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Archives de octobre, 2020

Bouddhisme et stoïcisme Deux réponses atemporelles convergentes pour gérer les époques instables et troublées

Historiquement, dans un monde instable et impermanent, les écoles de philosophie ont cherché des réponses et des solutions pour gérer ces périodes troublées et permettre à l’homme de retrouver une stabilité intérieure. En 2020, face au monde devenu instable, en partie à cause du Coronavirus COVID-19, le bouddhisme et le stoïcisme proposent une voie intérieure convergente.

 

La notion d’impermanence permet de prendre conscience à quel point le monde change tout le temps – on naît, on vit et on meurt –  et sera exprimée de façon philosophique à partir du VIe siècle par des philosophes d’Orient, les bouddhistes et des philosophes d’Occident, les stoïciens. Ces philosophes avaient une conscience très claire que le monde est volatile, incertain, ambigu, complexe (VICA) (1), comme les événements de cette année 2020, à travers la pandémie du virus COVID-19, nous le font découvrir d’une manière forte, choquante, puissante, au niveau planétaire.

Si nous étudions ces deux philosophies, nous nous rendons compte que le bouddhisme et le stoïcisme ont tous deux apporté, dans leur époque instable extérieurement, une réflexion fondée sur la stabilité intérieure et la possibilité de recréer un ordre à l’intérieur de soi-même.

Se construire un rocher intérieur de stabilité

Marc Aurèle, l’empereur philosophe, dans les Pensées pour moi-même (2)  écrit : « Ressembler  au promontoire contre lequel incessamment se brisent les flots. Lui reste debout et, autour de lui, viennent s’assoupir les gonflements de l’onde » (3). Et comme en écho résonne une pensée du Bouddha : « par un vaillant courage, un esprit vigilant, la maîtrise de soi et le renoncement, le sage crée, ô sage, une île qu’aucun flot ne pourra submerger » (4).
C’est l’image du phare, de l’île de stabilité qu’il est possible de construire à l’intérieur de soi. Bouddhistes et stoïciens nous invitent à développer une philosophie qui peut se résumer par ces différents concepts : liberté intérieure ; capacité de compter sur soi-même ; mieux se connaître ; distinguer ce qui est essentiel de ce qui est accessoire et ce qui vaut la peine d’être vécu ; ce pour quoi il faut se battre ou non ; capacité à faire face aux difficultés et à l’adversité à partir de sa propre centralité et de sa force intérieure. En résumé, faire confiance dans nos propres ressources au lieu de toujours dépendre de celles des autres.

Assumer la pratique des enseignements

Lire ces pensées volontairement simples et d’une clarté puissante, est comme parler avec un ami philosophe qui vient nous donner des conseils individuels et universels à la fois.  Il faut y réfléchir et les mettre en pratique.

Épictète (5) dans ses Entretiens, témoigna que déjà à son époque, les apprentis philosophes se plaignaient parce qu’on se moquait d’eux. Il expliqua que c’était normal car lorsque le berger conduit ses moutons dans la prairie et qu’il les ramène le soir dans l’étable, il ne leur demande pas si l’herbe leur a plu. Non, il regarde  la qualité de leur laine et de leur lait, ce qui prouve que l’herbe était bonne. Avec l’enseignement philosophique, c’est identique. Il ne s’agit pas de discourir sur la philosophie, mais de pratiquer l’enseignement. Il faut donc le mâcher, l’avaler, le transformer en action, ce qui prouve qu’on l’a compris.

Une autre parabol, attribuée au Bouddha raconte qu’un guerrier venait de recevoir une flèche ; quand les médecins arrivèrent, avant d’être soigné, le malade commença à demander dans quel angle exact avait été tirée la flèche, de quel bois elle était faite, comment elle avait été construite, dans quel style… Si on commence par investiguer sur toutes les caractéristiques de la flèche, le malade risque de mourir très vite. Il vaut mieux laisser les médecins arracher la flèche et soigner le malade pour qu’il puisse guérir rapidement.

Pour les bouddhistes et les stoïciens, l’urgence n’était pas l’accumulation de connaissances intellectuelles mais la pratique de quelques principes simples. Des pratiques d’ordre mental car le plus difficile à maîtriser en soi-même, c’est l’esprit, qui, comme un cheval fougueux part dans tous les sens.

Parvenir à la maÎtrise de soi

Bouddhisme et stoïcisme proposent deux voies complémentaires : La voie du juste milieu pour le bouddhisme, comment ne pas être un obstacle à soi-même pour le stoïcisme.

Le bouddhisme, « la voie du juste milieu »

L’essentiel de l’enseignement du Bouddha se réfère à la douleur parce qu’il constate que tous les êtres éprouvent une forme d’insatisfaction que se transforme en douleur. Quand la douleur devient durable, elle devient souffrance. Celle-ci nous fait prendre conscience de notre vulnérabilité et nous pousse à nous interroger sur la possibilité de nous en délivrer. Il propose la voie pratique de l’Octuple Noble Sentier (6) : l’éthique, la discipline mentale et la sagesse. Ce sont des pratiques mentales, émotionnelles et corporelles pour se libérer de la souffrance et atteindre un état de bonheur philosophique : observer que la cause de notre souffrance vient de l’attachement à notre égo personnel, mais que nous portons en nous une conscience supérieure qui le regarde agir et peut le maîtriser. Si nous faisons le nécessaire, nous pouvons alors devenir des agents actifs et transformer la situation. Le Bouddha dit : « par soi-même en vérité est fait le mal, par soi-même on est souillé, par soi-même est évité le mal, par soi-même en vérité on est purifié. Pureté et impureté sont personnelles, nul ne peut purifier autrui ». (7)

Devenir responsable de nos actes est la clé de la délivrance de la douleur.

Le stoïcisme, comment ne pas être un obstacle pour soi-même

Les enseignements stoïciens se repartissent en trois disciplines : la physique, la logique et l’éthique et leurs pratiques spirituelles sont l’examen de conscience, la contemplation de la nature, l’usage de la raison (ramener tout aux causes et à une observation neutre de la réalité), la méditation sur la mort et la maîtrise des passions.

Épictète dit : «  [… ] Accuser les autres de ses malheurs, c’est le fait d’un ignorant, les rejeter sur soi c’est commencer à s’instruire, n’en accuser ni les autres, ni soi-même c’est être sage » (8).
Pour les stoïciens, la sagesse consiste à vivre en harmonie avec la nature et le sage est celui qui devient maître de lui-même, puisque la plus grande des libertés est celle de se maîtriser soi-même.
Sénèque (9) dira « obéir à dieux, voilà notre liberté ». Les dieux auxquels il fait allusion sont les lois de la nature. Si nous agissons en harmonie avec ce qui est le meilleur pour nous-mêmes, nous allons extraire une puissance d’être, appelée la vertu. Comment agir en adéquation avec les lois de la nature ? En les investiguant et en les contemplant, d’où la première branche de leur enseignement, la physique : phusis (nature).

L’essentiel de l’enseignement d’Épictète se résume dans cette phrase: « Il y a des choses qui dépendent de nous, il y a des choses qui ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont nos valeurs, nos opinions, nos pensées, notre comportement, donc nos actes, tout ce qu’on peut maîtriser à l’intérieur de nous-mêmes. Ce qui ne dépend pas de nous, ce sont le corps, les biens matériels, la réputation, les dignités et les honneurs, tout ce qui ne dépend pas de nos propres actes mais des circonstances extérieures. » (10)
Il dit :  « Tu n’as pas choisi de naître, comme prince ou comme esclave, mais une fois que le destin t’a mis dans telle ou telle circonstance, ce qu’on attend de toi c’est que tu joues bien le rôle que la vie t’a invité à jouer. » (11) ou encore : « Tu ne dois pas livrer la terre des monstres, parce que tu n’es pas né Hercule ni Thésée, mais tu peux les imiter en te libérant toi-même des monstres formidables que tu portes en toi. En toi, il y a  un lion, un sanglier, une hydre ; essaie de les contrôler. Essaie de maîtriser la douleur, la peur, l’avidité, l’envie, la malignité, la paresse et la gloutonnerie. Et l’unique manière de vaincre ces monstres est d’avoir présent à l’esprit les dieux, leur être fidèles et obéir aveuglement à leurs mandats » (12).

Dans ses Pensées pour moi-même, Marc Aurèle écrit : « Au petit jour, lorsqu’il t’en coûte de t’éveiller, aie cette pensée présente à l’esprit : c’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille. Serai-je donc encore de méchante humeur, si je vais faire ce pour quoi je suis né, et ce en vue de quoi j’ai été mis au monde ? Ou bien ai-je été formé pour rester couché et me tenir au chaud sous mes couvertures ? [… ] Es-tu donc né pour te donner de l’agrément ? Et, somme toute, es-tu fait pour la passivité ou pour l’activité ? » (13). Quand nous nous sentons paresseux mais que la motivation est d’accomplir une bonne action, que celle-ci nous fasse nous lever et accomplir notre œuvre. Une question à se poser chaque matin.

Convergences entre bouddhisme et stoïcisme

Ces philosophies d’Orient et d’Occident nous invitent à élargir la conscience, à sortir de la focalisation sur notre propre souffrance, de notre propre petitesse qui conduit à la victimisation, à la servilité et au sentiment d’impuissance. Si nous pouvons faire quelque chose, de petit ou de grand, nous devons le faire.

Le bouddhisme et le stoïcisme nous poussent à nous poser les questions suivantes : Comment puis-je rendre le monde plus beau, plus juste, plus vrai, plus authentique à travers mon comportement ? Si je cultive mon propre jardin, le monde ne s’en portera que mieux. C’est une volonté de se reprendre en main, de se maîtriser.

Dans ce monde terriblement incertain, confus, où tout part dans tous les sens, nous pouvons nous demander comment agir, même à une petite échelle. Au lieu de protester, de s’indigner, et de manifester, nous pouvons rester positifs et rechercher les initiatives et les actions intéressantes et utiles auxquelles nous pouvons nous associer. Agir selon ce qui est positif en soi, agir pour transformer l’environnement, et en même temps, rester humble et comme le Petit Prince (14), s’occuper de sa propre rose. Si chacun cultivait sa petite rose et avait pour ami un renard, le monde s’en porterait beaucoup mieux. Commençons par agir sur ce qui est à notre portée. Tel est le message des bouddhistes et des stoïciens.

Article réalisé d’après la conférence sur le thème du bouddhisme et du stoïcisme, donnée à Nouvelle Acropole Bordeaux, le 18 septembre 2020
(1) En anglais VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity). Acronyme signifiant Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu. Concept élaboré par l’armée américaine pour étudier les quatre composantes auxquelles sont confrontées les forces armées dans le théâtre d’opérations. Ce concept a été repris et adapté dans le monde des affaires et de la stratégie des entreprises notamment dans le champ de la stratégie des entreprises
(2) Empereur, philosophe et écrivain romain (121-180) auteur de Pensées pour moi-même, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(3) Extrait de Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, Livre IV, (49)
(4) Extrait de Les grands textes du bouddhisme, Pierre Crépon, Éditions Albin Michel, 2016, 352 pages, Les sentences de la Loi, Le Dhammapada / La vigilance, 25
(5) Philosophe de l’école stoïcienne (50- 125 ou 130). Esclave affranchi, auteur des Entretiens et du Manuel, précédé des Pensées pour moi-même, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(6) Voir encadré
(7) Extrait des Paroles d’Orient de Marc de Smedt, Éditions Albin Michel, 2008, 160 pages, Paroles du Bouddha, page 140
(8) Manuel d’Épictète, V, page 185, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(9) Philosophe de l’école stoïcienne (entre 1 et 4 ap. J.-C. – 65), homme d’État romain et auteur d’ouvrages tels que De la colère, De la vie heureuse, De la brièveté de la vie, Lettres à Lucilius et auteur de tragédies en latin comme Médée, Œdipe, Phèdre
Extrait De La vie heureuse, Sénèque, Éditions Mille et une nuit, format poche, 2003, 60 pages
(10) Extrait du Manuel d’Épictète, I, 1, page183, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(11) Manuel d’Épictète, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(12) Ibidem
(13) Extrait de Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, Livre V, (I) page 71, Éditions Garnier Flammarion, 1964, 224 pages
(14) Œuvre de Antoine de Saint-Exupéry, Éditions Gallimard, 1999, 97 pages

« L’Octuple noble sentier », un sentier de huit pratiques

Peu après avoir atteint l’éveil, le Bouddha prononça à Bénarès un discours contenant l’essentiel de son enseignement : Les Quatre nobles vérités : la souffrance, la cause de la souffrance, la cessation de la souffrance et le chemin menant à la cessation de la souffrance. Ce chemin peut se résumer par l’Octuple noble sentier, sentier constitué de huit étapes successives. Il explique comment avancer sur le chemin de la libération et expérimenter dans cette vie un bonheur stable et durable.
Ces huit pratiques sont regroupées dans trois ensembles :
La sagesse qui regroupe la compréhension juste et la pensée juste
L’éthique avec la parole juste, l’action juste et le mode de vie juste
La discipline mentale qui comprend l’effort juste, l’attention juste et la méditation juste

La sagesse
– La compréhension juste : la compréhension des enseignements.
– La pensée juste : une pensée libre, dépouillée d’avidité, de jalousie, de colère, de haine et de cruauté. Une pensée qui se veut être l’expression du cœur, de la compassion et de la bienveillance.

L’éthique
 – La parole juste : elle consiste avant tout à s’exprimer d’une manière noble, vraie et authentique, tout en évitant de faire souffrir ceux auxquels on s’adresse. Éviter de dire des mensonges, de calomnier, de parler de façon haineuse, grossière, de prononcer des paroles frivoles ou futiles
– L’action juste : c’est l’action qui nous fait agir dans le respect de l’autre et de soi-même, en évitant de créer de la souffrance tant pour soi que pour l’autre. S’abstenir de tuer, de voler, de mentir, de se conduire de façon illégitime (au niveau sexuel) et s’abstenir de produits addictifs (alcool, drogue,…).
– Le mode de vie juste : il relève de l’activité professionnelle mais aussi de la vie sociale et des relations aux autres. Éviter les professions qui sont cause de souffrance pour tous les êtres vivants, qui provoquent de la pollution, qui sont toxiques, dangereuses, le commerce des armes, de drogues, de produits néfastes pour la santé.

La discipline mentale
– L’effort juste : c’est l’effort de travailler sur soi-même afin de devenir meilleur et d’éviter la souffrance. Il y a aussi l’effort qui consiste à pratiquer avec les autres, en s’efforçant de créer ensemble les conditions d’une pratique, qui permette d’avancer ensemble sur la voie.
– L’attention juste : Également appelée « pleine conscience », elle consiste à être pleinement présent, ici et maintenant, être attentif à son corps et à sa respiration, aux sensations, agréables, désagréables ou neutres, sans les fuir ni vouloir les retenir mais en les laissant nous traverser simplement. Être attentif à nos états d’esprit afin que l’engagement dans l’action se fasse en conscience.
– La méditation juste : c’est la pratique de la concentration qui est la source de toute pratique bouddhiste. La méditation juste se caractérise, entre autre, par
. l’abandon des trois poisons qui sont l’ignorance, l’avidité et la colère, puis, de tous les états néfastes et états conditionnés,
. un retour à l’instant présent,
. un détachement face au mental et aux pensées,
. l’abandon de la conscience personnelle.

À lire : Vie et enseignements de Bouddha, Jorge A. Livraga, et Laura Winckler, Éditions Nouvelle Acropole, 2005, 112 pages
 par Laura WINCKLER

 

  • Le 29 octobre 2020
  • Philosophie
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Charles de Gaulle : de l’histoire au mythe, un héros pour la France

Il est des figures qui écrivent et transcendent l’histoire, marquant de leur sceau des périodes troubles en y apportant vision et puissance d’action. S’identifiant totalement à la destinée de leur pays, ils répondent aux nécessités de l’histoire comme à l’appel de leur âme.

Leur destin extraordinaire ne s’accommode pas de la médiocrité, de la petitesse, des combines politiciennes qui asservissent aux contingences. À l’heure des plus grands périls, confiants en leur étoile, ils deviennent, du fait de leur haute stature, des piliers et des phares, capables de rassembler et de mener à bon port l’arche dans la tempête. On les appelle des héros. « À 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries » (1) .

La mission

Tout jeune, Charles de Gaulle (1890-1970) , appelé le « petit Lillois » s’est senti investi d’une mission qui dépassait sa personne : restaurer le pouvoir et la légitimité de la France au sein des grandes puissances. Ardent patriote, il a embrassé la carrière militaire pour servir son pays et la haute idée qu’il s’en faisait et dont il connaissait parfaitement tant les hauts faits que les désastres historiques. À l’heure du péril, il va refuser la fatalité de la défaite et s’imposer par la force de son caractère : « Face à l’évènement, c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère : son mouvement est d’imposer à l’action sa marque ». Son appel du 18 juin, dans une France humiliée par la capitulation, le désordre et la débâcle, résonne comme un défi pour l’honneur. Il partira pour Londres, seul pays européen encore libre, où Winston Churchill lui apportera son soutien.

Le visionnaire

Visionnaire pragmatique, il n’eut de cesse, dès les années 20, dans Le fil de l’épée (2), et Vers l’armée de métier (3), d’alerter les instances politiques et militaires de la nécessité de réviser la stratégie défensive et la tactique immobiliste de l’armée afin de contrer la menace montante de l’Allemagne nazie. Il fut aussi un homme de terrain puisqu’il mena la seule contre-offensive victorieuse de la Première Guerre mondiale, fut blessé, fait prisonnier et initia cinq tentatives infructueuses d’évasion. Il disait ne jamais renoncer et sut montrer sa grande force de résilience suite aux graves échecs essuyés par les Forces françaises libres : la destruction en juillet 1940 de la flotte française à Mers el Kébir par les alliés britanniques (afin qu’elle ne tombe pas aux mains des forces de l’Axe), l’a profondément meurtri. Mais chez ce pessimiste actif, « l’espérance est une détermination héroïque de l’âme et sa plus haute forme est le désespoir surmonté. »

L’homme

Habile stratège, lucide et assuré dans ses jugements, insensible aux idéologies, doté d’une grande capacité d’adaptation, il ne concèdera rien au désir de plaire, ni à Joseph Staline (allié stratégique pendant le conflit) ni à Franklin Delanoe Roosevelt qui tenait la France pour une puissance de seconde zone. Il savait écouter, mais lent dans sa délibération, il exigeait ensuite promptitude dans l’action. Redoutable communicant, il avait compris l’importance des médias qu’il utilisa largement pendant son mandat présidentiel. La magie de son verbe soulevait les enthousiasmes : « L’action met les ardeurs en œuvre mais c’est la parole qui les suscite ».

Son humour décapant faisait mouche, suscitant autant l’irritation qu’une dévotion inconditionnelle. On le disait dur et son inflexibilité lui valut des inimitiés durables ; mais c’était un homme de parole, fidèle en amitié qui inspira aussi des loyautés durables. Cette exigence constante, il se l’appliquait à lui-même, dans une philosophie de vie toute stoïcienne : « Se dominer soi-même doit devenir une sorte d’habitude, de réflexe obtenu par une gymnastique constante de la volonté ». Son intégrité était légendaire : il tenait à payer scrupuleusement ses factures personnelles pendant ses mandats présidentiels (1958-1969). Homme de mémoire, il dialoguait avec l’avenir mais n’oubliait rien et sa froideur apparente n’avait d’égal que l’attention qu’il portait aux familles de ses collaborateurs. Homme de mesure, il savait faire la part des choses et ne renia jamais ceux qui l’avaient aidé ou guidé, même s’ils l’avaient trahi ou abandonné ultérieurement.

L’épreuve

Chef conscient de l’être, il recherchait l’unité des forces. Il fut confronté à la responsabilité de l’homme de pouvoir dont les choix engagent : la phase de séparation avec l’exil volontaire à Londres, sa condamnation à mort par contumace par le gouvernement de Vichy ; puis l’affrontement et la mise en place d’un mouvement de résistance ; enfin le retour triomphal en 1945 où il acquiert une stature internationale. Puis à nouveau le désaveu en 1946 et la traversée du désert, le rappel au pouvoir en 1958 pour résoudre la crise de l’Algérie, le plébiscite de 1965 et son élection au suffrage universel ; le départ définitif en 1969 suite aux soulèvements de mai 68. Cet homme capable de susciter les plus nobles élans de dépassement et de courage se trouvait démuni et « manquait le but face à l’hostilité des médiocres » comme en a témoigné son premier ministre et successeur Georges Pompidou.

De Gaulle qualifiera mai 68 comme « l’éclatement d’une société d’abondance » : « tout le monde en veut plus, toujours plus », léguant à la postérité une réflexion puissante sur l’écroulement moral d’une société qui s’ennuie et tombe dans l’hybris (4).

Dans ses années de solitude, il rédigera ses Mémoires de guerre (5). Conscient que seule l’épreuve forge les âmes nobles, « La difficulté attire l’homme de caractère car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même », il reconnaît la valeur pédagogique de l’échec : « À beaucoup appris, celui qui a connu la peine. » Après sa mort, survenue le 9 novembre 1970, beaucoup revendiqueront sa filiation mais peu sauront conserver son éthique.

Le mythe

À l’heure de la célébration du 50e anniversaire de sa mort, le mythe du général de Gaulle, au nom prédestiné, perdure au-delà des enjeux partisans ; peut-être parce qu’il a su, dans les heures sombres de notre histoire, incarner l’homme providentiel, réveiller la flamme combattante des idéalistes et relever un pays écrasé par la défaite morale et l’incurie de ses gouvernants. Père fondateur, à l’éthique austère, gouvernant habile, il remit l’économie à flot et dota le pays d’une nouvelle constitution (avènement de la Ve République) ; il promut des avancées sociales et d’émancipation féminine (droit de vote en 1946, légalisation de la pilule). Puis roi exilé par l’ingratitude des siens, il quitta le pouvoir suite au référendum perdu de 1969, ne s’estimant alors plus légitime pour représenter le peuple français.

Le philosophe Platon n’eut pas renié ses vertus de discernement, de courage, et de juste mesure, lui qui pensait que les hommes les plus sages devaient assumer le pouvoir, car seuls peuvent gouverner les autres, ceux qui se gouvernent eux-mêmes.

Les gloires nationales n’ont pas vocation à des commémorations solennelles mais à raviver le fil de la mémoire pour construire ensemble un futur digne : la clé est dans le cœur de l’homme.

(1) Les citations extraites des œuvres du général de Gaulle, ont été tirées du hors-série Le Point de juin, juillet 2020 : Penser, résister, gouverner, De Gaulle.
(2) Le Fil de l’épée et autres écrits, Charles de Gaulle, Éditions Plon, 1999, 824 pages
(3) Vers l’armée de métier, Charles de Gaulle, Éditions Berger-Levrault, 1944
(4) Signifie démesure
(5) Mémoires de guerre, Charles de Gaulle, Éditions Gallimard, collection La Pleïade, 2000, 1505 pages
par Sylvianne CARRIÉ

  • Le 28 octobre 2020
  • Hommage à
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« World cleanup of day » 2020, des volontaires de Nouvelle Acropole se mobilisent pour la planète

126 volontaires de l’association Nouvelle Acropole se sont mobilisés en septembre 2020 pour participer à la journée mondiale du nettoyage. Une action citoyenne pour préserver la planète.

World cleanup day, ou Journée mondiale du nettoyage, est une opération planétaire, lancée par l’association à but non lucratif Let’s Do It World ! ayant pour objectif la lutte contre la pollution à travers des nettoyages citoyens.
L’aventure a commencé en 2007 avec Rainer Nõlvak, Estonien qui a créé le mouvement Let’s Do It ! Un premier nettoyage a eu lieu en Estonie et l’année suivante, les pays baltes ont suivi l’initiative et depuis 2017, l’action s’est étendue au monde entier. En 2019, 180 pays ont participé à l’opération avec 20 millions de personnes volontaires. Le World clean up of day est rentré dans le programme des Nations Unies pour l’environnement.
En France, en 2019, 840 tonnes de déchets ont été ramassés, dont 15 millions de mégots de cigarettes.
La Journée mondiale du nettoyage a lieu chaque troisième samedi du mois de septembre.

En France, sept centres de l’association Nouvelle Acropole se sont mobilisés pour participer à la journée mondiale du nettoyage. Au total, les 126 bénévoles de Nouvelle Acropole France ont collecté des déchets, mais ont aussi des expériences enrichissantes : se nettoyer à l’extérieur et à l’intérieur ; une action écologique mais aussi éducative, qui comprenait également la participation des enfants avec leurs parents. Une action civique et citoyenne qui permet à chacun, tel le colibri de faire sa part, et d’agir ensemble pour préserver la planète et le patrimoine de l’humanité.

Cette action fait partie de l’un des 17 objectifs de Développement durable (ODD) définis par l’O.N.U..
Elle s’inscrit dans l’objectif N° 15 (Préserver et restaurer les ecosystèmes terrestres).

En 2015, 193 États-membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ont défini de 17 objectifs de developpement durable (ODD)  à atteindre d’ici l’horizon de 2030.
L’association Nouvelle Acropole s’associe à cette initiative pour réaliser 4 objectifs entre autres :  Éducation (OOD N°4) ; Écologie (Préserver et restaurer les ecosystèmes terrestres) (ODD N°15) ; Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable (ODD N°16) ; Partenariats pour la réalisation des objectifs  (ODD N°17). Elle s’associe également ponctuellement à d’autres objectifs.
https://www.nouvelle-acropole.fr/qui-sommes-nous/onu

  • Le 27 octobre 2020
  • Écologie
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