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Tag Archives : Gandhi

Journée mondiale de la philosophie,« Le jardin des philosophes » Une philosophie atemporelle

Depuis 2005, l’UNESCO a initié la Journée mondiale de la philosophie. Une initiative à laquelle s’est associée l’association internationale Nouvelle Acropole, présente dans plus de 60 pays et cinq continents, avec une expérience de plus de soixante ans de formation dans le domaine de la philosophie, de la culture et du volontariat.

Chaque année, depuis 2005, a lieu la Journée mondiale de la philosophie, le troisième jeudi du mois de novembre. Cette initiative, promue par l’UNESCO a pour but de promouvoir la philosophie. La philosophie fournit la base conceptuelle des principes et des valeurs dont dépend la paix mondiale : la démocratie, les droits de l’homme, la justice et l’égalité. En outre, la philosophie contribue à consolider les véritables fondements de la coexistence pacifique et de la tolérance (1).

Dans toutes les écoles de philosophie de Nouvelle Acropole, sur tous les continents, cette journée est célébrée par des actions diverses (conférences, colloques, café philo, tables rondes, nuit de la philosophie, spectacles artistiques…) pour mettre en avant la philosophie, comme le moyen d’apprendre à penser, à se connaître, à se transformer et à devenir un moteur de changement dans l’environnement.
En France, les centres de Nouvelle Acropole se sont associés à cet événement autour du thème « Le jardin des philosophes », pour illustrer l’actualité de la philosophie à toutes les époques et son utilité dans des périodes troublées de l’histoire.

Le stoïcisme, un art de vivre

 

Les centres de Rouen, Paris 5 (2) et Paris 15 se sont posés la question : comment vivre le stoïcisme au XXIe siècle ?  Comment être heureux aujourd’hui ? Une question atemporelle qui a amené les réflexions à plusieurs niveaux : pour devenir heureux il faut parvenir à l’ataraxie, c’est-à-dire à l’impassibilité de l’âme, quelles que soient les circonstances rencontrées. Cela veut dire vivre en harmonie à la Nature et à sa propre nature, c’est-à-dire connaître les lois de l’univers et sa propre nature pour pouvoir agir ; agir en menant une vie vertueuse pour se corriger et devenir chaque jour meilleur ; agir sur ce qui dépend de soi et ne pas s’attacher à ce qui ne dépend pas de soi ; voir la réalité en face et se garder du moindre jugement qui trouble notre objectivité. La philosophie était pour les stoïciens et notamment Marc-Aurèle, un dialogue permanent qui permettait de construire un espace à l’intérieur de soi, que les circonstances ne pouvaient heurter : une citadelle intérieure. Le stoïcisme exige donc une force de caractère à toute épreuve, une grandeur d’âme, le courage de devenir meilleur.

D’Épicure à Thoreau, se libérer par la Nature

À Bordeaux, à travers « Le Jardin des Philosophes », c’est le rapport entre l’homme et la nature qui a été étudié dans 2000 ans d’histoire, d’Épicure à Henri-David Thoreau. L’homme a rapproché et apprivoisé la Nature pour en faire un milieu de méditation et d’échange. La Nature a fait également grandir l’homme. Épicure nous rappelle que la raison nous permet d’accéder au bonheur, avec une maxime, issue de la pensée grecque, comme guide : « Rien de trop ». En plein milieu de la révolution industrielle, Henri-David Thoreau a constaté que l’industrialisation déconnectait l’homme du sens des choses et que l’homme et la Nature étaient fondamentalement bons. Aujourd’hui, la sobriété, le low tech, l’éloge de la lenteur sont autant de solutions actuelles face aux défis individuels et collectifs.

La journée d’un philosophe

À Paris 11, s’est posée la question : quelle est la journée d’un philosophe aujourd’hui ? Inspirés de sagesses atemporelles d’Orient et d’Occident pour répondre présent aux défis d’ici et maintenant, rien de tel que le partage de pratiques et actions philosophiques (dialogues, ateliers, défis individuels et collectifs, actions de volontariat, partages d’expérience…) pour mieux se connaître sur tous les plans, relier la tête, le cœur et les mains ensemble, prendre appui sur l’espace intérieur développé en soi et exprimer son être et être dans le monde. Le XXIe siècle sera philosophique ou ne sera pas !

Hommage à Gandhi

Un hommage a été rendu à Gandhi, à Strasbourg et à Marseille, dont l’année 2019 a célébré le 150e anniversaire de sa naissance, sous le haut patronage de l’ambassade de l’Inde (3).
À Strasbourg, l’art traditionnel hindou a été mis à l’honneur grâce à une très belle prestation de danse de Bharata nathyam accompagnée de récitants et de musiciens. Ensuite, il a été rappelé à quel point la pensée de Gandhi s’est forgée sur les principes de non-violence pour modifier l’environnement et comment ils  pourraient inspirer davantage les nouveaux mouvements sociaux actuels. La pratique de la non-violence requiert une très grande force morale pour affronter la violence et l’adversité. L’une des réponses apportées par la philosophie est d’encourager et de promouvoir l’éducation, celle qui vise à faire émerger le meilleur de chacun, celle qui permet  de se connaître pour mieux se dominer. Un mandala, œuvre collective a été déposée aux pieds de la statue de Gandhi, place de l’Étoile.
À Marseille, un cycle de trois conférences sur les sagesses indiennes a été proposé : l’hindouisme à travers les Veda, les Upanishad, la Bhagavad Gitâ, puis les spiritualités bouddhiste, jaïn et sikh. La troisième conférence a été consacrée à Gandhi et à ceux qui le précédèrent, comme Râmakrishna, Vivekananda ou Tagore. Hind Swaraj un des livres de Gandhi a présenté les concepts de non-violence et d’émancipation, à la fois individuelle et collective ainsi que la recherche inconditionnelle de la vérité. Aujourd’hui, comment pourrions-nous appliquer ces principes ? Au-delà de son aspect politique et historique, la pensée de Gandhi renvoie en effet à la responsabilité de chacun, pour un monde moins violent, plus spirituel, qui donne à la dignité de l’individu et des peuples sa véritable place.

Rencontre avec Jacqueline Kelen autour des vertus

À Lyon, Jacqueline Kelen, auteur de Le Jardin des Vertus, paru en 2019 aux Éditions Salvator, a animé une journée d’étude avec deux ateliers :
– Sans vie morale, est-on vraiment humain ?
Platon et Aristote ont nommé et étudié les quatre piliers ou quatre vertus majeures universelles et atemporelles qui édifient un être humain digne, responsable, harmonieux, tendant vers le souverain Bien : Force, Prudence, Tempérance, Justice. Pourquoi, de nos jours, croit-on pouvoir s’en dispenser ?
– Vivre est un haut combat
Ce combat désigne un engagement personnel au service d’un idéal et il requiert courage et volonté, foi, patience et persévérance. Parmi les mythes et les textes sacrés, ont été évoqués le parcours héroïque de Thésée, d’Héraclès, d’Antigone, et la lutte de Jacob avec l’Ange. La philosophie a également été présentée comme combat avec les exemples de Socrate, Charles Péguy et Simone Weil. Pour faire face aux défis du monde à venir, vie morale, dignité, responsabilité, volonté, liberté, maîtrise de soi, courage,… sont les valeurs à mettre en avant et pratiquer. Comme l’a dit André Malraux : « Les hommes ne trouvent dans leur berceau ni la noblesse du cœur, ni la sainteté, ni le génie ; ils doivent donc les acquérir. »

« Einstein, une philosophie du cosmos »

Toulouse a rendu un hommage à Albert Einstein, personnage aux multiples facettes. Fabien Amouroux (4), auteur du livre Einstein, l’absolu dans la relativité, paru en 2019 aux Éditions Ancrage dans la collection Petites conférences philosophiques a mis en avant son génie qui a fait l’unanimité et dont le nom a été mis sur le même plan que celui de Descartes, de Galilée ou de Newton. Mais Einstein était plus qu’un grand scientifique. Il s’est intéressé à la philosophie : « Le physicien n’est rien d’autre qu’un philosophe qui s’intéresse à certaines choses particulières ; sinon ce n’est qu’une sorte de technicien. » Pour Einstein, le génie d’un homme prend naissance dans une vision du monde et se développe par sa capacité à relier toutes les connaissances. Par son œuvre, par son engagement, par sa vie, Albert Einstein nous aide à comprendre le cosmos et à nous comprendre nous-mêmes. Son idée d’une « religion cosmique » permet d’envisager une régénération spirituelle de notre monde tourné vers la technologie avec un langage que la raison scientifique peut entendre.

De l’effondrement au ré-enchantement, les clés proposées par Mircea Eliade

À Biarritz, Mircea Eliade, historien des religions, mythologue, philosophe, a été au cœur des réflexions, comme les clés d’un ré-enchantement possible dans la situation d’effondrement possible. Si personne ne peut prédire l’effondrement de notre monde matériel, chacun peut observer l’effondrement des valeurs morales qui lui ont pourtant permis de se construire. Mircea Eliade a montré en plein XXe siècle qu’il existe une topologie du sacré qui agit en nous comme une boussole, pour mieux nous réorienter en ces périodes troublées.

Avec tous ces thèmes abordés, il s‘avère que l’étude et la pratique de la philosophie, à travers les sagesses et les valeurs atemporelles, est incontournable pour gérer les difficultés individuelles et collectives, la complexité du présent et l’incertitude de l’avenir. Devenons meilleurs pour être les acteurs du changement dans l’environnement et dans l’histoire.

(1) https://www.un.org/fr/events/philosophyday/
(2) https://www.youtube.com/watch?v=-bdNUz5d-wo
(3) Lire l’article Hommage à Gandhi, le guerrier pacifique du XXe siècle, paru dans la revue Acropolis N° 313 (décembre 2019)
(4) https://www.youtube.com/watch?v=3qBbNcYdvi0&t=62s
Par Marie-Agnès LAMBERT

  • Le 21 décembre 2019
  • Philosophie
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Ne laissons pas périr l’homme ! La réponse de Gandhi

Le 2 octobre, nous célébrons le 150e anniversaire de la naissance de Gandhi, à Portbandar dans l’État actuel du Gujarat, situé au Nord-Ouest de l’Inde. À cette occasion,  Nouvelle Acropole organise 17 évènements dans 9 villes de France, sous le haut parrainage de l’ambassade de l’Inde (1).

Comme Gandhi, nous pensons que nous avons besoin d’un changement pour le monde et qu’il dépend de chacun de nous de le réaliser et de le devenir. Un tel changement doit être positif, durable et en harmonie avec la nature et avec les autres.
Chez cette figure historique, ce qui nous inspire est que sa quête ne dissociait jamais exigence intérieure et extérieure, maîtrise de soi et respect d’autrui, voie philosophique et voie sociale. C’est dans son œuvre peu connue Hind Swaraj, L’émancipation à l’Indienne (2), que Gandhi exprime les bases philosophiques et politiques de sa démarche.

Inspiré de la sagesse plurimillénaire de l’Inde, il élabore un triptyque :
Swaraj (autogouvernance), qui, avant d’être politique doit être la capacité de gouverner son propre esprit.
Ahimsa, réduite en Occident à la non-violence, est plus encore l’action ou le fait de ne causer aucune nuisance à toute forme de vie. Il disait : « La véritable ahimsa devrait signifier que l’homme se trouve totalement libéré de son mauvais vouloir, de la colère et de la haine, afin de laisser la place à l’amour débordant pour tous les êtres. »
Satyagraha signifie servir une cause juste qui naît de la vérité et de l’amour.
« En appliquant le Satyagraha, j’ai découvert, dans les dernières manifestations, que la poursuite de la vérité n’admettait pas que la violence soit imposée à son opposant, mais qu’il devait être sevré de l’erreur par la patience et la sympathie » a écrit Gandhi.

En août 1947, après l’indépendance de l’Inde, le pasteur nord-américain William Stuart Nelson demanda à Gandhi pourquoi les Indiens qui avaient « plus ou moins réussi à obtenir  l’indépendance par des moyens pacifiques » ne parvenaient pas à endiguer les violences intercommunautaires qui s’étaient produites après l’indépendance.
Gandhi répondit qu’il avait fini par comprendre que nombre de ses concitoyens n’avaient pas pratiqué le satyagraha mais effectué de la résistance passive. Beaucoup d’entre eux, alors qu’ils prétendaient résister de façon non violente, avaient de la violence dans le cœur. Il a souligné que la résistance passive n’était qu’une arme des faibles.
Gandhi déclara : «  C’est une erreur de croire qu’il n’y ait pas de rapport entre la fin et les moyens, et cette erreur a entraîné les hommes considérés comme croyants à commettre de terribles crimes. C’est comme si vous disiez qu’en plantant des mauvaises herbes, vous pouviez récolter des roses ».

Aujourd’hui, la colère est employée pour des causes qui sont certainement justes et certains croient qu’il est légitime d’utiliser des moyens comme la colère et parfois la violence pour défendre des idées justes. Au milieu du XXe siècle, Gandhi nous a rappelés à l’ordre. Il est indispensable de mieux comprendre la pratique de l’ahimsa pour ne pas l’instrumentaliser.
Il faut d’abord comprendre et ensuite agir, en adoptant une posture à la fois ferme et respectueuse vis-à-vis de l’adversaire et en tentant toujours d’établir des relations utiles entre les parties. Bien sûr, il faut concevoir des actions simples et marquantes – ce que les actuelles générations savent bien faire –  et formuler sa demande de façon claire et calme. Même s’il y a urgence, il faut rester patient et ouvert.

C’est de notre capacité à formuler sereinement nos demandes, que dépendront d’abord notre légitimité et force de conviction et ensuite celle de ne pas provoquer des dégâts collatéraux inutiles.

Gandhi était très inspiré par le texte sacré de la Bhagavad Gîtâ (3).
« La colère conduit à l’égarement ; de l’égarement vient la perte de la mémoire, par quoi l’intelligence est détruite ; par la destruction de l’intelligence, l’homme périt ».

Il est urgent de reconstruire notre intelligence.

(1) https://www.nouvelle-acropole.fr
(2) Hind Swaraj, L’émancipation à l’indienne, Gandhi, traduit par Annie Montaut, Éditions Fayard, 2014, 224 pages. Lire articles sur Gandhi dans revue Acropolis  N° 306 (avril 2019), N° 307 (mai 2019), N°310 (septembre 2019) et dans la revue page 3
(3) En sanscrit « Chant du Bienheureux » ou « Chant du Seigneur ». Partie centrale du poème épique le Mahabharata, un des textes fondamentaux de l’hindouisme.
Bhagavad Gîtâ, Traduction d’après Shri Aurobindo, textes français de Camille Rao et Jean Herbert, Éditions Librairie d’Amérique et d’Orient Adrien Maisonneuve, 1984, 184 pages
Par Fernand SCHWARZ
Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

  • Le 4 octobre 2019
  • Editorial
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Gandhi, un guerrier de la paix des temps modernes

« Croire en quelque chose et ne pas le vivre, c’est malhonnête. » Gandhi

Gandhi, guide spirituel et homme politique, œuvrera toute sa vie pour la liberté et la non-violence. Pourtant, rien ne le prédestinait à devenir ce qu’il est devenu.

Mohandas Karamchand Gandhi naît le 2 octobre 1869, au nord-ouest de l’empire britannique des Indes, dans une famille de riches commerçants du Gujarat, dont certains membres avaient obtenu des postes politiques de gouvernance dans leur province depuis des générations. Vers l’âge de 18 ans, il part à Londres pour y faire des études de droit.
À l’époque, tout le monde admirait l’empire britannique qui représentait le modèle de civilisation à suivre, et Gandhi lui-même était convaincu que c’était le meilleur pour lui et pour son pays.
Après ses études d’avocat, trop timide pour plaider en Inde, il part en Afrique du Sud où une compagnie vient de lui proposer un contrat pour un an. Il y restera presque 20 ans. Tout ce qu’il va mettre en place plus tard en Inde, à partir de 1915, date de cette période vécue en Afrique du Sud.

Affecté par des vexations racistes de la part des Blancs, comme de devoir descendre d’un compartiment de train de première classe, il s’érige en défenseur des immigrants indiens avec pour armes le jeûne, l’arrêt des travaux, et la résistance non violente. C’est ainsi qu’il va commencer son épopée, et, de retour dans son pays, remporter de spectaculaires succès face au gouvernement britannique et contribuer à conduire l’Inde à l’indépendance.
Face à l’arrogance et la force brute il affiche la dignité humaine.

Action et méditation

Il n’y a pas d’action chez Gandhi sans introspection. Périodiquement, il va ainsi se ressourcer dans l’ashram qu’il a construit, à Ahmedabad, afin de méditer. C’est autant un équilibre qu’une mystique de vie.
Plein de curiosité pour les systèmes philosophiques et les grandes religions, il va puiser au cœur de la tradition de sagesse de l’Inde, dans les Upanishads et le Veda, et dans la Bhagavad-Gîtâ, ses intuitions spirituelles et sa force.
Il est notamment marqué par la découverte d’une phrase qu’il va reprendre comme principe directeur : « Rendre le bien pour le mal ».
À partir de là, il va forger sa doctrine originale fondée sur la non-violence, la maîtrise de soi, et le respect de la vérité.

Un chemin de transformation
« Commencer par changer en vous ce que vous voulez voir autour de vous. »

Les principes qui sous-tendent son triptyque sont en fait les fondements d’une voie de combat intérieur, individuelle, dont le but est de parvenir à une forme de vie juste et de coopération.

 

Le principe de volonté : Swaraj

Le Swaraj vient de swa, soi et raj, la gouvernance ; cela peut être traduit par l’auto-gouvernance, la maîtrise de soic’est-à-dire n’être attaché à rien de particulier sauf à une finalité spirituelle profonde en parvenant à s’affranchir de tout ce qui nous enchaîne. C’est une discipline de vie guidée par l’esprit.
Gandhi croit, et il le dit clairement, que pour que les Indiens puissent être véritablement indépendants, il faut qu’il y ait dans le peuple hindou un grand nombre de personnes qui cherchent à obtenir cette maîtrise de soi, pour ne pas céder à la société de consommation et à l’assouvissement de désirs immédiats.

Le principe de l’intelligence appliquée : Satyagraha

Pour obtenir le Swaraj, il faut agir selon le Satyagraha.
Satya est la vérité, et graha signifie s’accrocher, tenir fermement; c’est donc tenir fermement la vérité ou tenir fermement à la vérité. Il s’agit d’une quête sans concession par et pour l’amour de la vérité. De la philosophie à la manière classique en somme !
Le Satyagraha libère une énergie fabuleuse, une grande puissance intérieure qui permet à chacun de comprendre qu’il est dans son droit, dans sa dignité parce que la cause qu’il défend est juste et vraie. Ce mot fut ensuite utilisé pour toutes les grèves ou les arrêts de travail non violents : on disait alors : « on fait un Satyagraha ».

Le concept de la vie et de l’amour : Ahimsa

L’Ahimsa se traduit par la non-violence, mais c’est plus que cela : c’est le fondement de la quête de la vérité.
Dans la mythologie hindoue, Ahimsa est l’épouse du dieu Dharma c’est-à-dire de la Loi, des grands principes qui gouvernent la Nature en tant que telle et veillent à son harmonie. Leur enfant, Nara, représente l’homme archétypal, l’être humain idéal, le modèle que l’on devrait approcher.
Il ne s’agit donc pas seulement d’un concept politique mais bien d’un concept philosophique et spirituel.
Ahimsa est la puissance d’amour alliée à la pureté du cœur qui essaie de ne provoquer aucun dommage au nom des liens qui unissent tous les êtres vivants. Cela sous-entend que l’homme se trouve totalement libéré de son  mauvais vouloir, de sa colère, de sa haine, et laisse la place à un amour débordant pour tous les êtres vivants au nom du lien qui l’unit non seulement à lui-même, mais aussi aux autres et à la nature. Il faut commencer évidemment par le lien à soi sinon nous ne sommes pas capables de nous lier à l’autre, et c’est pourquoi Swaraj, la maîtrise de soi, est si importante.
Dans cette voie, nous provoquons nous-mêmes notre destin, ce qui nous arrive est ce que nous avons construit, et nous en sommes responsables.

Tout ceci converge et s’unifie pour se traduire en un véritable mode de vie philosophique : le Swadeshi.

Une voie de sobriété et de coopération
« Vivre tout simplement pour que tous puissent simplement vivre. »

Swadeshi, c’est se restreindre à l’usage de ressources qui se trouvent dans notre environnement immédiat, c’est le retour aux techniques traditionnelles, l’autosuffisance.
Ainsi, en étant le plus sobre possible, Gandhi préconise le circuit court pour la consommation et la possession de ce dont on a réellement besoin. Il explique que l’on peut considérer comme un vol le fait de posséder des objets dont on n’a pas besoin parce que cela n’a pas de sens de les avoir chez nous.
Swadeshi, c’est aussi vivre dans des villages plutôt que dans des villes énormes; chaque village devenu autoportant serait comme une cité-État selon le modèle grec d’il y a quelques millénaires, l’essentiel étant de réussir une fédération avec tous les villages pour que la véritable indépendance soit réelle.
En menant une vie simple et proche de la tradition indienne, Gandhi appliquait à lui-même l’idéal de vie qui était pour lui le plus bénéfique à l’humanité, très éloigné des critères de développement occidentaux.

Vivre la pensée de Gandhi aujourd’hui

Cette philosophie peut être d’une forte utilité pour les changements que nous avons à accomplir, et si nous voulons résumer sa méthode pour l’appliquer, nous pouvons retenir quatre étapes :
Comprendre d’abord et agir ensuite : on ne peut pas agir dans la confusion mentale, il faut agir en étant maître de soi,et pas sous la domination de la colère ni même de la peur.
Adopter une posture à la fois ferme et respectueuse vis-à-vis de l’adversaire : l’adversaire fait partie de l’humanité. Quelle que soit la personne, nous ne pouvons ni l’insulter ni la dénigrer, mais nous pouvons lui opposer une résistance passive et agir sur la relation en allant vers elle et en établissant un dialogue.
Concevoir des relations simples et marquantes : le génie de Gandhi s’appliquait aussi à la communication ;  les gestes, les manifestations qu’il organisait avaient une portée symbolique et en même temps il  savait les mettre en scène pour que des photos fassent le tour du monde, sans trop besoin d’explications.
Une formulation claire et calme de la demande : ne jamais céder à la violence, rester patient en cas de conflit et formuler sereinement ce que nous souhaitons.

Ce sont les quatre composantes d’une méthode simplifiée de l’Ahimsa qui peut servir si nous avons confiance dans la cause que nous défendons, et si nous acceptons le temps comme vecteur de réalisation.

Patience et  finalité de vie
« Un pas à la fois me suffit. »

La méthode de Gandhi ne peut s’appliquer qu’à des gens qui veulent travailler sur eux-mêmes avec le temps pour allié.
Nous vivons dans une société très pressée et nous croyons que nous n’avons jamais le temps, mais il faut juste le reprendre ce temps, et non lui courir après… Cela implique d’accepter une discipline de vie : ne pas se distraire facilement, rester centré et cela exige une démarche profonde de notre part pour pouvoir progresser.
Les moyens doivent être en accord avec les finalités, et c’est pour cela qu’il faut être très clair sur ses finalités de vie, et ensuite clarifier les moyens dont nous disposons.
Cela est un des éléments remarquables de la vie de Gandhi, d’avoir su aligner des moyens de vie à sa finalité première et de s’être remis en question à chaque fois qu’il se trompait, d’avoir accepté d’apprendre de ses expériences.

En cela, il est garant d’une lignée plurimillénaire, celle du guerrier pacifique, c’est-à-dire d’individus qui ont fait confiance à la solidarité et à la coopération plutôt qu’à la lutte du plus fort. C’est un choix, et c’est à chacun de savoir ce qu’il veut faire et dans quelle société il veut vivre.

Article réalisé d’après la conférence de Fernand Schwarz sur « Gandhi, guerrier pacifique » faite à Lyon le 18 janvier 2019
Hind Swaraj
L’émancipation à l’indienne
Par Gandhi
Traduction du goujarati, de l’anglais et du hindi (Inde) par Annie Montaut
Éditions Fayard, 2014, 224 pages
Nouvelle Acropole organise un festival national en hommage à Gandhi à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance sous le haut parrainage de l’ambassade de l’Inde. 17 évènements sont consacrés à Gandhi dans 9 villes de France
Programme de nos activités : www.nouvelle-acropole.fr
Par Virginie DUJOUR

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