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Categories : Philosophie au quotidien

Le rôle de la jeunesse, retrouver le courage d’agir

La jeunesse, pleine de fougue et de folie que l’on a l’habitude de voir se lancer dans des projets délirants, à quoi est-elle occupée en ce moment ? Au service de quoi mobilise-t-elle toute son énergie ?

C’est la question que l’on est en droit de se poser lorsqu’on la croise, la nuque brisée, le regard éteint, parfois méfiant, un bruit de fond vissé au creux de ses oreilles qui assassine toutes ses tentatives de penser. Avec l’obsession effrénée de se distraire sans relâche, de se divertir à s’en oublier elle-même. La jeunesse n’est plus que témoin de l’histoire, elle fuit et semble impuissante face aux crises qui lui sont pourtant déclarées.

Communiquer pour se relier

Ce constat ne peut résumer notre génération, celle qui grandit aujourd’hui à vos côtés. Et pourtant, on est en droit de se demander comment notre esprit se forme dans nos universités et nos écoles. Un esprit bien fait, n’est pas un sac rempli de connaissance, il sait apprécier le silence et il sait s’apprécier, étant seul. Aujourd’hui, trop nombreux sont les jeunes qui profitent de l’opportunité d’un instant de solitude pour se replier face à leur écran et se couper du monde. Mais que trahit ce geste anodin et pourtant si fréquent ? Quel malaise derrière cette fuite ? Car comme nous, la plupart, discutent et dialoguent à travers les réseaux sociaux, et cherchent à établir une connexion avec l’autre, avec les autres. Nous aspirons tous à communiquer, mais nous ne savons plus nous relier.

Comprendre le monde…

Nous aspirons tous à comprendre mais ne savons plus apprendre. Face aux interrogations, au doute, un seul réflexe : Google. Utile, rapide, efficace, impersonnel et déshumanisé. La réponse instantanée n’a pas le temps d’être mémoriséE, comprise et apprise, qu’aussitôt elle s’efface. Elle n’aura ni le temps de s’imprégner, ni de refléter la richesse d’une véritable recherche.

Tous ces contenus issus d’internet, cette suite d’images, de vidéos, de sons, ne laisseront aucune empreinte durable dans l’âme, juste des souvenirs éphémères vites évanouis. Car l’âme a besoin de partage, et retient davantage la simplicité des moments partagés, face à une simple photo prise devant un beau coucher de soleil. Plutôt que de baisser la tête sur un écran, il est possible de commencer à se redresser, de chercher le regard de l’autre dans le métro, et d’offrir simplement sa présence. Il est possible d’être fou et d’être fort, de contacter le courage d’être différent.
Dans cet élan, il est alors possible de voir que l’autre est une ressource infiniment plus riche qu’un moteur de recherche, qu’il a peut-être eu les mêmes interrogations, qu’il est passé par les mêmes épreuves. Que le fruit de son expérience peut nous apporter une réponse que nous saurons nous approprier car c’est en partageant avec l’autre ce que l’on vit que l’on peut réellement redéfinir sa propre humanité.

L’Humanité ce n’est pas une statistique représentant des milliards de personnes connectées et en réalité, déconnectées, c’est une richesse d’interactions possibles. Être humain ce n’est pas être capable d’élaborer des hautes technologies en se contentant de jouir du confort accumulé, c’est être capable de voir en l’autre un morceau de soi.

… pour agir

Rappelons nous le courage. N’oublions pas que la jeunesse est folie et fierté. Ne faisons pas comme si nous avions perdu la mémoire, comme si nous ne voyions plus l’intérêt de nous battre, comme si nous avions perdu le goût de l’effort et l’envie de nous dépasser. Alors, en croisant un regard brillant, en écoutant une parole forte, en faisant appel à notre résilience, nous pourrons changer de destin, aider notre prochain et faire briller les plus brillantes initiatives au coeur de cette nuit noire.
Ne soyons pas ainsi que nous décrivait Albert Camus : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » (1). Le monde n’est pas à refaire, et la tâche n’est pas si impossible, choisissons d’abord simplement de ne pas détourner le regard et d’assumer ce qui nous dérange.

Alors, les mots de Jean Jaurès, qui ont résonné il y a plus de cent ans, prendront à nouveau tout leur sens, car ils n’ont pas perdu une ride : nous pouvons rompre avec la tyrannie « des vices, des crimes, des erreurs, des préjugés, des égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant » (2).
Il est possible de se mobiliser, chaque jour, pour entretenir le bonheur, la créativité, la liberté si vite emportés par la faucheuse de l’obscurantisme et du repli sur soi.

À quoi bon devenir meilleur dans un monde qui ne remet pas en question ses propres finalités ? C’est un des murmures de l’indicible désespoir qui veillera à nous faire oublier, perdre le sens. C’est naturel d’oublier l’intérêt de se dépasser si on ne sait pas où on va. Nous devons nous souvenir de notre rôle car le monde n’a pas toujours été injuste, faux et laid.

Aujourd’hui, s’emparer de ces combats est indispensable pour sortir de la chrysalide, et, devenir des adultes rompus aux joutes de la vie. Se déplacer pour faire rencontrer les idées, pour faire vivre son humanité et partager l’amour qui sommeille dans le coeur de notre jeunesse. Se lever pour écrire une histoire à transmettre. Être capable de donner le meilleur de soi et s’éveiller à la beauté du monde, éveiller son voisin, éveiller les citoyens pour le plus beau des dessins, le plus doux des rêves, la plus belle des promesses : pacifier le monde.
Osons ne pas nous reconnaître dans les valeurs de cette société qui nous promet le bonheur derrière les derniers gadgets à la mode dont nous estimons ne pas avoir besoin (3).
Assumons d’être dérangé par cette publicité outrancière, ce consumérisme généralisé qui se fiche du bien être humain mais qui souhaite la rentabilité même si cela veut dire bafouer le respect de l’autre.

Soyons, comme Jean Staune (3) nous appelle, les  créatifs cutlturels  de ce monde, qui par-dessus tout recherche l’authenticité dans leurs actions, afin qu’elles soient le reflet parfait de leur pensée. De tout temps, ces créatifs culturels (4) ont existé, alors ils s’appelaient tout simplement : des philosophes pratiquants.
Rafraichissons les mémoires : la philosophie, c’est l’amour de la sagesse. Parente du courage, puisqu’elles ont cet amour en commun, le « cor agere » qui révèle la puissance du cœur dans l’action.

Le courage est là, qui rend possible ce qui ne le semblait pas, qui rend visible l’invisible, qui rend fécond le débat d’échanges fondateurs. Faisons sonner les tambours de nos cœurs, et par ce son héroïque, apportons la vie de notre jeunesse vivante, sincère et pleine, justifiant l’existence de l’invincible espoir (2). Devenons l’étoile dans la nuit noire et profonde qui guide les naufragés perdus dans les eaux troubles de la vie.

(1) Albert CAMUS, Discours de réception du prix Nobel de littérature, à Stockholm, 10 décembre 1957
(2) Jean JAURES, Discours à la jeunesse, au Lycée d’Albi, 1903
(3) Jean STAUNE, Les clés du futur, Éditions Pluriel, 2018, 720 pages
(4) Lire l’article Les acteurs du changement au XXe et XXIe siècle, les Créatifs culturels de Marie-Agnès Lambert, paru dans le Hors-série n°8 (2018)
par Anaëlle CONTENSAUX

  • Le 26 mai 2020
  • Philosophie au quotidien
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L’écologie spirituelle, une nouvelle façon de répondre à la crise

Aujourd’hui, le monde traverse une crise écologique sans précédent. Cette crise n’est pas isolée loin de là. À la crise écologique, s’ajoute une crise économique, morale, sociale. Et si toutes ces crises avaient un fond commun ?

Le mot « crise » vient de crisis qui veut dire changement. Toutes les tensions qui existent dans le monde sont le symptôme d’un changement : un changement de société, de mentalité, de paradigme.
Ce changement de point de vue, Satish Kumar, disciple de Gandhi, l’aborde à travers l’écologie spirituelle. Ancien moine jaïn, il a quitté les monastères pour se rendre utile en agissant sur le monde. Avec un ami, ils effectuèrent une marche de 40 000 km traversant Moscou, Paris, Londres jusqu’à Washington, sans argent, mangeant végétarien et devant vivre grâce à la générosité des citoyens. Ils traversèrent ainsi les quatre capitales qui, en 1962 possédaient l’arme nucléaire, pour protester contre celle-ci. En passant par la Georgie,  une femme, inspirée par ce courage, donna un sachet de thé à ces deux aventuriers de la paix. Chaque sachet de thé devait être offert aux représentants des pays, afin que, avant d’appuyer sur le bouton rouge, les dirigeants prennent une minute, et boivent ce fameux thé. Ce périple héroïque pour la paix fit le tour du monde. Satish Kumar rencontra autant de soutiens que d’obstacles, notamment en France, où il fut emprisonné. Il n’a jamais renoncé et s’est sacrifié pour un idéal plus grand que lui.

Aujourd’hui Satish Kumar est un homme engagé pour l’éducation, notamment grâce à sa fondation, le Schumacher College qui propose à Totnes, en Angleterre, une formation holistique de pratiques de vie durable. C’est un lieu d’enseignement et de rencontre autour de la transition économique, écologique et spirituelle.

La terre, un être vivant ?

Il constate que nous considérons encore trop souvent la Nature, comme une simple ressource naturelle. La Nature, la Terre, serait un stock de matières premières qu’il faudrait préserver, au nom du développement durable, pour les générations futures. Ainsi, nous devons « consommer en respectant la planète ». La Terre est un être vivant, bien plus sage de 4 milliards d’années que l’Homo Sapiens. Elle exprime les lois de l’Univers. L’homme moderne a pensé lui, que son destin était de posséder. Ainsi il voit la planète comme sa propriété. Satish Kumar pense que la Terre, a aussi une Âme, tout autant que l’Homme.
« C’est d’abord parce que l’Homme est pollué à l’intérieur qu’il pollue la Nature. »

Nous parlons bien de l’intériorité de l’homme, celle qui contient ses pensées, ses émotions, son imaginaire, ses rêves, sa profondeur. Or aujourd’hui quelle est la relation que nous avons avec celle-ci, si ce n’est une grande part d’intérêt personnel, de séparativité et de violence ? Nous devons d’abord faire la paix en nous-mêmes si nous voulons faire la paix avec les autres et ainsi avec la Nature. Nous devons donc agir sur nous-mêmes avant d’agir sur le monde.

Qu’est-ce que la spiritualité ?

Apprendre à rentrer en relation avec soi, c’est ça la spiritualité, répète Satish Kumar. La spiritualité c’est le lien, la relation, la conscience. La spiritualité n’est pas quelque chose d’inaccessible que seuls quelques initiés ou gourous peuvent vivre. Elle est à la portée de tous. Spiritualité vient du mot spirit qui veut dire le souffle. C’est le souffle de vie, l’air que chaque être partage. L’air est en relation avec le Tout, c’est ce qui nous unit. « La religion sépare, la spiritualité unifie ». La religion est liée à la spiritualité, mais la religion est une structure organisatrice, elle apparaît dans un contexte particulier et veut répondre aux problèmes spécifiques d’un contexte historique. Même si la source de l’enseignement des religions est la même, la religion divise les peuples à travers l’Histoire. Cette dernière se répète à travers les différents cycles de la vie. Chaque époque, chaque mode de pensée, naît, vit puis meurt. Comme les saisons de chaque année, tout a un début et tout a une fin. La fin est toujours signe d’un renouveau. Le changement arrive quand l’homme accepte de se dépouiller d’une partie de lui-même, tel l’hiver cédant au printemps.

« L’Homme doit développer sa manière d’être et non la capacité à faire » Satish Kumar

Le disciple de Gandhi rappelle que la spiritualité commence par la générosité, c’est-à-dire avoir le cœur ouvert. La générosité va au-delà du don matériel, elle ne se mesure pas et commence par le don de soi. L’amour universel n’attend rien, c’est un amour qui donne et partage la souffrance d’autrui. Le constat actuel est que l’homme moderne a le cœur fermé car il a peur, il a peur de donner. Le premier acte spirituel est de combattre cette peur ainsi que toutes les autres. La vie spirituelle c’est être au service du bien commun. La société individualiste ne sait plus ce qu’est être au service, sans rien attendre en retour. Pourtant, ne rien attendre en retour, la Terre le fait à chaque instant. Ainsi l’écologie spirituelle, c’est simplement être au service de la Nature. Agir comme la Nature, c’est vivre l’écologie spirituelle.

Satish Kumar est un exemple d’héroïsme, il n’y a pas un seul jour, malgré toutes les difficultés qu’il a rencontrées, où il a manqué de confiance. Il a toujours combattu sa peur même face à l’impossible. Pour lui, le bonheur c’est augmenter la capacité de se contenter. Se contenter simplement de ce qui est, tout en conservant son discernement face aux circonstances, assumer le réel et devenir acteur pour quelque chose de plus grand que soi.

Satish KUMAR, Pour une écologie spirituelle, édition Belfond, 2018, 192 pages, 17€
Lire les articles sur Satish Kumar parus dans les revues :
– N° 280 (décembre 2016),Tu es donc je suis de Satish Kumar par Brigitte Boudon
– N° 283 (mars 2017), Rencontre avec Satish Kumar Terre, Âme, Société, la nouvelle trinité par Manjula Nanavati
– N° 303 (janvier 2019), Rencontre avec Satish Kumar, par Marie-Agnès Lambert
Par : Raj ASGARALY

  • Le 29 mars 2020
  • Philosophie au quotidien
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Devenir artiste de sa vie

Aujourd’hui, il semblerait que l’art soit réduit à la fonction de divertissement. Pourtant, il est autre chose. Un lien entre l’univers et les hommes, un lien entre les hommes. Comment lui redonner sa vraie place dans la société ?

 

Nous avons tous été un jour désarmés en écoutant ou en contemplant une œuvre d’art. Ce sentiment inexplicable d’être en présence de quelque chose de grand, de quelque chose que notre intellect ne peut expliquer. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, ne pas comprendre nous rend profondément heureux, comme si notre âme se nourrissait de ces rares moments d’inspiration, qui nous relient à plus grand. Peut-être est-il inutile de chercher un autre rôle à l’art que celui de relier les hommes, à eux-mêmes, aux  autres, à la nature. Ainsi, l’art véritable est au-dessus des goûts et des différences ; au contraire, il ouvre à une réalité bien au-delà, qui rassemble. Mais aujourd’hui, nous avons perdu le sens de l’art.

L’art, remplacé par le divertissement

Notre société matérialiste a perverti beaucoup de valeurs, et l’art n’échappe pas à la règle. Aujourd’hui, il a été remplacé par le divertissement, à savoir ce qui peut nous procurer un plaisir de courte durée, et nous faire oublier les problèmes de notre quotidien. Tout est mis en œuvre pour que l’on puisse s’évader de ce quotidien parfois morose, pour pouvoir respirer à travers quelque chose de différent, léger, pourvu qu’on ne soit pas amené  à trop nous interroger.

Pour comprendre le but du divertissement, il est intéressant de revenir à l’étymologie de ce mot. Il vient du latin divertere, qui signifie détourner ; détourner quoi ? Tout simplement notre attention. Il est logique de penser que nous développons les choses sur lesquelles nous portons notre attention, et le danger est d’oublier les sujets essentiels qui devraient accaparer notre attention. En vérité, c’est un endormissement de l’âme, qui devient prisonnière de ce confort, nous rendant dépendant de ces plaisirs éphémères. Tous ces appels au divertissement accentuent notre dispersion, créent la division en nous-mêmes en nous sollicitant de toute part (télévision, cinéma, jeux vidéos), et aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes coupés de nous-mêmes.

L’art ne nous permet plus de nous relier car il est devenu souvent quelque chose que l’on peut consommer accessoirement, et qui a perdu toute transcendance.

Retrouver le sens de l’art

Pour retrouver le sens véritable de l’art, nous pouvons remonter à l’Antiquité, où Platon le préconisait déjà pour éveiller l’esprit. La musique selon lui (il appelait « musique » l’ensemble des arts des muses, qui comprenait les différents arts d’aujourd’hui, poésie, musique instrumentale, théâtre etc.) était l’apprentissage de la contemplation et de l’écoute de notre environnement, pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivions.

Pythagore, l’inventeur de la gamme musicale que nous utilisons aujourd’hui, pensait que l’activité la plus élevée à laquelle pouvait se livrer un homme était la contemplation des différents rythmes de l’univers. L’art était donc ce lien entre notre monde et l’univers tout entier. Il nous invitait à réfléchir sur notre place au sein de cet univers si vaste et mystérieux, à rentrer en nous-mêmes pour choisir quelle direction donner à notre vie, quel rôle interpréter pendant le temps de cette courte vie. Dans sa cité idéale, Platon posait comme fondation ces questionnements métaphysiques, car ils étaient le terreau propice à toute évolution et il est clair que l’art, lorsqu’il est juste et inspiré est un moyen (du grec media) pour nous élever vers notre sommet, vers ce que Platon appelait les idées et les archétypes. Comme un tremplin intérieur qui nous permettrait de prendre de la hauteur et voir plus loin.

L’art, lien entre les humains

Mettre la culture et les arts au centre de notre société serait un changement majeur, qui bouleverserait notre manière de vivre. Imaginez un monde où la quête de la connaissance de soi, par des moyens comme les arts, serait ce qui relierait les humains entre eux, car ils partageraient les mêmes interrogations, le même sentiment d’incomplétude dans leur vie, la même recherche de sens. Cela favoriserait le lien social, le partage de vécus profonds et authentiques entre les personnes qui ne partageraient plus seulement leur vécu extérieur, de simples échanges superficiels sur ce qui a été vu, aimé ou pas aimé. Non plus la simple attraction-répulsion sensorielle à une œuvre, mais plutôt un échange sur ce que chacun a découvert en lui-même.

Des rapports humains enrichis, sublimés par l’art. Cela susciterait certainement plus d’envie de pratiquer une discipline artistique quelconque, de se mettre dans une posture d’apprentissage où l’on accepte de se corriger et d’être corrigé. Une relation de maître à disciple pourrait s’instaurer, la voix ancestrale de transmission de toute véritable connaissance. Cette discipline, ce cadre qu’apporterait la pratique de l’art serait une aide précieuse dans notre vie, un phare qui nous guiderait et sur lequel on pourrait toujours compter pour s’orienter et devenir meilleur.

Bob Marley disait : « La musique peut rendre les hommes libres ». Pourtant, la musique s’accompagne forcément d’une grande discipline pour acquérir de la maîtrise. Cela peut paraître paradoxal, mais la pratique d’une discipline développerait en nous l’exigence envers nous-même, l’envie de faire tomber nos limitations et devenir libre. C’est de cette façon que l’art jouerait son véritable rôle, car les valeurs immatérielles qu’il véhicule devraient être les fondations d’une société nouvelle plus harmonieuse.

La créativité, l’inspiration, la rigueur et la richesse intérieure de chacun nous feraient tous devenir les artistes de notre vie.

La responsabilité des artistes

Cette vision implique une vraie responsabilité de la part des artistes, des interprètes des arts d’aujourd’hui et de demain. Ils sont la transmission de la beauté, et s’ils dévient pour se servir de l’art à des fins personnelles, comme une quête de pouvoir, la transmission des valeurs est coupée. Le message ne passe pas, et cela peut devenir de la simple performance, du show, pour faire ressentir des sensations fortes, mais rien d’authentique, de transcendant. C’est malheureusement le cas de beaucoup d’artistes aujourd’hui, qui se servent de leur discipline comme d’une psychothérapie, un moyen d’expulser leurs propres pulsions, leurs états émotionnels, pour se sentir mieux.

L’important est que les œuvres expriment beauté, noblesse, proportions, car la contemplation d’une œuvre d’art doit laisser une empreinte inoubliable. Platon disait : « Nous avons besoin d’artistes capables de suivre les traces de la nature du Beau et de l’harmonique, pour que nos jeunes reçoivent sans cesse d’elles de nobles impressions pour les yeux et les oreilles et que, dès l’enfance, tout les incite à imiter et à aimer le beau et à établir entre cette beauté et leur propre cœur une concorde absolue ».

L’idéal de l’artiste nous est enseigné par Platon déjà dans son livre La République. Il s’agit de s’oublier soi-même, pour devenir un canal véhiculant la beauté. Oublier sa petite personne pour traduire un langage du cœur, et permettre au public un voyage intérieur. On peut alors visiter une œuvre comme on visite un temple, en observant d’abord ses contours, son apparence, avant de pénétrer à l’intérieur et découvrir son architecture magique. C’est sortir des sensations pour rentrer dans l’essence de l’art. Monter sa conscience au monde des idées.

On peut rechercher des sensations dans l’art, mais on peut également chercher une construction, une architecture pour nous construire intérieurement, et faire de notre vie une symphonie harmonieuse.

par Ben BORHANI

  • Le 27 février 2020
  • Philosophie au quotidien
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