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Tag Archives : expérience

Renouer avec les rites de passage ? 

Les rites de passage, dans les sociétés traditionnelles et celles qui nous ont précédés, étaient chose commune. Dans nos sociétés contemporaines, ils sont de plus en plus inexistants. Ne serait-il pas opportun de renouer avec eux ?

Œuvrer pour permettre à chaque âge d’avoir une place et lui permettre de l’occuper est un outil privilégié, simple et puissant, pour pacifier le tissu social et pour que les âges, au lieu de se confondre ou de s’affronter, puissent vivre leur spécificité, se rencontrer et collaborer afin que fructifient leurs différences. Les rites de passage relèvent des moyens pour y parvenir.

Distinguer pour relier

Lors d’un des premiers séjours organisés par un groupe de parents et amis pour leurs adolescents, le premier soir, à notre arrivée sur place, nous avons tous dîné autour de la même table. Nous avons bien vite constaté que ni les animateurs ni les participants n’étaient à l’aise, gênés d’aborder des sujets qui les concernaient respectivement. Aussi avons-nous décidé pour les repas qui ont suivi de faire deux tables, une pour les adultes, une pour les jeunes. Tout s’est bien passé. Et lors du repas de fête de la dernière soirée, les ados ont d’eux-mêmes préparé une seule table commune et les échanges ont été aisés, simples et chaleureux.
De même, lors du séjour organisé pour les plus jeunes (7 à 12 ans), avec, pour la première fois, une quinzaine d’enfants, alors que jusque-là ils étaient nettement moins nombreux, ils se sont avérés, la première journée, très difficiles à gérer. Déconcertés, les animateurs, après réflexion, ont décidé de faire 3 équipes : une pour les plus jeunes, une pour les moyens, une pour les plus grands, avec des activités tantôt communes, tantôt séparées. Et tout est rentré dans l’ordre.

Cette double expérience nous a mis face à l’évidence que, pour pouvoir relier, il faut d’abord distinguer, en fonction, selon les circonstances et les objectifs, des âges, des fonctions, des sexes, du nombre, etc. C’est aussi appliquer la règle d’or : une place pour chacun, chacun à sa place. Dans le cas qui nous occupe : une place pour chaque âge, chaque âge à sa place.

La confusion des âges

Force  est de constater que, de nos jours, règne la confusion dans la place qui revient à chaque âge.

Nous vivons aujourd’hui ans un monde où, bien souvent, l’on ne laisse pas l’enfant vivre son enfance jusqu’au bout, dans la hâte qu’on a d’en faire un adulte miniature.
Où, bien souvent, l’adolescence se poursuit au-delà de tout bon sens.
Où, bien souvent, à 50 ans, alors qu’on est en pleine possession de ses moyens, d’une riche expérience et d’une véritable compétence, on est rejeté par le monde du travail.
Où les retraités n’ont plus guère d’intérêt qu’en tant que consommateurs et bien souvent, pour ceux qui peuvent se le permettre, n’aspirent qu’à une nouvelle jeunesse, meublée de loisirs.
Où les très âgés, qui vivent de plus en plus longtemps, sans plus de place ni d’utilité, sont bien souvent contraints de se réfugier dans une forme ou une autre de sénilité ou de vivre parqués dans des ghettos où ils sont fréquemment l’objet de maltraitance par manque de personnel pour s’occuper d’eux.

Dans un monde où l’idéal est devenu celui du jeune adulte qui, bien souvent, paradoxalement, est à la fois adulé, au lieu d’être formé, et exploité puis jeté quand on l’a pressé comme un citron. Dans un monde où l’on cherche à paraître plus âgé ou plus jeune que son âge, où le mot vieux est quasi une insulte et où l’on s’excuse de l’avoir employé lorsqu’il nous a échappé, force est de reconnaître qu’il serait utile de donner aux différentes générations les outils qui permettraient à chacune de redéfinir sa place et à toutes de vivre ensemble dans une cohabitation pacifiée et féconde.

Renouer avec les rites de passage ?

C’est, entre autres, à la fois notre expérience avec les plus jeunes et ces constatations sur l’état actuel de notre société qui nous ont convaincus de l’intérêt de (r)établir des rites de passage adaptés à l’époque actuelle. Nous avons, au fil des années, élaboré et testé cinq rites de passage à destination des plus jeunes, de la naissance à dix-huit ans : le rite d’accueil sur terre au moment de la naissance, le rite de passage des 7 ans, le rite de sortie de l’enfance, le rite d’entrée dans l’adolescence et le rite de sortie de l’adolescence.

Ce sont ces rites que nous allons, dans les numéros à venir de notre revue, présenter, comme participation à une réflexion sur les âges de la vie et leur vivre ensemble.

Par Marie-Françoise TOURET

  • Le 27 février 2020
  • Éducation
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À lire revue 299

VIENT DE PARAÎTRE !

Hors-série N° 8
Revue Acropolis, septembre 2018, 6,50 €
Éduquer à la Transition
Nous vivons dans un moment de transition. Le monde vit de grands changements, favorisés par des découvertes extraordinaires dans tous les domaines et en même temps, d’un point de vue culturel, politique, et moral, notre monde est en crise et les modèles existants sont impuissants à renouveler nos sociétés. De nombreuses initiatives surgissent partout dans le monde, offrant des solutions alternatives, pour transformer durablement notre manière de vivre et d’agir, qui nécessitent de changer de paradigme et de réviser en profondeur nos modes de pensée et nos valeurs. La clé pour accompagner cette transition réside dans l’éducation : une éducation permanente et intégrale, pour une évolution et un développement permanents des potentialités humaines. Se changer soi-même pour changer le monde, redonner à l’être humain sa dignité, sa légitimité et lui permettre de construire en lui et autour de lui ce moment de transition.
Disponible dans le centre Nouvelle Acropole le plus proche

 

Le désenchantement des philosophes contemporains
par Brigitte BOUDON
Éditions Ancrages, 2017, 64 pages, 8 €
Après les atrocités des deux guerres mondiales, le XXe siècle est en plein désarroi et désenchantement. En réalité, ce désarroi est en gestation au XIXe siècle, avec les « philosophes du soupçon », (Schopenhauer, Kierkegaard et Nietzsche), qui remettent en cause l’optimisme et la confiance dans la Raison des Lumières. Durant le XXe siècle, cette contestation s’amplifie dans le monde. Le culte de la raison serait responsable de la violence que l’on trouve dans le monde : violence provoquée par la prépondérance du progrès économique au détriment des valeurs et de la morale, culte du bonheur pour refouler la souffrance, la mort ou le sens de la vie. Edmund Husserl, Martin Heiddeger, Hannah Arendt, Emmanuel Lévinas et Paul Ricœur, Gilles Deleuze, Michel Foucault, Jacques Derrida, entre autres, en sont les porte-paroles. Quel sera l’avenir du XXIe siècle ? Il est urgent de redécouvrir les liens avec soi, avec les autres et avec la Nature.

 

Montaigne et l’expérience
par Christian CAVAILLÉ
Éditions Démopolis, 2018, 128 pages, 16 €
Les Essais sont une réponse à la violence des guerres de religion et proposent une vision nouvelle de l’homme dans le cadre du courant de l’humanisme. La notion d’expérience et de mise en pratique de l’expérience (Livre III des Essais) est le fil conducteur de l’auteur du livre. L’expérience de soi qui se confond avec l’expérience du monde car parler de soi conduit à parler des autres et le monde est un miroir pour mieux se connaître. L’expérience de la raison qui conduit à l’apprentissage du discernement et à l’exercice du jugement. L’esprit doit être attentif aux singularités et reconnaître ce qui varie et change d’une expérience à l’autre. L’expérience de l’ordinaire et de l’extraordinaire, l’expérience du plaisir et de la douleur, les expériences extrêmes, l’expérience des accords majeurs et des discordes, l’expérience du passage et des variations sans invariant… L’auteur conclut :« Montaigne nous rend philosophiquement attentifs à ce qui, dans l’expérience, apparemment ou réellement témoigne d’une insistance réfractaire aux pouvoirs des experts ainsi qu’aux instrumentalisations de toutes sortes »

 

Permaculture humaine
Des clés pour vivre la Transition
par Bernard ALONSO et Cécile GUIOCHON
Préface de Jean-Marie PELT
Illustrations de Marie QUILVIN
Éditions Écosociété, 2016, 206 pages, 25 €
La permaculture humaine consiste à recréer des groupes humains en équilibre en s’inspirant de la nature. Il s’agit de mettre en interrelation les talents et les expériences déjà acquises de tous, afin d’aller tous dans une même direction et vers un même objectif. Apprendre à solidariser, à collaborer pour améliorer la qualité de vie : retrouver le lien à la nature ; activer l’hémisphère droit du cerveau (lié à l’imagination, l’intuition, la créativité, le rêve, les qualités artistiques…) mais également favoriser la coopération entre les deux hémisphères ; trouver sa « niche », ce pourquoi chaque individu est fait ; chaque élément à sa place et dans son rôle ; développer l’intelligence collective ; prendre soin de la terre et de l’humain. Ce guide de la transition, assorti de conseils, illustrations, expériences pratiques, chiffres clés… a été écrit par un conférencier international canadien et praticien en permaculture et une journaliste spécialisée dans les applications urbaines de la transition et le design en permaculture.
Inventer demain
20 projets pour un avenir meilleur
par Collectif
Éditions Librio, 2015, 93 pages, 3 €
20 projets pour rendre le monde plus habitable : d’une économie plus juste, à une entreprise plus humaine, une société plus équitable et une planète plus saine. Projets animés entre autres par Jacques Attali Joël de Rosnay, Nicolas Hulot, Emmanuel Macron…

 

L’armée imaginaire
par François CADIOU
Éditions Les belles lettres, 485 pages, 29,50 €
Un ouvrage qui s’inscrit dans la collection Monde Anciens qui considère que l’histoire et l’anthropologie de l’Antiquité est fondatrice en permettant d’analyser les mécanismes qui régulent les sociétés. C’est la théorie de la prolétarisation de l’armée romaine au 1er siècle avant J.-C. qui est ici évoquée. Les historiens ont attribué à tort la chute de la res publica à l’armée de légionnaires pauvres. Or, rien ne l’atteste dans les archives et la documentation de l’époque. L’armée de légionnaire pauvres serait-elle une armée imaginaire ?
De l’être au vivre
Lexique euro-chinois de la pensée
par François JULLIEN
Éditions NRF Gallimard, 2015, 313 pages, 18,90 €
L’auteur compare la pensée occidentale et la pensée chinoise en détectant les écarts entre les deux pensées. Une vingtaine de concepts — entre transformations silencieuses et pensée du graduel changement, entre propension et causalité, entre beauté et fadeur, entre disponibilité et liberté, entre sujet et situation — sont ainsi examinés à la loupe des deux pensées. L’auteur réinterroge ainsi l’art, la psychanalyse, la pensée politique, le management. Par un philosophe, helléniste et sinologue.
Le petit livre du mysticisme, ses enseignements essentiel
par sa Sainteté le Dalaï Lama
Préface de Robert A.F. THURMAN
Éditions Presses du Châtelet 2018, 184 pages, 15 €
À travers ses enseignements, Sa Sainteté le Dalaï-Lama encourage tout être humain à être meilleur et vivre la spiritualité. Cet ouvrage nous ouvre des portes sur une réalité profonde parfois insoupçonnée de notre intériorité, la mystique étant liée à la transformation humaine et à la religiosité essentielle à notre évolution. À lire sans modération.
Anxiété
Les tribulations d’un angoissé chronique en quête de paix intérieure
par Scott STOSSEL
Éditions Belfond, 2016, 439 pages, 21 €
L’auteur, sujet à une angoisse contre laquelle il lutte en permanence, puise dans l’histoire de la philosophie, des religions, de la littérature, de la psychanalyse, de la pharmacologie et des dernières recherches en génétique ou en neurosciences, pour en comprendre les mécanismes et trouver les solutions. L’anxiété est une émotion qui a pour utilité de nous protéger des dangers. Elle mobilise toutes nos ressources pour faire face ou fuir. Le déclencheur est une pensée, un contexte, une impression, une incertitude. À ce moment-là, le cerveau émotionnel agit sous l’impulsion de l’amygdale et l’hippocampe s’active, déclenchant des peurs. Plus on a peur, plus le corps exprime cette peur, plus la peur augmente. On passe de l’hypercontrôle à l’anxiété, de l’anxiété à la phobie, des phobies à l’anxiété généralisée qui devient ainsi pathologique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Le 1 septembre 2018
  • Littérature
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Hommage à Giordano Bruno, La révolution de la pensée humaine

Giordano Bruno, Philosophe humaniste de la Renaissance

 

Giordano Bruno (1548-1600) est un philosophe humaniste de la Renaissance qui a révolutionné la pensée dans beaucoup de domaines, de la philosophie à la poésie, en passant par les sciences. Nous voulons, une fois de plus, lui rendre hommage.

Giordano Bruno est amené le 17 février 1600 au Campo dei Fiori, Rome, il est dénudé, attaché à un mât, et brûlé vif par l’Inquisition. Il aura fallu huit années d’acharnement pour en venir à bout.
La multitude de domaines que ce grand philosophe a visité à l’aube de la pensée moderne occidentale et surtout le fait que nous soyons trop peu familiarisés avec la pensée de l’imaginaire de la Renaissance italienne, et de la Magie en particulier, rend Giordano Bruno assez difficile d’accès. Mais comme nous pensons que l’Occident pourrait et devrait s’inspirer de ce courant de la pensée humaniste tellement négligé pour nous rendre l’espoir d’un avenir, aujourd’hui incertain, voici notre humble contribution à ce philosophe italien.

Giordano Bruno, Philosophe humaniste de la Renaissance

Giordano Bruno, Philosophe humaniste de la Renaissance

La Magie de la Renaissance veut attirer le monde vers le plus intime de son intériorité ou, comme dit Frances A. Yates (1) : … « Le mage essaie de réfléchir le monde dans le mens (2) à l’opposé du scientifique qui extériorise et dépersonnalise le monde suivant sa volonté ».

Autrement dit, l’Occident s’est construit en luttant pour s’affranchir de la pensée naturelle ésotérique, de cette philosophia perennis. Descartes nous a légué une vision purement objective du monde, de la nature, tout en étant sortie d’une énorme machine mathématique omniprésente. Que s’était-il passé avec l’esprit ? Où était-il allé ?
À l’époque, ces questions étaient fort embarrassantes et il fallait y répondre au risque de sa peau.  Descartes ira jusqu’à attribuer une partie dans notre corps, le conarion, qui serait le siège de toute la « substance pensante », de tout ce qui relève de l’esprit et qui n’est pas pris en charge par notre fabuleuse machine.

Malgré les nombreuses objections qui ont été soulevées depuis cette époque, nous sommes forcés de constater que la civilisation occidentale moderne a choisi de progresser à travers le sentier de l’expérience externe, de développer sans cesse les différents composants de la machine. Il y a longtemps que le conarion a disparu et parler de l’esprit relève d’une série de substituts très éloignés de l’esprit tel que le conçoivent les philosophes néoplatoniciens de la Renaissance, éloignés de cet esprit que Bruno voulait affranchir des dérives proposées par les Eglises.
Mais quelles étaient les intentions de Bruno en parcourant l’Europe et en défendant ses idées ?

Sortir de la caverne

Le mieux serait de laisser la réponse à Giordano Bruno lui-même. Voici comment il s’exprime dans De la cause, du principe et de l’un (3) :
« L’entreprise que tu as hasardée, ô Philothée, est difficile, rare et singulière, de vouloir nous sortir de l’aveugle abîme et de nous conduire, à ciel ouvert, à la face tranquille et sereine des étoiles qu’en si belle variété, nous voyons disséminées sur le manteau céruléen.
Bien qu’aux hommes seuls tu tendes la secourable main de ton zèle compatissant, les témoignages des ingrats, envers toi, seront aussi nombreux que les animaux que la terre bénigne engendre et nourrit dans son maternel et généreux sein… C’est pourquoi l’on verra ceux qui, comme des taupes éblouies à peine auront-ils l’air pur, que de nouveau, grattant la terre, retourneront à leurs primitifs et obscurs recoins ; et ceux-là qui, tels que nocturnes oiseaux, n’auront pas plutôt vu pointer au brillant Orient le vermeil annonciateur du soleil, qu’aussitôt, empêchés par l’impuissance de leur vue, ils iront retrouver leur ténébreuse retraite. Tous les animaux, bannis du spectacle des lumières célestes et des destinés éternellement aux prisons, aux fosses et aux antres de Pluton, rappelés par la corne effrayante de l’Erynnie (4) Alecto, déploieront leurs ailes et dirigeront leur course rapide vers leurs habituelles demeures. Mais les animaux nés pour la lumière, arrivés au terme de l’odieuse nuit, remerciant la bénignité du ciel, et se disposant à recueillir dans le cristal courbe de leurs yeux les rayons tant désirés et attendus, applaudiront avec enthousiasme, de cœur, de la voix et des mains, et adoreront l’Orient… »

Assurément cette entreprise est difficile, rare et singulière, … celle de vouloir nous sortir de l’aveugle abîme et de nous conduire, à ciel ouvert, à la face tranquille et sereine des étoiles… et c’est ce que Bruno voulait, nous faire sortir de la caverne, suivant son illustre prédécesseur Platon.

Giordano Bruno voulait nous faire sortir de la caverne, suivant son illustre prédécesseur Platon.

L’occultation de Giordano Bruno, tant par les Églises que par la pensée cartésienne, n’a pas empêché le retour de la « Brunomania » (5) depuis les années 60. Le nombre d’études récentes sur le Nolain (6) se comptent par centaines ainsi que de nombreux comités locaux ou internationaux pour réhabiliter sa mémoire. Parmi ces derniers, signalons le Comité international Giordano Bruno lancé par Jorge Angel Livraga à la fin des années 80 dans le cadre de l’Organisation internationale Nouvelle Acropole (7). Des statues à la gloire de l’italien ont été érigées dans des endroits insolites comme Mexico City, Bogota, sans oublier celle qui fut érigée dans le Campo de Fiori à Rome en 1899.
L’excellent éditeur Les Belles Lettres s’est proposée de traduire en français l’œuvre intégrale de Giordano Bruno et d’offrir pour la première fois une édition critique complète des textes italiens et latins du philosophe. L’ensemble comportera une vingtaine de volumes, dont la plus grande partie a été publiée pour le quatrième centenaire de la mort de Bruno (17 février 2000). Au dire de l’éditeur, « il s’agit moins de commémorer une disparition que d’affirmer une présence : pour peu qu’on le dégage des interprétations réductrices et de quelques mythes persistants, Giordano Bruno intéresse aujourd’hui tant la philosophie que la poétique, tant l’art dramatique que l’histoire des sciences » (8).

Le langage du Logos

Il est vrai que l’occultation de Bruno est également le résultat d’une inaptitude, d’une rupture, la nôtre, à interpréter la pensée de l’imaginaire, celle qui exige des facultés d’ordre interne, des facultés propres à des mystiques ou à des sages d’un autre monde.
Le divorce entre philosophie et sagesse s’est produit très tôt dans notre histoire, au siècle de Périclès. Il s’agit de la rupture entre le Logos et la Praxis (9).
La philosophie de Platon prétend résoudre la profonde crise du Logos dont l’usure de la démocratie athénienne et les sophistes sont responsables.

Héraclite, Thalès, Anaximandre, Pythagore, Parménide… prêtaient une attention particulière aux multiples changements de la nature qui donnent un sens à la bataille du jour contre la nuit, de l’harmonie contre la discorde.

Héraclite, Thalès, Anaximandre, Pythagore, Parménide… prêtaient une attention particulière aux multiples changements de la nature qui donnent un sens à la bataille du jour contre la nuit, de l’harmonie contre la discorde.

Pour Platon, le Logos présocratique a été trahi : Héraclite, Thalès, Anaximandre, Pythagore, Parménide… prêtaient une attention particulière aux multiples changements de la nature qui donnent un sens à la bataille du jour contre la nuit, de l’harmonie contre la discorde.
Comprendre comment la Nature parvient à dépasser la lutte de la dualité cosmique pour refléter l’Un et produire le Bien, c’est comprendre le langage de ce modèle ou logos à partir duquel les hommes peuvent rétablir le paradis perdu.
Les philosophes présocratiques se sentaient dépositaires de ce Logos. Ils se présentent à nous comme des prophètes, des poètes, et pourtant, dans leur temps ils jouaient un rôle pratique et capital dans les affaires de leurs cités. En fait, leur enjeu était surtout éthique, philosophique et politique.

Les Sophistes ont déraciné le Logos de sa source cosmique et transcendantale. Ce que Descartes a fait avec la pensée magique de la Renaissance.

Redonner au Logos sa dimension

Redonner au Logos (10) sa dimension transcendante et originelle devient pour Platon la question existentielle, base de toute sa pensée philosophique et politique. La Cité doit incarner et protéger la Transcendance. Si l’homme dépend trop des biens circonstanciels, éphémères par nature, l’angoisse de les perdre altère son discernement et son équilibre intérieur.
Il est vrai que le passage du Logos à la Praxis reste un problème que Giordano Bruno n’a pas voulu résoudre par le discours philosophique comme le fit Platon. Ce dernier utilise la voie des mythes pour s’attaquer au problème ; le premier utilise la confection des images ou sceaux talismaniques pour se transformer, transformer la nature et devenir « mage ».

Dans son dialogue le Théétète, Platon met en scène Socrate décrivant la figure de Parménide :

« Selon le mot d’Homère, je trouve que Parménide est à la fois "vénérable et redoutable".

« Selon le mot d’Homère, je trouve que Parménide est à la fois « vénérable et redoutable ».

« Selon le mot d’Homère, je trouve que Parménide est à la fois « vénérable et redoutable ». J’ai eu l’occasion de rencontrer le personnage, alors que j’étais tout jeune et lui, tout à fait vieux, et j’ai bien vu alors qu’il a dans sa pensée une profondeur absolument extraordinaire. C’est pourquoi j’ai peur que nous ne comprenions pas bien ce qu’il dit et plus encore que nous n’arrivions pas à comprendre ce qu’il veut dire » (11).

Platon dédie tout un dialogue à ce philosophe, le Parménide, et c’est précisément ce dialogue platonicien qui reste le plus énigmatique de tous les dialogues du grand philosophe et qui a donné lieu au plus grand nombre d’interprétations divergentes.
Le message du Nolain n’est pas seulement « vénérable et redoutable » ; il est aussi tellement en avance sur son temps que même lorsqu’il emploie le discours philosophique pour décrire ses idées, peu de gens du XVIe siècle ont été capables de le décrypter.

Pour conclure cette étude sur le Nolain, nous vous proposons quelques-unes de ses proclamations :
« Je crois que l’univers est infini puisqu’il est l’effet de l’infinie puissance divine. Il serait indigne qu’une toute-puissance capable de produire des mondes innombrables, n’en produisent qu’un seul et limité ».
« Les sens confessent leurs faiblesses en produisant l’apparence d’un horizon fini, apparence toujours changeante…car il n’y a pas d’horizon en soi, mais toujours par rapport à un observateur. »
« J’ai découvert l’identité de toutes les religions, et donc je n’en remets aucune en doute, car la divinité m’apparaît en toute chose, du grain de sable à l’étoile la plus éloignée, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. »
« Les théologiens aussi doctes que religieux n’ont jamais porté préjudice à la liberté des philosophes ; et les vrais philosophes, honnêtes et de bonnes mœurs, ont toujours favorisé les religions. »
« L’homme est un être projeté à l’infini vers une entreprise héroïque dont la progression a pour but l’union avec la divinité, le retour à l’unité… »
« Ce qui est commun et facile est bon pour le vulgaire et le commun ; les hommes exceptionnels, héroïques et divins suivent la voie difficile pour contraindre la nécessité à leur accorder la palme de l’immortalité. De plus, même s’il n’est pas possible de terminer la course et de remporter le prix, ne ménagez pas vos efforts dans une entreprise si importante et résistez jusqu’à votre dernier souffle. La louange attend non seulement le vainqueur, mais aussi celui qui meurt sans couardise ni lâcheté. […]  Que la persévérance l’emporte donc : si l’épreuve est épuisante, la récompense ne sera pas médiocre. Tout ce qui a de la valeur est d’accès difficile… »
« Et quand nous voyons une chose « mourir », comme on dit, il nous faut moins croire à sa mort qu’à sa transformation, son assemblage accidentel se décompose et se désaccorde, mais ses éléments constituants demeurent toujours immortels (cela est vrai de ceux que l’on appelle spirituels plus encore que de ceux que l’on appelle corporels et matériels, comme nous le montrerons en d’autres occasion… »

(1) YATES F. A., Giordano Bruno et la tradition hermétique, Théosophie chrétienne, Éditions Dervy-Livres, 1988
(2) Esprit, pensée
(3) Œuvres complètes de Giordano Bruno, Collection bilingue dirigée par Yves Hersant et Zaïra Sorrenti, Trduction de Luc Hersant et publiée sous le patronage de l’Instituto Italiano per gli Studi Filosofici et du Centro internazionale di Studi Brunjani « Gionnai Aquillechia », Tome III, De la cause, du principe et de l’un, Éditions Belles Lettres, 2016
(4) Une des déeesses chtnoniennes grecques (déesses des enfers) que les Romains assimilèrent aux Furies
(5) Barbera M.L., La Brunomania in Giornale critico della filosofia italiana 59/1980
(6 ) Giordano Bruno est né à Nola, ville tout près de Naples
(7) OINA, www.acropolis.org
(8) Les Belles Lettres : www.lesbelleslettres.com/collections/giordanobruno
(9) Figares Fernand, L’Evolution de la pensée politique chez Platon, Colloque International sur l’actualité de la dialectique platonicienne et ses métamorphoses, Marseille, décembre 2013.
(10) Parole, discours, raison,
(11) Platon, Théétète, 183e-184a
Par Fernando FIGARES

Paru récemment

La philosophie héroïque de Giordano Bruno

La philosophie héroïque de Giordano Bruno

La philosophie héroïque de Giordano Bruno
Œuvre collective : Fernando FIGARES, Jean-Michel CHATELIER
Éditions Nouvelle Acropole Belgique, 2016, 208 pages 18 €
Au XVe siècle l’Italie découvre avec les enseignements de la sagesse antique les valeurs humanistes. Giordano Bruno, moine philosophe, hautement éclairer sur toutes les doctrines philosophiques connues s’en fit l’écho à son époque, ce qui déplut à l’Église catholique qui l’accusa d’hérésie et le condamna à être brûlé sur le bûcher. Aujourd’hui, sa philosophie, d’une richesse incomparable nous donne des clés pour nous aider à revitaliser et ré-enchanter un monde qui se débat pour sa survie.

 

Cultiver sa mémoire, tout un art !

Palais de mémoire

On commence par se remémorer un lieu qu’on connaît bien (ce qu’on nomme souvent le « palais de mémoire », mais ce peut être son appartement !

On commence par se remémorer un lieu qu’on connaît bien (ce qu’on nomme souvent le « palais de mémoire », mais ce peut être son appartement !

Ce qu’on a appelé l’art de la mémoire est né au cours de l’Antiquité tardive. Cicéron et Quintilien ont écrit les premiers traités sur le sujet. Cette technique repose sur la méthode des loci (lieux en latin). On commence par se remémorer un lieu qu’on connaît bien (ce qu’on nomme souvent le « palais de mémoire », mais ce peut être son appartement !).
Puis, par exemple pour se rappeler les phases d’un discours (c’était l’usage qu’en faisaient les orateurs de l’Antiquité), on place en imagination des symboles représentant ce dont on souhaite se souvenir. Ainsi, si vous désirez parler d’art de la mémoire en un point de votre exposé, vous pouvez imaginer, dans une pièce de votre maison, un tableau (pour l’art) représentant une madeleine (celle de Proust, pour la mémoire).
Toute l’astuce est dans la création des symboles. Si ceux-ci sont aussi difficiles à se remémorer que le sujet qu’elles évoquent, c’est raté ! C’est pourquoi les images doivent être le plus frappantes possibles, susciter l’émotion, l’intrigue, l’excitation, voire la répulsion. La méthode des loci est donc autant une méthode mnémotechnique qu’un exercice de créativité.

Extrait de l’article paru dans la revue Sciences humaines,
Numéro spécial N°296S Comment apprend-on ? Sept-Oct 2017
Par Rémi Russo

 

 

  • Le 2 octobre 2017
  • Philosophie
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