, à construire et à fortifier, auquel on accède en développant l’art de vivre.
Et c’est là notre premier défi : construire et fortifier notre citadelle intérieure.
Notre deuxième défi est de la visiter, au moins le matin et le soir, mais aussi peut-être dans la journée, quand la nécessité d’âme se fera sentir.

Car en effet ce noyau de liberté inexpugnable se construit à partir de notre faculté de penser les choses. Selon Épictète, « ce ne sont pas les choses qui troublent les hommes, mais les idées qu’ils se font des choses ». Autrement dit, les choses n’ont une action sur soi que dans la mesure où nous les qualifions d’une représentation. Or nous sommes tout à fait libres de penser ce que nous voulons sur les choses et d’en choisir nos représentations. C’est la grande différence que font les stoïciens entre les choses qui dépendent de nous (nos jugements) et les choses qui ne dépendent pas de nous (les choses elles-mêmes). C’est bien cela qui définit ce noyau inexpugnable de la personnalité, appelé la citadelle intérieure.

C’est une qualité en soi que de cultiver cet art de l’indépendance vis-à-vis des choses et des circonstances qui nous entourent.
Liberté et indépendance assurent au philosophe la paix intérieure, l’ataraxia. « Cette paix, cette tranquillité de l’âme, est la valeur la plus haute dans l’Antiquité, fascinée par l’image de l’homme qui, au milieu des adversités, des troubles de la cité, des catastrophes cosmiques, reste imperturbable » (1).

Comment construire cette liberté intérieure inexpugnable ? En s’exerçant à la sagesse, en pratiquant des exercices d’entraînement de l’esprit, de vigilance, d’attention, par des examens de conscience, par des efforts de volonté, par l’exercice de la mémoire qui renforceront la liberté de juger et l’indépendance vis-à-vis de nos passions désirantes.

Alors selon Marc Aurèle, « on se cherche des retraites à la campagne, au bord de la mer, à la montagne ; et toi aussi, tu as coutume de désirer ces sortes de choses au plus haut point. Mais tout cela marque une grande simplicité d’esprit, car on peut, à toute heure de son choix, se retirer en soi-même. Nulle part on ne trouve de retraite plus paisible, plus exempte de tracas, que dans son âme, surtout quand elle renferme de ces biens sur lesquels il suffit de se pencher pour recouvrer aussitôt toute liberté d’esprit ; et par liberté d’esprit, je ne veux dire autre chose que l’état d’une âme bien ordonnée. Accorde-toi donc constamment cette retraite et renouvelle-toi » (2).

À chacun de construire sa citadelle intérieure, inexpugnable ! … et de la visiter tous les jours.

(1) La figure du sage dans l’Antiquité, dans Études de philosophie ancienne, Pierre Hadot, Éditions Belles Lettres, 2010, 400 pages
(2) Pensées pour moi-même, IV, 3,  suivi du Manuel d’Épictète, Marc Aurèle, Éditions Flammarion 1999, 222 pages
par Catherine PEYTHIEU

  • Le 23 février 2021
  • Vaccin philosophique de l'âme
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Réponse à Luc Ferry : la folie du spinozisme

Selon le philosophie Baruch Spinoza (1632-1677), tout serait inscrit dans le plan de Dieu, tout serait déterminé sans la moindre liberté possible. Qu’en est-il exactement ? Luc Ferry fait le point sur le sujet dans un article paru dans le Figaro.

Le 5 mars 2020, Le Figaro a publié un article de Luc Ferry sur le déterminisme de Spinoza (1). Il en fait la critique en prenant l’exemple d’un film. Le spectateur qui le verrait pour la première fois pourrait avoir l’illusion que les personnages sont libres, que leurs choix font bifurquer l’intrigue à chaque instant. Mais il ne faut pas être dupe : le scénariste et le metteur en scène ont tout prévu depuis le début et il n’est pas de bifurcation possible. Ainsi en serait-il du monde selon Spinoza : nous éprouvons des émotions de haine et de colère parce que nous croyons que les choses peuvent être autres qu’elles sont, mais en réalité, tout est inscrit dans le plan de Dieu, tout est déterminé sans la moindre liberté possible.

La liberté : une illusion ?

Le déterminisme de Spinoza est l’un des plus radicaux qui soit, c’est une évidence. Néanmoins, la critique qu’en fait Luc Ferry est tellement simpliste qu’elle ne permet pas de creuser la question. En finissant son article de cette façon : « Je n’ai jamais compris comment un adulte intelligent pouvait adhérer à ces fables plus de trois minutes », Luc Ferry cède à un penchant habituel chez lui : le désir de satisfaire un large public en vulgarisant à outrance une pensée complexe. Il y a quelques années, l’un de ses exposés sur Nietzsche avait provoqué chez moi la même réaction : il ridiculisait l’idée nietzschéenne d’amor fati – l’amour inconditionnel de son destin – en prenant l’exemple d’un déporté à Auschwitz… ce en quoi on serait tenté de dire : « mais oui bien sûr, c’est idiot ! » Le même sort est réservé à Spinoza avec son célèbre déterminisme.

Ne pas céder aux interprétations simplistes

Essayons maintenant de sortir des clichés. Qu’on soit ou non d’accord avec une idée philosophique n’empêche pas de la questionner honnêtement pour en tirer le meilleur enseignement possible. Cela est certainement possible, avec une idée en apparence aussi radicale que celle du déterminisme de Spinoza, quand on sait que ce dernier a fait preuve toute sa vie, à son propre péril, d’un incroyable militantisme politique. Si tout est écrit d’avance, si on ne peut rien changer à la trame des événements, comment se fait-il que Spinoza ait défendu avec passion les valeurs républicaines dans un siècle miné par l’intolérance et l’obscurantisme ? – Son déterminisme n’est certainement pas le déterminisme caricatural que semble pointer du doigt Luc Ferry.

Comprendre le sens profond de la liberté

Spinoza est souvent considéré comme le père de la modernité politique : il a défendu la démocratie, la laïcité, l’égalité devant la loi, la liberté de croyance et d’opinion. On comprend dès lors que le déterminisme sur lequel il insiste tant ne peut se résumer à une sorte de détachement passif devant une succession d’événements inéluctables. À mon sens, Spinoza est un philosophe qui permet de penser en profondeur la liberté. Comme il l’explique dans l’Éthique, l’homme vulgaire croit qu’il est libre dans la mesure où il lui est permis d’obéir à l’appétit sensuel. Spinoza rejoint en cela la longue tradition philosophique qui incite les hommes à se placer au-dessus de leurs passions au nom d’une plus haute finalité. Mais contrairement à un philosophe comme Descartes qui conçoit une liberté absolue de l’homme en son for intérieur, Spinoza, de façon beaucoup plus modeste, rappelle que l’homme n’est pas « un empire dans un empire ». La volonté ne peut être appelée « cause libre », mais seulement « cause contrainte ». En clair, la liberté véritable n’est pas le libre arbitre cartésien, tout-puissant en son royaume, mais une voie de l’autonomie, c’est-à-dire la capacité à suivre sa propre loi, sa propre nécessité intérieure.

Le déterminisme ne nous prive pas de notre pouvoir

La liberté de Spinoza n’est pas une liberté « ex nihilo », mais un jeu subtil d’éclairages par lequel la conscience de l’homme fait la lumière sur telle ou telle impulsion interne pour en favoriser l’expression. Certaines impulsions sont de l’ordre de la « cause adéquate » et sont dites actives, car reposant sur une connaissance claire et distincte des choses, tandis que d’autres sont de l’ordre de la « cause inadéquate » et sont dites passives, car issues de perceptions incomplètes et confuses comme celles que déforment nos désirs. À aucun moment le philosophe ne dit qu’il n’y a rien à faire contre la succession inéluctable des événements. Dans l’Éthique, il affirme : « Aussi longtemps que nous ne sommes pas dominés par des affections qui sont contraires à notre nature, nous avons le pouvoir d’ordonner et d’enchaîner les affections du corps suivant un ordre valable pour l’entendement. » Ce mot qu’il utilise : « Nous avons le pouvoir », marque bien cette subtile contradiction – toujours féconde en philosophie – au sein de son déterminisme. Il dit en outre qu’il est « nécessaire de connaître la puissance et l’impuissance de notre nature, afin de déterminer ce que peut et ne peut pas la raison pour le gouvernement des affections. » Voilà, il me semble, l’enseignement le plus intéressant que l’on peut tirer du déterminisme de Spinoza.

Le pouvoir de la raison

La raison en l’homme n’est pas un souverain tout-puissant qui tiendrait lui-même les rênes de nos vies. « Le désir, nous dit Spinoza, est l’essence même de l’homme en tant qu’elle est conçue comme déterminée. » Notre seul « pouvoir », si l’on peut dire, c’est de braquer le projecteur de notre raison sur tel ou tel objet de nos sens internes ou externes pour favoriser l’expression de tel ou tel affect. Et c’est cet affect qui nous mettra en mouvement, qui changera le cours des choses. Ainsi, pour Spinoza, il ne s’agit jamais d’anéantir le désir, mais de l’orienter correctement. Il ajoute par ailleurs que «  une affection ne peut être réduite ni ôtée sinon par une affection contraire, et plus forte que l’affection à réduire. » En clair, on ne réduit pas la tristesse en se raisonnant, mais en faisant naître en soi la joie, on ne réduit pas la haine par une suite d’arguments logiques, mais en faisant naître en soi l’amour.

Pratiquer la vertu

C’est parce qu’il a soumis l’homme, Dieu et l’univers tout entier à une stricte nécessité, que Spinoza nous aide, mieux qu’aucun autre philosophe, à voir précisément le « point pivot » à l’intérieur de nous-mêmes sur lequel joue notre liberté. La marche à suivre pour gagner en liberté n’est guère différente de celle préconisée par les philosophes depuis la plus haute Antiquité : il s’agit de pratiquer la vertu. Toutefois, la vertu, sous sa plume, n’apparaît plus comme un renoncement, une privation comme l’affectionnaient les religions de son temps, mais une véritable « puissance de l’esprit ». La tempérance, la sobriété et la chasteté, quand elles sont pratiquées avec discernement, ne nous entravent pas. Au contraire, elles nous révèlent à nous-mêmes pour ce qui, en nous, est véritablement actif et libre. Actif, libre – et éternel.

Ce qui est déterminé par avance ne saurait être difficile

Spinoza conclut ainsi son Éthique : « Cela doit être ardu qui est trouvé si rarement. […] Mais tout ce qui est beau est difficile autant que rare. » N’est-il pas étrange de considérer que certaines choses sont ardues quand tout, d’un bout à l’autre de la longue chaîne des êtres, de l’infiniment grand à l’infiniment petit, obéit à un strict déterminisme ? Nous sommes face à un paradoxe, subtil, palpitant, qu’il nous appartient de laisser mûrir en nous pour ne pas céder aux opinions simplificatrices. Spinoza n’abolit pas la liberté. Bien au contraire, il la rend à son puissant mystère. Certes, son style rationaliste et sa méthode géométrique peuvent induire en erreur. Pour en tirer les meilleurs enseignements, il convient donc de lire son œuvre avec un esprit honnête, dépouillé de préjugés.

(1) Articles parus dans Le Figaro
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/03/07/31003-20180307ARTFIG00244-luc-ferry-le-spinozisme-sagesse-ou-folie.php
https://www.lefigaro.fr/vox/culture/luc-ferry-folie-du-spinozisme-2020030

Les citations de l’Éthique de Spinoza sont tirées de l’édition G.F Flammarion, traduction de Charles Appuhn 1965

par Fabien AMOUROUX

  • Le 26 septembre 2020
  • Philosophie
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Vivre notre spiritualité aujourd’hui

Nous devons vaincre les peurs qui nous paralysent pour initier le chemin de réconciliation avec la dimension intérieure et pouvoir vivre ainsi avec naturel la spiritualité.

 

 « La majorité des gens ne savent pas exactement quel est le sens de leur vie ou en d’autres termes, ils ne savent pas pourquoi ils vivent. » Sri Ram

Dépendre de l’extérieur ou découvrir notre profondeur

Notre éducation et le mode d’action de notre société nous ont habitués à nous tourner vers l’extérieur et à dépendre des autres pour agir.
Nous sommes rarement la cause de nos décisions et nous vivons très en surface. Si nous étions plus profonds, l’intériorité ne serait pas une complication.

Les difficultés sont à la mesure de notre quête de facilité. Plus on cherche la facilité, moins il est facile de faire face à l’adversité. Notre société nous a éduqués à la facilité, au confort, à l’immédiateté et l’adversité est vue comme quelque chose d’impensable dans notre monde actuel.
Or, la crise du COVID-19 nous met devant la difficulté, la mort, le confinement.

Il faut donc s’habituer, dans le calme, à aller plus au fond de nous-mêmes. Se trouver soi-même, c’est être moins manipulable, moins dépendant du système consumériste et matérialiste et moins polluer à tous les niveaux.

La vie intérieure se cultive

Nous sommes peu concentrés, peu attentifs, nous perdons beaucoup de temps. Nos difficultés sont en rapport avec notre propre négligence. La recherche de la facilité et la négligence nous empêchent de trouver d’autres modes d’action, d’autres formules …

La vie intérieure se vit dans nos consciences et elle « s’éduque » comme le disait Husserl.

Ne rien tenir pour acquis, et anticiper la perte possible de ce qui nous est cher.
Les stoïciens se préparaient aux revers possibles d’une vie imprévisible et souvent douloureuse, telle que nous l’a montrée l’expérience du COVID-19 et du confinement.
Il ne s’agit pas de noircir notre existence, mais de ne rien tenir pour définitif et de ne pas jouer les victimes.

Épictète partait du principe que « ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu’ils en ont ». Donc, nous ne devons pas en vouloir aux événements, mais plutôt travailler sur nos représentations, changer nos imaginaires par l’imagination, pour apprendre à faire des pas de côté, à regarder la même chose dans une autre perspective.
Trouver dans le malheur une occasion de progrès intérieur, changer ce qui peut l’être, s’accoutumer à la mort, cultiver la gratitude et l’émerveillement.
« Tu n’as été ébranlé par nul autre que par toi-même. Lutte contre toi-même, arrache-toi pour te tourner vers la décence, vers l’honneur, vers la liberté.[…] Commence par condamner tes actes, puis, après cette condamnation, ne désespère pas de toi. Apprends la méthode des professeurs de gymnastique. L’enfant est tombé : « Lève-toi, dit le professeur, reprends la lutte jusqu’à ce que tu sois devenu fort. » C’est ainsi que tu dois réagir, toi aussi. Sache en effet que rien n’est plus facile à conduire qu’une âme humaine. Il faut vouloir et c’est fait. Elle est redressée. Inversement, si elle se néglige, elle est perdue. C’est au dedans de nous que sont la perte et le salut. » (Épictète) (1)

L’esprit : l’élévation de la vie

L’esprit est ce qui conduit à l’élévation de la vie. Ce qui est esprit élève, ce qui n’est pas esprit alourdit. L’esprit nous permet d’aller plus haut que là où on est. (Toute chose spirituelle élève). L’esprit allège et la matière alourdit. Il faut gérer le rapport entre la lourdeur et la légèreté. Nous devons voir les choses avec recul et hauteur. Sans esprit, il n’y a pas de forme élevée ou inspiratrice.
La recherche de confort et la mécanicité nous enlèvent la dimension de l’esprit. Trop de facilité, trop de confort, ne sont pas la spiritualité. Se sentir bien n’est pas forcément être meilleur.
L’élévation de la vie nous permet de trouver le sens des choses. Si on quitte le sens des choses, on n’est plus philosophe car il n’y a plus de sagesse, plus de discernement. On revient à la mécanicité. On agit en réaction aux situations extérieures et on a du mal à se stimuler soi-même.

L’esprit est le contraire du repli sur soi. Il nous permet d’aborder des dimensions autres au lieu de nous replier sur nous-mêmes. Il nous permet de nous « déconfiner ». L’esprit donne de la créativité. L’esprit est un pouvoir de liberté.
Pratiquer la spiritualité implique un pouvoir de liberté face au monde : c’est ne pas faire parfois les choix que le monde attend de nous. La liberté philosophique permet de choisir d’être meilleur, de filtrer et d’éliminer ce qui entretient notre petitesse.L’esprit et le pouvoir de la liberté vont de pair parce qu’ils nous permettent de décider. Le vrai choix est liberté.

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Le mot esprit vient du latin, spiritus, le souffle qui donne la vie. Il ne s’agit pas de n’importe quelle vie ; le souffle donne vie à la respiration. L’anxiété étouffe. Quand nous sommes soulagés de nos contraintes, nous respirons. Nous ne pouvons pas vivre en apnée, nous ne pouvons pas vivre sans rythme. La respiration est un rythme : inspir et expir. Nous ne pouvons pas choisir entre l’un ou l’autre.

 

L’esprit est cette intelligence qui est en chacun et qui permet de comprendre le monde et de nous libérer de ce qui nous assujettit.
De quelle intelligence parle-t-on ? Pas du mental analytique qui ne supporte pas les contradictions. Lui, pense en bien/mal, blanc/noir, chaud/froid, car c’est rassurant. Ce mental veut toujours être du bon côté.
La vie n’est pas comme cela. Cette logique qui consiste à vouloir se rassurer en votant pour une colonne au détriment de l’autre n’est pas la vie. Cette vision coupe la vie en morceaux.

Dans le corps, les organes agissent ensemble et restent interconnectés. C’est une logique d’inclusion où les parties interagissent ensemble. Sinon, nous serions morts.
Intégrer les contradictions est indispensable car le réel est contradictoire et la vie bouge.
Si nous nous situons dans le mental universel qui peut comprendre l’interrelation entre la partie et le tout, nous pouvons accepter les contradictions. Accepter ne veut pas dire se résigner. Mais si nous n’acceptons pas, nous ne pouvons pas agir sur elles.
Les temps actuels nécessitent de l’adaptation et de l’agilité, en fonction des opportunités que la vie nous accorde. Vouloir tout contrôler nous fait quitter la vie. Il faut se détendre, respirer et continuer à vivre. La maîtrise est l’art de l’adaptation aux contraintes.

La capacité d’expliquer la réalité selon l’esprit surgit lorsque le mental synthétique est éclairé de l’intuition-sagesse. La vie spirituelle nous rend aptes à nous élever. Un être spirituel est capable de vivre l’adversité comme un challenge permettant de développer de nouveaux moyens. C’est ce qu’on appelle la Fortitude.

Faire retraite en soi-même est la source de la Fortitude.
« On se cherche des retraites, à la campagne, au bord de la mer, à la montagne ; toi aussi tu as l’habitude d’éprouver pour cela le désir le plus fort. Cela relève pourtant de la plus grande ignorance, puisqu’il est possible, à l’heure où on le veut, de se retirer en soi-même. Nulle part en effet l’homme ne trouve de retraite plus paisible et plus éloignée des soucis que dans sa propre âme, surtout s’il a en lui des choses qui donnent le bonheur dès qu’on se penche sur elles ; par bonheur, j’entends l’ordre harmonieux. Accorde-toi donc constamment cette retraite et renouvelle-toi. Aie des maximes brèves et élémentaires avec lesquelles il te suffira de reprendre contact pour aussitôt voir cesser toute inquiétude et revenir au monde sans t’irriter contre ce vers quoi tu retournes. » Marc-Aurèle (2)

Les trois clés de la vie spirituelle : silence, vide, immobilité

« Ce n’est que dans le silence et le repos intérieur que le Verbe et l’Esprit se font entendre dans le fond de l’âme, en son fond le plus intime et le plus pur ». Maître Eckhart
Pour que l’esprit se développe, il faut trois choses importantes qui sont les clefs de la vie spirituelle : silence, vide, immobilité.
Ces trois messagers de l’esprit apparaissent au premier abord comme redoutables pour ceux qui veulent s’initier à la vie spirituelle, mais en réalité, les apprivoiser nous fait découvrir les richesses de nos profondeurs.

            Le silence

Le silence intérieur est capital pour élever son esprit. Ce n’est pas la négation de la parole. La parole a ses limites. Il faut laisser des silences entre les mots et des silences entre les notes de musique, parce que sans silence, il n’y aurait pas de musique, pas de langage, il n’y aurait seulement que du bruit.
Le silence est lié à la notion de limites. L’ego personnel pense qu’il peut tout avoir et il ne veut surtout pas de limites. Mais sans autolimitation, nous allons à la catastrophe !

Le désir ardent et immodéré est la source de l’avidité dans nos sociétés matérialistes. Il est la principale cause de l’anxiété de nos concitoyens, produisant de la convoitise, de l’empressement nous amenant à accorder trop d’importance aux choses matérielles ou extérieures, à vouloir posséder et accumuler, des biens, des objets, entre autres ceux auxquels « monsieur tout le monde » accorde de la valeur.
La pratique du silence nous discipline en conscience pour comprendre où sont les frontières, les limites.

Comment puis-je me contrôler ? Pour me contrôler, j’ai besoin de me limiter. C’est-à-dire ne pas en faire qu’à ma tête. La pratique du silence est capitale. On se pose avec le silence. On prend du recul.
Parfois le silence s’impose ne serait-ce que pour écouter, se mettre à la place de l’autre. Cela implique la maîtrise de soi. Alors nous initions le travail  spirituel  et il faut pour cela une discipline de vie.

Comment transformer l’enseignement en comportement de vie ? Par une discipline de vie, c’est-à-dire en suivant des règles dans un ordre harmonieux. Sinon, nous serons dans le chaos et ne pourrons instaurer ni ordre, ni clarté, ni harmonie…
Pourquoi ne pas accepter les règles qui permettent de se former le caractère ? Adopter une discipline de vie fait de nous des disciples de la vie et des lois qui organisent l’univers.

           Le vide

Pour avancer, il faut se débarrasser de ses préjugés, de ses ignorances, de ses idées circulaires. Apprendre à faire le vide est très bon parce que le vide appelle le plein. Quand on se vide, on attire de nouvelles choses, on peut accueillir l’essentiel.
Quand l’univers est né, il était vide de matière, de substance, d’étoiles, de planètes. Il n’y avait que le potentiel de tout ce qui pouvait devenir.
Le vide est plein de potentialités. Nous devenons capables de discerner notre potentiel quand nous sommes vides et dans le silence. Les épreuves de la vie nous confrontent à de nouvelles situations.

Par exemple, le COVID-19 nous oblige à adopter de nouveaux comportements. C’est tout l’intérêt des épreuves qui nous poussent à chercher les graines de potentiel en nous. Dans le vide, nous trouvons les éléments qui nous permettent d’exprimer nos aptitudes.

          L’immobilité

L’immobilité est la source de tout mouvement. C’est l’expérience de la pesanteur, de l’enracinement et la libération des énergies retenues, qui permettent la prise de conscience du mouvement intérieur. Si nous n’acceptons pas l’immobilité, nous ne pourrons pas requalifier nos postures mentales, émotionnelles et corporelles.
Selon la relativité restreinte, tout système immobile ou au repos de masse « m » possède une énergie de masse « E » donnée par la relation d’Einstein E=mc2. Donc tout ce qui est immobile possède une énergie prête à se libérer.

La pratique de l’immobilité active le flux sanguin. L’énergie peut circuler de manière libre et puissante. Un calme extérieur s’installe, mû par un mouvement intérieur, permettant de vivre la mobilité dans l’immobilité.
Ainsi l’immobilité n’est pas seulement, comme le croyait Alexandre Dumas, « la mort ». Elle permet de se connecter aux flux illimités de l’univers.

Transmuter nos fragilités par la pratique

Les trois clefs, silence, vide, immobilité, nous conduisent vers l’origine des choses.
Pourquoi avons-nous peur du silence, du vide, de l’immobilité ?
Parce que cela nous ramène à ce que nous sommes vraiment, et nous obligerait à faire des choix de vie.
L’ego personnel est dans l’avoir, le paraître. Il ne veut pas changer.

Pour commencer, nous devons nous accepter, en reconnaissant ce qui est bon et moins bon en nous-mêmes. Et ensuite apprendre à utiliser nos qualités ou vertus, comme les nommaient les Anciens, pour transmuter nos fragilités.
Quand on comprend une vérité, cela nous responsabilise, cela signifie que l’on va pratiquer. Pratiquer veut dire accepter d’apprendre, de faire des erreurs, d’être humble. Nous apprenons ce que nous ne savons pas.
La relation maître à disciple aide à avancer, à provoquer des prises de conscience.
Mais la pratique reste individuelle. Nous sommes ce que nous pensons et nous devenons ce que nous pratiquons.

Concluons avec ces mots de Pierre Hadot : « Il y aurait de la place à nouveau, dans notre monde contemporain pour des philo-sophes, au sens étymologique du mot, c’est-à-dire des chercheurs de sagesse, qui, certes, ne renouvelleraient pas le discours philosophique, mais chercheraient, non pas le bonheur, mais une vie plus consciente, plus rationnelle, plus ouverte sur les autres et sur l’immensité du monde. »  (3)

(1) Épictète, Les Entretiens, IV, 9, 11-16, Éditions Vrin, 2015
(2) Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, Éditions Garnier Flammarion, 2001, IV, 3, 1-3
(3) Auteur de La philosophie comme manière de vivre, Éditions Albin Michel, 2001, page 180
par Fernand SCHWARZ

À la recherche de nos vies intérieures
Une enquête de patrice Van Eersel
par Collectif
Éditions Le Relié, 2020, 218 pages, 14 €

Patrice Van Eersel a interrogé de nombreuses personnalités sur la vie intérieure : Christophe André, Stanislas Dehaene, Catherine Dolto, Annick de Souzenelle, Cheikh Bentounès, Arthur H, Cédric Vilani… Comment définir la vie intérieure ? En quelle(s) partie(s) de nous-mêmes cette dimension unique et intime se loge-t-elle ? Comment pouvons-nous la cultiver ? Les définitions sont variées : N’est-elle pas à la fois la source de nos pensées, de nos sentiments et de nos intuitions, mais aussi de toute création, de toute spiritualité et d’expériences mystiques ? Est-elle une partie immergée de notre esprit mais pas inaccessible où résident des éléments affectifs et des possibilités infinies de création ? N’est-elle pas l’axe qui fait que l’on existe ? N’est-ce pas le moment où le cerveau est plus absorbé par l’écoute de ses propres réflexions que par ce qui se passe aujourd’hui ? N’est-ce pas la singularité de tout être, quelque chose d’inconnu mais qui aurait la vertu de nous rendre plus nous-même que jamais ? N’est-ce pas le moyen de chercher quelque chose que dans cette vie que l’on ignore ? N’est-ce pas un dialogue intérieur qui se déroule entre soi et l’extérieur ?

Cairn, l’art de l’équilibre
Pratique méditative avec les pierres

par Travis RUSKUS
Éditions Flammarion, 2020, 212 pages, 16,90 €

L’auteur est expert en rock balancing, ancienne tradition qui consiste à créer de superbes édifices de pierres tenant en équilibre de façon naturelle, et apprendre à s’en détacher ensuite pour mieux lâcher prise. Techniques de respiration, de concentration, loi de l’attraction…

Méditer à cœur ouvert
par Frédéric LENOIR
Éditions Pocket, 2019, 128 pages, 6,95 €

Pratique millénaire utilisée en Orient par le bouddhistes et par les Grecs en Occident et aujourd’hui validée par la science, la méditation apprend à développer l’attention, à calmer le mental et à élargir nos perceptions sensorielles. L’auteur rajoute la notion de cœur afin de retrouver le goût de la bienveillance, du pardon et de la gratitude. CD avec méditations guidées.

  • Le 23 juin 2020
  • Philosophie
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