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Tag Archives : Fraternité

Aujourd’hui, qu’est-ce qu’un chef ?

« On considère le chef d’entreprise comme un homme à abattre, ou une vache à traitre. Peu voient en lui le cheval qui tire le char » a dit Winston Churchill. À l’heure où les chefs ont perdu leur prestige, à l’heure de la crise du pouvoir, nous pouvons nous demander qu’est-ce véritablement, un chef ? C’est la question que s’est posé Pierre de Villiers dans son œuvre « Qu’est-ce qu’un chef », paru aux éditions Fayard.

Pierre De Villiers est un général de l’armée française, chef d’État-Major des armées de février 2014 à juillet 2017. Le soir du 14 juillet, il quitte le ministère des Armées sous les applaudissements des fonctionnaires et militaires, lesquels forment une haie d’honneur. Le chef d’État-Major vient de démissionner.
Son œuvre Qu’est-ce qu’un chef ? commence sur une phrase qui résonne comme un « Nos choix disent qui nous sommes » lorsque Harry Potter choisit les Gryffondors, alors que le choixpeau lui souffle Serpentard. « L’homme est ce qu’il fait » dirait André Malraux.
Pierre De Villiers pose un acte de fort, ce qu’on ne voit plus beaucoup dans notre monde. Il démissionne, non pour gagner plus ou parce qu’il a une meilleure offre ailleurs, mais par désaccord sur le fond, sur les valeurs que l’institution choisit !

Tout d’abord, j’aimerais commencer par un des titres de l’œuvre, « le chef ne discute pas son époque, il l’épouse » qui m’a interpelée. Une vision bien stoïcienne pour un homme moderne ! L’acceptation réelle du monde tel qu’il est. Ce qui ne veut pas dire lâcheté et soumission face aux circonstances. Nous sommes face à un homme qui a démissionné d’un haut poste, et face à des philosophes qui risquaient leurs vies pour faire jaillir la vérité. La sagesse d’Épictète nous enseigne d’agir sur ce que nous pouvons, et d’accepter ce qui ne dépend pas de nous ; c’est cela le bonheur pour ces philosophes. Sagesse qui permet à de Villiers d’être un homme d’honneur, d’agir pour ne pas se corrompre tout en acceptant le monde et le système tel qu’il est, sans devenir aigri.

Le chef doit gouverner par la vertu, ceux qui détiennent les plus hauts postes doivent être les plus vertueux de tous leurs concitoyens

Le chef doit gouverner par la vertu, ceux qui détiennent les plus hauts postes doivent être les plus vertueux de tous leurs concitoyens

« Aimer davantage les responsabilités que le pouvoir »

C’est la caractéristique majeure du chef qui va à rebrousse-poil de ce qu’on nous propose. Malheureusement aujourd’hui, être chef semble être : beaucoup de droits et d’avantages et peu de devoirs. « Aimer les responsabilités », cela bouleverse ce mode de penser, éradiquant ainsi la course aux honneurs, à l’argent et autres divertissements… Voilà de quel chef nous parle De Villiers.
Il nous parle d’un homme équilibré, Mens sana in corpore sano, pourrait-on dire. Les Grecs nous diraient que l’homme équilibré est celui capable d’aligner et d’unir les trois sphères qui le composent : Noüs pour l’esprit, psyché pour l’âme au sens monde émotionnel et mental et soma, le corps physique. De Villiers nous parle de ces différents mondes, exigeant aux chefs une bonne hygiène, un corps sain et musclé ; un mental clair, habité d’une intelligence au sens noble du terme, une capacité à faire des liens et non une boîte stérile renfermant des connaissances. Un cœur à l’ouvrage : « notre société à la fois matérialistes et intéressée par le profit, pourrait avoir tendance à négliger cette dimension de la conviction, de la sincérité vraie, des tripes tout simplement. » Et enfin, si la psyché, le cœur est oublié, ne parlons pas de Noüs, l’aspect métaphysique, le besoin transcendantal de l’homme qui peut être nourri par le silence, « élever son esprit, nourrir son âme et puiser à la source pour donner du sens et voir loin. »

 Le chef, un exemple ?

Cette idée choque, c’est sûr ! Si nous prenions exemple sur certains hommes politiques actuels, la vision de nous-mêmes en prendrait un sacré coup… Inspirés par leurs actes, nous blanchirions notre argent, serions infidèles dans notre couple, ferions preuve de violence à l’égard de nos proches ou de nos collègues…
Le chef se doit d’être un exemple, c’est un devoir qui lui incombe. « Pour diriger, il faut se diriger soi-même. » Ceci est réaffirmé par de Villiers mais déjà inscrit dans La République de Platon. Le chef doit gouverner par la vertu, ceux qui détiennent les plus hauts postes doivent être les plus vertueux de tous leurs concitoyens. L’exemplarité est « le premier courage qu’exige l’action. »Celui qui exerce le pouvoir doit se maîtriser.
Voici la petite liste des devoirs du chef : « tempérance, exigence envers soi-même, vigilance par rapport à ses propres lacunes. » Et surtout « se méfier de l’orgueil qui rend aveugle. »Et savoir rire de soi ! Il ne s’agit par que le chef soit parfait, irréprochable – C’est un homme – mais qu’il puisse chaque jour se regarder dans le miroir, et se dire qu’il a honoré sa parole par des actes et qu’il a fait son devoir ! Le chef n’est pas celui qui se met sur le devant de la scène, il est humble. Il fait rayonner la lumière pour créer une ambiance, une matrice pour que chacun trouve sa place et exprime le meilleur de lui-même. Nous sommes bien loin des chefs starlettes qui font la une des magazines people.

Le groupe, que ce soit une armée, une entreprise ou autre est soudé par une fraternité profonde

Le groupe, que ce soit une armée, une entreprise ou autre est soudé par une fraternité profonde

 Me soumettre ? JAMAIS !

Si je vous dis « autorité », voyez-vous une force qui vous élève vers le meilleur de vous-même grâce à l’exemple que rayonne la personne devant vous ? Ou voyez-vous, une main terrifiante qui faitpression sur vous pour que vous exécutiez au plus vite le plus de missions possibles ? L’autorité, encore un mot sali par la modernité… L’autorité « est le lien fondamental de toute société humaine. » Elle crée une dynamique, un élan, un mouvement ascensionnel dans lequel on souhaite s’inscrire, elle suscite l’adhésion et la volonté de vaincre. C’est beau non ?  « L’autorité n’exige jamais pour elle-même ni par elle-même. » Elle est incarnée par un chef. Il ne faut plus se tromper, l’autorité « exige tout autant celui qui l’exerce que celui sur qui elle s’exerce. » Pour faire naître cette autorité véritable, le chef doit prendre le chemin étroit et exigeant entre abus de pouvoir et faiblesse, appelé service au bien commun.

« Le vrai chef dirige sans presque commander. »

« Le vrai chef dirige sans presque commander. » Le groupe, que ce soit une armée, une entreprise ou autre est soudé par une fraternité profonde. Il a pour le chef une obéissance d’amitié loin de la contrainte. Le chef travaille alors de la manière suivante : il partage à ses troupes, la vision, les objectifs, les problèmes à résoudre de la mission, puis les personnes concernées trouvent les moyens ensemble, c’est leur défi ! Et soudés par l’objectif, ils s’entraident. Me vient une citation de Antoine de Saint-Exupéry, un chef au sens noble du terme : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. »

 

Être disponible c’est donner une plus grande place à la communication

Être disponible c’est donner une plus grande place à la communication

« Vous avez la montre, nous avons le temps. »
Proverbe africain

Gouverner est une histoire d’homme, une histoire d’homme est une histoire de liens. Les liens se tissent avec le temps. Le renard du Petit Prince (1)  nous le rappelle : « Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. »
Le temps, denrée rare du XXIe siècle, c’est pourtant la clef pour être chef : être disponible.
Être disponible c’est donner une plus grande place à la communication qu’elle soit descendante (informations, ordres), montante (informations, problématique), mais aussi transversale, de simples échanges pour savoir comment vont véritablement les gens qui nous entourent. Tout le monde a besoin de « se sentir considéré, informé, utile, essentiel » c’est au chef d’être le garant de ne laisser personne sur le bord du chemin. Une petite maxime me semble très importante pour tous les êtres humains : « on ne compte pas son temps lors qu’on est avec quelqu’un. »

« Les événements dirigent, pas les dirigeants. »Jean-Marie Guéhenno

Et dans ta vie qui dirige ? Toi ? Les événements ? Tu es allé là où tu avais choisi ou là où le vent t’a mené ? Tu es devenu qui tu voulais ou tu as muté au fil de rencontres ?
Être chef, c’est prendre la tête. Prendre la tête d’une entreprise, d’une association sera le choix de chacun. Mais prendre la tête de sa propre vie est une responsabilité humaine ! Comment incarner tout ce qui est cité, si à la moindre difficulté on fléchit ? Si dans nos propres vies, nous ne dirigeons rien, empêtrés dans un sentiment d’impuissance face à la complexité de nos vies et du monde. Si nous sommes de simples moutons qui cherchons l’herbe la plus verte, qui voulez-vous qui nous dirige ?
Ce livre s’adresse à tous. Il est temps de reprendre le gouvernail. Râler sur la façon dont notre pays est dirigé est simple. Apprendre à diriger est difficile. Le chef idéal est celui qui se dirige lui-même, alors commençons par-là !

Je rendrai hommage à ceux qui ne parlent pas de la paix mais la font exister. Ceux qu’on aime à appeler à Nouvelle Acropole, les guerriers de la paix. Cet oxymore, De Villiers le met en mots « Pacifique, il sait que la force fait reculer la violence. Et pas pacifiste car la faiblesse est génératrice de tous les maux. » Chef de soi-même, de famille, d’entreprise ou autre, le chef est « un absorbeur d’inquiétudes et un diffuseur de confiance », le chef rassure. C’est un homme capable d’amour pour autrui et de pardon. Car la paix commence par une posture personnelle, une maîtrise de soi.
Alors si chacun décide d’être un guerrier de la paix, un chef, si chacun décide d’être le maître de son destin, le capitaine de son âme, comme l’a écrit William Ernest Henley, si chacun fait ce qui dépend de lui, alors la paix sera possible.

(1) Œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry (écrivain, poète, aviateur et reporter français (1900-1944)), publiée en 1943 et traduite en 361 langues

Qu’est-ce qu’un chef ?
par Pierre de VILLIERS
Éditions Fayard, 2018, 256 pages, 20,90 €
Par Sarah CHOISNEL

À lire

Chefs d’État en guerre
Napoléon III, Lincoln, Clémenceau, Churchill, Staline, Hitler, Ben Gourion, Lyndon B. Johnson, Miterrand, Chirac
par Général Henri BENTEGEAT
Éditions Perrin, 2019, 496 pages, 25 €

Ayant vu des chefs d’État confrontés à des décisions difficiles dans la conduite des opérations en guerre, l’ancien chef d’état-major particulier de Jacques Chirac et chef d’état-major des armées de 2002 à 2006, s’est intéressé à des personnages historiques qui ont vécu des situations du même ordre, entre le XIXe siècle et nos jours. Que ce soit pour protéger des peuples au nom de la nation ou de l’idéal humanitaire, assouvir un rêve de grandeur ou promouvoir un rêve personnel. L’ouvrage expose les décisions que sont appelés à prendre les responsables politiques et la complexité de leurs relations avec les chefs militaires amenés à appliquer les décisions.

 

Mon pays et mon peuple
par Sa Sainteté LE DALAÏ-LAMA
Presses du Châtelet, 2019, 375 pages, 21 €

Ce livre est la reprise de l’autobiographie du Dalaï-Lama qu’il a fait paraître en anglais en 1962 et fut traduite en français en 1963. Le temps écoulé n’a pas changé le problème qu’il a bien décrit dans cet ouvrage : « nous avons tous une responsabilité spéciale et des efforts à produire pour créer un monde meilleur car le progrès matériel seul est, à l’évidence, incapable de donner naissance à une société humaine plus épanouie » Ce moine est devenu un leader mondial, un être capable de toucher les cœurs, un des hommes les plus aimés de notre temps.

 

Leadership et coaching global
par Philippe ROSINSKI
Préface de Sir John Whitmore, Phd
Éditions Valeurs et avenir, 2019, 385 pages, 28 €

Un livre basé sur le coaching abordant le développement du potentiel humain sous six aspects (physique, managérial, psychologique, culturel, politique et spirituel) pour donner un sens à sa vie. Une démarche intégrative puissante applicable à plusieurs niveaux : individu, équipe, organisation et société. Un ouvrage destiné aux coaches professionnels et également aux dirigeants avec une ouverture sur de nouveaux schémas de pensée et des cas et exemples. Écrit par une figure mondiale dans le domaine du coaching de cadres, d’équipes dirigeantes et dans le domaine du développement du leadership à l’international.

 

Emmanuel Le Magnifique
Chronique d’un règne
par Patrick Rambaud
Éditions Grasset, 2019, 196 pages, 18€

Prix Goncourt et Prix de l’Académie française en 1997 pour son roman La Bataille, celle d’Essling, en 1809, opposant les armées de Napoléon aux troupes autrichiennes, Patrick Rambaud nous raconte à la façon des mémorialistes du passé, les tribulations de nos Présidents de la République. Ainsi, dans Emmanuel le Magnifique, ou notre « Souverain Avisé » ou notre « Audacieux Monarque », entouré de sa cour, les différents acteurs du pouvoir sont croqués à la manière d’un Saint-Simon dans un style drôle, acerbe et ironique.

Quinquennat
par Marc DUGAIN
Éditions Gallimard, 2015, 303 pages, 19,50 €

Dans ce deuxième tome de ce roman, Marc Dugain multiplie les références à notre vie politique très récente avec toute une galerie de personnages cyniques, désabusés, avides de pouvoir et d’argent. Fait divers intervenant à point nommé peu avant le 2e tour d’une élection présidentielle, intermédiaire incontournable des transactions internationales avec les émirats, commissions et rétrocommissions, éminent ministre se faisant expliquer comment justifier un train de vie supérieur par l’achat-revente de livres de collections, passion d’une vie… Thriller politique de fiction féroce mais dont le réalisme paraît malheureusement proche de l’actuel spectacle quotidien, où tout semble vraisemblable. Cependant, l’accumulation de bassesses, de trahisons et d’actes crapuleux semble outrée même si le style, efficace, est au service d’une dénonciation des mœurs politiques et économiques.

  • Le 1 juin 2019
  • Littérature
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Nouvelle Acropole, un nouveau paradigme pour une nouvelle éducation

L’homme-pont a la tête dans les étoiles et les pieds sur terre

Dans l’âge du doute et de tous les possibles, quelle boussole peut nous aider à nous orienter durablement ?  La confiance en soi, la capacité de résilience, la conscience  éclairée d’une destinée commune à l’humanité sont des biens intérieurs atemporels que cultivent depuis toujours les écoles de philosophie.

Quelle boussole peut nous aider à nous orienter durablement ?

Quelle boussole peut nous aider à nous orienter durablement ?

La caractéristique principale de Nouvelle Acropole est de proposer une vision unitive, qui renoue les liens de l’homme avec lui-même, les autres et son environnement, visible et invisible. Ce triple niveau de relation qui configurait l’humanisme de la Renaissance,s’est depuis dilué dans le matérialisme scientiste : l’homme orphelin compense par les techniques de développement personnel la perte du lien spirituel. Il faut entendre par spirituel non pas l’obédience à une religion particulière mais le souffle vital qui traverse et anime toutes les dimensions du vivant.
La tendance holistique de retour à la nature pour une vie plus saine et respectueuse de l’environnement, propre aux mouvements de transition, secoue positivement les consciences et doit aussi nous alerter sur la principale espèce en danger : l’homme dénaturé (1).

Le développement de l’homme intérieur

À Nouvelle Acropole, nous avons comme objet de développement l’homme intérieur à travers la recherche des valeurs permanentes : notre école de philosophie « à la manière classique » n’est pas simplement un lieu pour étudier mais « pour se former soi-même, pour pouvoir contrôler notre corps, contrôler notre mental et ouvrir notre cœur : à la façon des anciens mystères, nous reconnectons l’homme à lui-même. » (2)
À partir des sources de sagesses atemporelles, dont l’approche comparée des pensées (philosophies) de l’Occident et l’Orient, l’étudiant va déduire un réseau de significations propres à développer la pensée analogique, sans jamais tomber dans le syncrétisme ou la confusion des genres simpliste.

Le cycle probatoire de Nouvelle Acropole s’articule autour de 3 matières complémentaires, l’éthique, la sociopolitique et la philosophie de l’histoire que l’on peut associer aux 3 axes de déploiement de la conscience : le lien à soi-même, aux autres et à l’univers.

L’homme-pont a la tête dans les étoiles et les pieds sur terre

L’homme-pont a la tête dans les étoiles et les pieds sur terre

L’homme, pont entre le Ciel et la Terre

L’homme-pont a la tête dans les étoiles et les pieds sur terre ; il sait regarder les autres êtres vivants avec bienveillance, sans désir de possession ; et il se tourne vers sa propre intériorité au lieu d’attendre de son image sociale des réponses à ses questions existentielles.
Ni homme des bois ni écolo du dimanche, c’est un homme naturel et simple car riche de son intériorité patiemment construite dans le service et l’engagement.
L’homme-pont est cet être humain réconcilié avec ses contradictions. En effet, sans activité symbolique ou pouvoir de l’imaginaire capable de contenir les paradoxes de l’existence, la raison toute puissante assèche l’âme et enferme dans des catégories figées. Et l’on constate que « malgré la sécularisation de nos sociétés contemporaines, le fond archaïque symbolique de l’être humain n’a pas disparu mais les traces du sacré se retrouvent aujourd’hui camouflées dans nos pratiques quotidiennes » (4).

Le modèle du guerrier de la paix nous inspire : sortir du sentiment d’impuissance orchestré par les « Maîtres de la caverne » (5), recouvrer la force morale, oser les justes combats pour un monde de solidarité et de bien commun en sont les moteurs. « Apprendre à croire en soi, passer une à une les étapes de son parcours intérieur en dévoilant peu à peu son potentiel est la seule voie opérationnelle pour découvrir la liberté de son propre destin. » (6)

Chacun de nous doit se compléter, se polir au travers d’expériences multiples pour révéler la perle cachée en chacun

Chacun de nous doit se compléter, se polir au travers d’expériences multiples pour révéler la perle cachée en chacun

Le défi du bien vivre ensemble

Nous faisons nôtre l’aphorisme de Gandhi que tout monde nouveau et meilleur s’appuie sur notre propre transformation. L’accélération de nos modes de vie et la tyrannie de l’information en temps réel peuvent donner l’illusion d’un sentiment de proximité et d’appartenance à l’humanité mais c’est déjà l’implication citoyenne au quotidien sur nos lieux de vie qui tisse les liens durables d’une véritable solidarité. Lorsque nos intérêts propres semblent menacés et que le repli séparatiste nous guette, nous avons besoin de nous rappeler de ce qui nous unit avant ce qui nous sépare. C’est le rôle d’un idéal philosophique de mailler les différences autour d’une vision unitive, riche de l’expression de ses différences.

Éveiller le meilleur en soi-même pour mieux s’ouvrir aux autres

C’est pourquoi notre programme éducatif s’appuie sur la très ancienne doctrine de l’évolution selon laquelle chacun de nous doit se compléter, se polir au travers d’expériences multiples pour révéler la perle cachée en chacun. À cet égard la philosophie n’est plus une discipline parmi d’autres, un ornement intellectuel : c’est un questionnement et une pratique de l’art de vivre et de servir. L’éducation philosophique tend à éveiller le meilleur du potentiel de chacun dès le plus jeune âge, à conquérir l’autonomie face à tout type de dépendance, intérieure ou extérieure. Elle s’appuie sur une pédagogie qui prend en compte tous les besoins de l’être humain et une mise à l’épreuve respectueuse des caractéristiques individuelles de chacun.
La fraternité se nourrit d’esprit de sacrifice, pas de déclarations d’intention. L’égalité se trouve dans le respect intrinsèque auquel a droit tout être humain mais la dignité se gagne par les choix de vie et d’engagement. Seules des finalités transcendantes peuvent nourrir le sens d’un destin commun.

Est libre celui qui sait obéir à sa loi d’action intérieure dit Lao Tseu, pas aux diktats de ses désirs passagers. Cette loi que les Orientaux appellent le dharma (et dont le pendant est la loi de rétribution karmique où chacun récolte ce qu’il a semé) s’appuie sur une vision holistique du vivant où chacun a sa place et son rôle à jouer, s’il en décide ainsi.

Seules des finalités transcendantes peuvent nourrir le sens d’un destin commun.

Seules des finalités transcendantes peuvent nourrir le sens d’un destin commun.

La responsabilité de l’homme vis-à-vis des autres règnes

C’est celle de la plus grande responsabilité, comme le dit la philosophe Délia Steinberg Guzman (7). L’homme fait partie de la nature mais il n’en est pas le maître. Une véritable écologie commence par une écologie de l’esprit, le savoir-penser qui gouverne nos sentiments et nos actes.
Et qui écrit le grand livre de l’histoire ? Avons-nous quelques lignes à y tracer ?
L’étude des cycles historiques que l’on trouve déjà dans les Puranas(8) et autres textes sacrés de l’Inde ancienne, révèle de troublantes analogies avec la vision platonicienne et apporte un éclairage puissant sur les soubresauts de notre période historique. Et c’est justement dans ces périodes d’incertitude que peuvent émerger les potentiels latents enfouis au cœur de chacun.

Nouvelle Acropole se veut un module de survie qui participe à ce grand souffle de la transition, engageant chacun à se faire acteur d’un défi majeur en assumant notre responsabilité historique.

(1) Éditorial de Fernand Schwarz, Qu’est-ce qu’une vie humaine ? Revue Acropolis, n°294, mars 2018
(2) Jorge Angel Livraga, interview réalisée au Salvador, 1990
(3) Historien des religions roumain (1907-1986), pour qui la principale caractéristique de l’homme est sa conscience du sacré, du « tout autre »
(4) Le sacré camoufléou la crise symbolique du monde actuel, Fernand Schwarz, Éditions Cabedita, 2012, 4ede couverture
(5) La Républiquede Platon, Livre VII
(6) Persée, le guerrier de la paix, Fernand Schwarz, Editions Acropolis, 2016, 110 pages
(7) Directrice internationale de Nouvelle Acropole depuis 1991. www.nouvelle-acropole.fr
(8) Textes littéraires sanscrits référencés chez les hindous et les jaïnistes, composés entre 400 et 1000 de notre ère, traitant à la fois des mythes religieux, divinités hindoues, légendes et contes traditionnels et des histoires de rois, incluant également des réflexions sur la cosmogonie, la cosmologie, les généalogies, la médecine, l’astronomie, la théologie et la philosophie
par Sylvianne CARRIÉ

Humanitas
Portrait de l’Humanité qui s’éveille
Par Jean-Luc LEFEBVRE
Les Éditions du net, 2018, 185 pages, 15 €

Nous sommes à la fois acteurs et spectateurs de la transformation la plus profonde ayant affecté notre espèce. Au XXIe siècle, se profile l’avénement d’une humanité consciente d’elle-même, Humanitas. L’auteur en fait la définition : « Organisme planétaire constitué par l’ensemble structuré des êtres humains, de leurs créations et de leurs relations physiques, sociales, culturelles et spirituelles. »Humanitaspeut se résumer en trois termes : Unité, cohérence et diversité.
Une humanité qui devrait être plus responsable et plus solidaire. Comme le dit l’auteur «  Se comporter durant notre brève existence en cellule active d’Humanitas, solidaire de nos consœurs, coopérant en pleine conscience au développement harmonieux d’un organisme qui nous transcende. Voilà de quoi donner sens à notre vie ! » Un être dont le corps en en pleine croissance (sept milliards et demi de cellules humaines), qui dispose d’une intelligence collective, un cœur sensible et une conscience.

  • Le
  • Philosophie
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Le défi de Caïn

À la fin janvier, l’Opéra Garnier a décidé de ressusciter Il primo omicidio (Le premier meurtre), oratorio d’Alessandro Scarlatti, qui, à travers le livret d’Antonio Ottoboni, relate le fratricide de Caïn.

« Nous sommes tous fils de Caïn » affirmait Fritz Lang. Le meurtre, la soif du sang sont en nous et ce qui les motive tout d’abord sont la volonté de puissance et le ressentiment.

Tel un mythe, cette histoire « biblique » a quelque chose d’intemporel, qui dépasse le cadre de l’Ancien Testament, et devrait nous aider, face à la montée des impulsions meurtrières et violentes de notre époque, à comprendre les causes profondes de notre actualité.
Le paradis de la Bible est celui de l’innocence mais sans conscience. Le retour sur terre, bien que douloureux, nous oblige à comprendre nos actes, et donc le sens de nos responsabilités. Caïn est en réalité bourreau et victime.
Abel, le frère cadet de Caïn est un berger, un nomade, toujours en mouvement, en marche, privé de la stabilité de la possession d’un territoire. Pour saint Augustin, il est le premier citoyen de la cité des Dieux, la cité des Élus qui se trouve au Ciel, loin des valeurs terrestres, de là son innocence. Celui qui garde la trace du paradis et qui délecte Dieu de son offrande paradoxalement sanglante, l’offrande des premiers-nés du troupeau.

Caïn suit le chemin de ses parents (Adam et Êve), condamnés à gagner leur pain, du fruit de leur sueur. Il est agriculteur et offre à Dieu les fruits de la terre, que Dieu mésestime. Certains pensent qu’il n’a peut-être pas mis assez de foi dans son don, ou qu’il a été porté par le péché de ses parents, que ces derniers ont introduit dans l’essence même de l’humanité, la désobéissance, la révolte, la rébellion, les instincts agressifs, les pulsions antisociales qui rendent la cohabitation entre les hommes toujours instable. La nature humaine n’est pas soumise à la mécanicité et au simple dictat. Tout peut arriver, tantôt en bien comme en mal, parce que derrière, se cache le don le plus précieux de la dignité, la liberté de choix.

La violence fait partie de la structure de l’être humain et la vaincre conduit à la victoire sur soi-même. C’est justement le paradigme qui s’inscrit dans la personne de Caïn, après son meurtre, dont peut-être il n’avait pas conscience, puisqu’avant celui-ci, la mort n’existait pas. Ainsi sont nées la prise de conscience de l’absence et de l’altérité.

Dans son errance, Caïn et ses successeurs vont fonder les premières cités terrestres, créer la forge, l’artisanat, la civilisation.
De l’anti-fraternité est né le besoin de fraternité renouvelé.

Dans l’une de ses nouvelles, le grand écrivain argentin Jorge Luis Borges écrit qu’Abel et Caïn se sont retrouvés beaucoup plus tard, après la mort. Caïn lui demanda pardon, conscient de ce qu’il avait fait et Abel lui répondit : « M’as-tu assassiné, ou est-ce moi qui t’ai assassiné ? Je ne m’en souviens plus. Nous voilà de nouveau ensemble comme avant ».

Le mot Caïn, en hébreu Qinaah, associe le mot « acquérir » et « jalousie » en un sentiment unique : la jalousie provoquée par la convoitise de ce que l’autre possède. C’est ce sentiment qui peut engendrer la violence et le meurtre.

Notre société est traversée aujourd’hui par le vent des colères et des jalousies, par la peur de certains d’être totalement dépossédés et l’indifférence des autres, qui ne pensent qu’à ce qu’ils possèdent.
Pratiquer le pardon et vivre un idéal de fraternité deviennent aujourd’hui indispensables pour éradiquer la violence des uns et des autres. Agir ensemble dans une compréhension de cœur et non de calcul est vital pour faire face au sentiment de dissolution et de désagrégation qui nous menace.
Nous ne pouvons pas continuer à nous comporter en victimes. Nous devons devenir responsables de nos actes et construire un avenir ensemble, en réduisant nos besoins à l’essentiel : un idéal qui nous porte.
C’est par des actes concrets et du dialogue que nous y parviendrons.

L’ombre de Caïn nous observe.

  • Le 30 janvier 2019
  • Editorial
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