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Archives de septembre, 2020

À lire N° 322


La Terre inhabitable
Vivre avec 4°C de plus
par David WALLACE-WELLS
Traduit de l’anglais par Cécile LECLERC
Éditions Robert Laffont, 2019, 394 pages, 21 €

L’auteur, chercheur à la New america Foundation et rédacteur en chef adjoint au New York magazine brosse un tableau terrifiant mais réaliste de ce qui se passera sur Terre si la température augmente de 4° C : Pénuries alimentaires, sécheresses, inondations… deux fois plus important qu’avec une augmentation de 1,5 °C, situation que nous vivons actuellement. Quelles seront les conséquences politiques, économiques, technologiques sur l’humanité ? Il est important de réagir d’abord politiquement mais en optant pour une révolution radical. Un appel à l’action que personne ne peut négliger sinon la Terre pourrait devenir inhabitable d’ici la fin du siècle.

 

Toutes ces idées qui nous gâchent la vie
Alimentation climat, santé, progrès, écologie
par Sylvie BRUNEL
Éditions JC Lattès, 2019, 258 pages, 18,90 €

Les discours actuels, portés par les « collapsologues », annonçant l’effondrement, engendrent des peurs basées sur des prédictions alarmistes sur « tout ce qui gâche notre vie », notre alimentation, nos modes de vie, climat, la survie des espèces… L’auteur, journaliste, géographe, écrivain et spécialiste des questions humanitaires de développement durable et d’agriculture, estime que beaucoup de ces discours sont appuyés sur des données de trop court terme pour être incontestables. Elle affirme qu’à défaut de communiquer régulièrement sur ce qui va bien ou mieux, le débat est unilatéral et oscille entre information et manipulation. Nous avons toutes les solutions pour vivre dans le futur ensemble et en paix. Ne serait-il pas le temps de remettre de la sérénité dans nos vies ?

 

Rome, cité universelle
De César à Caracalla (70 av. J.-C. – 212 ap. J.-C.)
par Patricia FAURE, Nicolas TRAN, Catherine VIRLOUVET
Éditions Belin, 2018, 880 pages, 49 €

Ce livre fait partie d’une collection Mondes anciens sous la direction de Joël Cornette, qui explore les mondes de l’Histoire ancienne. L’ouvrage commence l’histoire de Rome en 70 av. J.-C., car ce fut le moment où un grand nombre de citoyens devinrent romains (notamment l’Italie péninsulaire). La citoyenneté romaine accordée aux conquêtes de Rome permirent à Rome de vivre une expansion importante, œuvre collective des soldats romains et de leurs chefs. Garants d’une domination qui se prétendait universelle, et qui avait pour siège la plus grande ville de l’Antiquité, les princes adaptèrent la Cité au gouvernement du monde et l’empire romain inspira plus tard beaucoup d’autres dans leur façon de gouverner. Nombreuses illustrations et cartes agrémentent la lecture du livre.

 

Un été avec Pascal
par Antoine COMPAGNON<
Éditions Équateurs Parallèles, 2020, 240 pages, 14 €

Dans la collection Un été avec… voici le dernier né Un été avec Pascal. L’auteur nous propose de redécouvrir le mathématicien, le physicien, le philosophe et le théologien, célèbre pour ses images : Le roseau pensant, Les deux infinis ou Le nez de Cléopâtre, mais également pour ses citations  Le silence de ces espaces infinis m’effraie ; Qui veut faire l’ange fait la bête ; Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ou encore pour ses thèmes provocants et modernes pour l’époque : la liberté de l’esprit, l’homme, la société, l’univers, le pouvoir, la foi, l’angoisse, la mort, le jeu…

 

Femmes savantes
De Marguerite de Navarre à Jacqueline de Romilly
par collectif
Sous la direction de Laure de CHANTAL
Éditions Les Belles Lettres, 2020, 392 pages, 22,50 €

« Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudie et sache tant de choses » a écrit Molière. Du XVIIe siècle à nos jours, les préjugés sur la femme savante s’accrochent et comme le dit Laure de Chantal «  Une femme savante a toujours quelque part quelque chose à se faire pardonner, elle demeure une entité et une identité étranges, un précipité surréaliste. […] Une femme savante en soi n’est pas honnête soit n’est pas une vraie femme, elle est toujours vue comme un tantinet masculine ».
Ce livre offre la possibilité à douze femmes que leur condition a eu tendance à pousser dans l’ombre, à venir au-devant de la scène, de la Renaissance à nos jours, de Perrette Bade, d’Anne Dacier ou Catherine des Roches, à Juliette Ernst, Julie Favre, Marie Delcourt à Madame du Chatelet en passant par Marguerite Yourcenar et Jacqueline de Romilly.

 

Le loup et son mystère
Histoire d’une fascination
par Christophe LEVALOIS
Éditions Le Courrier du Livre, 2020, 200 pages, 18 €

L’homme exerce une véritable fascination pour le loup depuis la Préhistoire à travers mythes, légendes, rites, aventures extraordinaires mais également faits historiques, découvertes scientifiques et archéologiques. Comme le dit l’auteur, « La relation de l’homme avec le loup nous invite à revisiter notre relation avec la nature, la nôtre et celle qui nous entoure, avec l’animal et plus particulièrement avec l’animal sauvage, et sans doute, par-delà, encore d’autres interrogations, philosophiques, sur la civilisation sur la domestication et la liberté. Finalement le loup évoque en nous bien des questions cruciales pour notre existence individuelle et collective. »

 

L’enfant émotionnel en nous
par Marie Lise LABONTÉ
Éditions Guy Trédaniel, 2020, 264 pages, 18 €

Recontacter son enfant émotionnel, l’apprivoiser, entretenir une relation bienveillante avec nous-mêmes et avec les autres, est l’objet de ce livre. L’enfant émotionnel est la partie inconsciente de notre être qui nous maintient dans l’enfance, même si nous semblons fonctionner comme des adultes. Il est là en nous, il lance des cris, des appels, attend pour être reconnu dans la guérison, aidé dans la guérison de ses blessures. Libérer ce dernier et lui redonner son élan, c’est la clé d’un retour à soi, pour une maîtrise totale émotionnelle et affective.

 

Pionnier de l’éveil
Rencontre avec Daniel Meurois
par Marc M. Vallée
Éditions Ariane , 2012, 205 pages, 20,90 €

Marc Vallée est le fondateur des éditions Ariane. Il nous fait découvrir Daniel Meurois qui est un mystique sans appartenance religieuse, cet homme dont l’incroyable accès aux Annales akashiques lui ont permis de nous dévoiler, dans ses nombreux ouvrages, la vie remarquable et l’intimité de la quête spirituelle de personnages historiques, comme le pharaon Akhenaton, François d’Assise, Maitre Babaji, Jésus et les trois Maries, par exemple. Ses écrits sont de plus en plus orientés vers l’enseignement originel du Christ , de la vie de Jésus et des mondes multidimensionnels qui se révèlent en tant qu’outils essentiels à la transition en cours sur la Terre et dans le cœur de chacun.

  • Le 26 septembre 2020
  • Littérature
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Et si l’avenir dépendait de notre imagination ?

Et si l’avenir dépendait de notre capacité à raconter des histoires qui nous enthousiasment tout en incarnant déjà des projets de transition ? Le dernier livre de Rob Hopkins (1) nous y invite.

Il existe une puissante attraction du futur lorsqu’il nous est donné à voir par l’intermédiaire de l’art visuel, de la parole ou du chant poétique. D’un autre côté, notre raison réclame des preuves ; elle a peur de perdre ses repères, ses acquis et d’en souffrir. Paradoxalement, dans notre période historique, nous avons besoin de voir, toucher, vivre et imaginer simultanément. Nous avons besoin de constater que des forces sont déjà présentes et en œuvre, ici et maitenant, pour nous donner un avant-goût du futur et libérer nos imaginations.

Le mythe, outil de l’imaginaire

Une dialectique existe entre un futur puissant, beau et attirant et de petites actions visibles et incontestables. La raison constate que c’est possible et l’imaginaire amplifie ce que la raison a constaté ; par analogie, l’imaginaire applique les petits changements à toutes les facettes de la culture, de l’art, de la science, de la religion et de la politique. Cette harmonie des contraires ou tension entre raison et imagination construit un chemin, un pont, une transition entre notre monde actuel et celui de demain.
Dans la tradition laissée par les civilisations passées et en particulier la Grèce, le mythe est l’instrument privilégié de l’imaginaire et chaque homme ressentait, grâce à son éducation, son propre pouvoir de le réactualiser. Le mythe était présent dans son histoire sous forme de tragédies, drames ou comédies.

La peur du futur est une maladie récente née d’une panne ou d’un assèchement de l’imaginaire et du constat du résultat délétère des idéologies. Le futur nous panique et le passé reste muet, mort et inutile. Platon, en son temps, avait fait son œuvre en réactualisant les anciens mythes grecs. Redéclencher aujourd’hui le pouvoir de l’imaginaire est ce que propose Rob Hopkins, l’auteur du Manuel de Transition. Il publie fin 2019 un nouveau livre Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? Né en 1968 à Londres, Rob Hopkins  est un enseignant en permaculture, initiateur en 2005 du mouvement des Villes en Transition. Son génie est de conter, donner à voir, faire connaître, encourager, faciliter et donner des ailes à des dizaines de milliers d’individus à travers le monde qui osent chaque jour construire des déviances, des alternatives écologiques difficiles et joyeuses. Il nous engage à utiliser la puissance du « et si ». Et si on redonnait vie et place à l’initiative citoyenne ? Avant que le doute et l’impossible nous terrassent, que la panique nous prenne, nous voyons des exemples imparfaits mais réels donnant vie et force à notre imagination.

Quel bonheur de récupérer notre plus grand pouvoir humain !  Oser rêver, en étant conscient de la réalité, donne le pouvoir de faire, d’écrire l’histoire, de déjouer les scénarios sans perdre notre cœur, notre bonté, notre amour de la vie et de l’autre.

Ne plus se satisfaire de critiques

Ce livre de Rob Hopkins est un condensé de mythes réactualisés qu’il nous donne à voir, à travers la parole libérée d’une raison castratrice, limitante, découpant le réel en partie fragmentée. La raison reprend sa juste place et nous aide à constater de manière pragmatique le terrain que nous allons transformer. En effet, notre temps ne peut plus se satisfaire de critiques. Il devient indécent de comploter ou de se nourrir seulement de collapsologie.

Le choix proposé par la philosophie de la transition est de réveiller le potentiel de chacun dans un réseau humain respectueux et relié, partageant une vision du futur commune. Le moyen employé est l’imagination. Le constat de la situation, l’incertitude, l’ambiguïté nécessitent une foi en l’homme et en l’avenir, une spiritualité active ne fuyant pas le réel. L’imagination créatrice et transformatrice commence par un changement de regard, par le fait de voir les choses autrement, à l’école, dans l’espace public, privé, en entreprise, dans le monde politique.Tout antagonisme, tout problème possède par définition une force de retournement, une bifurcation créatrice donnant potentiellement naissance à un nouveau courant de vie.

Le « et si » libère les puissances de l’imagination et celle-ci se vérifie dans la vie réelle à l’échelle locale, associative, communale, dans un pays ou un autre. Et si les journalistes reprenaient leur rôle de témoigner et de reconstituer une image globale et cohérente d’un monde en transition ? Et si la mission du chroniqueur était de nous chanter les exploits des héros du quotidien ? Et si la première chose à entretenir et éveiller chez l’enfant puis l’adulte était son pouvoir d’imagination ?

(1) Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? Rob Hopkins, préface de Cyril Dion, Actes Sud, juin 2020
par Philippe GUITTON

Villes, villages, rues en Transition, l’ambition d’une alternative urbaine

Le mouvement de Transition est né en Grande-Bretagne en 2006 dans la petite ville de Totnes. L’enseignant en permaculture Rob Hopkins avait créé le modèle de Transition avec ses étudiants dans la ville de Kinsale en Irlande un an auparavant. Il y a aujourd’hui plus de 2 000 initiatives de Transition dans le monde, en 50 pays, dont 150 en France, réunies dans le Réseau International de la Transition. Il s’agit d’inciter les citoyens d’un territoire (bourg, quartier d’une ville, village), à prendre conscience, d’une part, des profondes conséquences que vont avoir sur nos vies la convergence du pic du pétrole et du changement du climat et, d’autre part, de la nécessité de s’y préparer concrètement. Imaginer le futur pour le construire.
Lors de la création du mouvement, les « transitionneurs » avaient cette maxime : « si nous attendons le gouvernement, il sera trop tard ; si nous agissons individuellement, ce sera trop peu ; mais si nous agissons ensemble, nous pourrions être dans les temps. »

Il s’agit de mettre en place des solutions fondées sur une vision positive de l’avenir et qui visent à réduire fortement la consommation d’énergie d’origine fossile et nos émissions de carbone ; renforcer la résilience de nos territoires, leur capacité à absorber les chocs à venir, par une relocalisation de l’économie (alimentation, énergies) ; renforcer les liens, les solidarités et la coopération entre l’ensemble des acteurs du territoire ; acquérir les compétences qui deviendront nécessaires au renforcement de notre autonomie.
Dès lors, chaque groupe local de Transition trouve par lui-même les solutions qui lui conviennent en fonction de ses ressources et de ses enjeux. Il n’y a pas de réponse toute faite. Le modèle de Transition offre un cadre de travail participatif. Une initiative de Transition a comme objectifs de mettre en place des actions concrètes : achats locaux et collectifs, jardins partagés, monnaie locale, Incroyables Comestibles, Repair Cafés, recycleries, fêtes, conférences ; soutenir et valoriser les réalisations portées par d’autres (associations, Agenda 21, entreprises…) ; encourager et favoriser la convergence entre les initiatives citoyennes et entre ces initiatives et les actions des pouvoirs publics sur les territoires.

La démarche des initiatives de Transition est résumée dans le Manuel de Transition (1) qui a fait connaître Rob Hopkins partout dans le monde. Des histoires de gens ordinaires qui font des choses extraordinaires ont été collectées. Des petits territoires et des communautés locales impriment leur propre monnaie, produisent de plus en plus leur nourriture et leur énergie, relocalisent leur économie… Une idée qui se propage à grande vitesse, une expérimentation sociale imaginative et réaliste qui propose des réponses et des solutions en ces temps d’incertitude.

(1) Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Rob Hopkins, Éditions Écosociété, 2010, Montréal

Vient de paraître

Hors-série imprimé de la revue Acropolis
Le monde d’après, effondrement ou renaissance ?
par collectif
Éditions Nouvelle Acropole, 2019, 78 pages, 8 €

En 1972 le rapport Meadows modélisa les perspectives de croissance exponentielle avec les risques encourus d’instabilité et d’effondrement. En 2015, Pablo Servigne et Raphaël Stephens confirmèrent cette théorie à travers leurs ouvrages sur la collapsologie. Fin 2019, une pandémie du coronavirus COVID-19 apparut engendrant une crise sanitaire, économique et sociale mondiale dont on ignore l’étendue et les conséquences dans les années à venir. Un arrêt sur image sur le monde d’avant et des doutes et incertitudes sur le monde d’après. Nous sommes entrés dans un monde VICA (volatile, incertain, complexe et ambigu). Assistons-nous à la fin du monde ou à la fin d’un monde ? Comment sera le monde de demain ? Si nous voulons un monde différent, nous devons procéder à des changements individuels et collectifs. Individuellement par une transformation de soi-même suivie d’une renaissance, la pratique d’un dépassement de soi, d’un héroïsme et d’une philosophie quotidiens pour vaincre les épreuves de la vie. Collectivement par la vision d’un monde ré-enchanté et renouvelé, basé sur des aspirations nobles et élevées, le retour à la nature, à la spiritualité et au sacré, l’application de valeurs humaines de coopération, de solidarité, de vivre ensemble et la pratique d’une éducation et d’une vie morale amenant à devenir acteur et responsable dans la cité. Ce dixième numéro annuel du hors-série imprimé de la revue Acropolis propose des thèmes de réflexion pour redonner espoir à tous ceux qui se sentent impuissants et démunis face à la situation actuelle, et stimuler l’envie et l’enthousiasme de tous ceux qui veulent agir dans et pour le monde de demain.

Numéro à se procurer dans les centres de Nouvelle Acropole (adresses sur www.nouvelle-acropole.fr)
Se libérer du patriarcat
Le mythe de la Genèse revisité
par Marie-Odile BRETHES et Catherine VALLÉE
Éditions Oriane, 2015, 240 pages, 22 €
Un ouvrage passionnant qui nous parle malgré les connaissances ésotériques que les deux auteures possèdent et mettent à notre portée pour décrire ce qu’a vécu l’humanité depuis sa création et ce que nous vivons encore, hommes et femmes, avec le challenge de partir à la quête de notre conscience pour acquérir la plénitude par le développement de  nos capacités créatrices. Les auteures ont fondé l’École Plénitude d’Art-Thérapie Évolutive où elles enseignent une psychologie transpersonnelle et développent une pensée philosophique intuitive.

  • Le
  • Philosophie
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Faut-il avoir peur du COVID-19 ?

« Que vos choix soient le reflet de vos espoirs et non de vos peurs » Nelson Mandela

Depuis plusieurs mois, les mesures gouvernementales, les conseils sanitaires et les informations des médias égrènent les dangers et les menaces représentés par le nouveau coronavirus COVID-19, au point de prendre des mesures inédites dans notre pays ainsi que dans de nombreux pays dans le monde.

Jour après jour la liste des cas dépistés, du nombre de morts ou du nombre d’hospitalisations, nourrit un état anxiogène, amplifié par des mesures au fort pouvoir symbolique : distanciation physique, port du masque, réduction de la convivialité et des rapports sociaux.
Cependant, malgré le nombre de morts du COVID-19 déploré en France, les chiffres de la mortalité générale du début 2020 sont inférieurs à ceux des deux années précédentes (1).
De nombreuses voix s’élèvent donc pour dénoncer des mesures disproportionnées et un gouvernement par la menace et la peur.

Le gouvernement de la peur

Une tribune collective de 35 scientifiques, universitaires et professionnels de santé, récemment publiée dans le Parisien (2) proclame : « Nous ne voulons plus être gouvernés par la peur ». Elle dénonce « une communication anxiogène » de la part des politiques et des médias qui entraîne une perte de confiance des citoyens.
La peur, nous le savons, est un système d’alerte qui a pour but de nous prémunir contre le danger. Aristote nous dit déjà que la peur provient d’un danger qui s’approche de nous et nous talonne de près : on en sent le frisson. Elle permet de mobiliser nos ressources pour affronter une menace ressentie et nous en protéger.
Mais la peur, comme la colère, est, dit-on, une mauvaise conseillère. Il ne s’agit pas en effet d’être gouvernés par elles, comme par aucune autre émotion, car celles-ci nous amènent à des prises de décisions impulsives et non raisonnées. Dans la colère, les mots dépassent notre pensée, dans la peur, nous pouvons être paralysés et empêchés d’agir, etc.

Être gouverné par la peur, c’est donc être soumis une subjectivité déformante qui nous amène à perdre notre discernement. Mais l’absence de peur pourrait-elle à l’inverse conduire à une perte de vigilance ? et donc à  une plus grande vulnérabilité au danger ?

Faut-il apprendre à avoir peur ?

Au niveau collectif, le gouvernement de la peur est une posture défendue par un philosophe comme Hans Jonas (3), posture connue comme « heuristique de la peur ».
Tiré du grec, le mot heuristique exprime la notion une « règle approximative » ayant recours à l’imagination comme moyen d’anticiper un mal futur. C’est en exhibant la menace qu’il serait possible d’en réchapper. L’heuristique de la peur dépeint donc un malheur à venir pour mobiliser la responsabilité individuelle ou collective. Appliquée à l’humanité et aux dangers qui la guettent, comme ceux nucléaires ou technologiques, elle mobilise, selon Jonas, le devoir éthique de la responsabilité.
L’heuristique a donc pour but d’éveiller notre conscience autour d’un sujet qui ne nous fait pas forcément peur et ne nous touche pas immédiatement : contrairement à la définition d’Aristote, nous ne sentons pas le frisson de la peur. Il s’agit en quelque sorte d’un catastrophisme éclairé, qui prône une forme d’utilisation rationnelle de la peur. Telle est la mission que Jonas assigne à la philosophie.

Court terme ou moyen terme ?

Il est difficile pour l’être moderne de ne pas céder aux sirènes du court terme et d’abandonner l’immédiat pour le long terme. C’est que, comme l’explique Platon, à l’intérieur de nous, le principe de plaisir s’oppose à celui de la raison. Gouvernés par nos instincts nous avons tendance à refuser la contrainte et le déplaisir, y compris pour un bienfait à moyen ou long terme.
C’est aussi la logique collective qui prévaut. Les interminables tergiversations autour des mesures à prendre face aux enjeux climatiques le prouvent suffisamment. Le poids de conflits d’intérêts politiques ou économiques entrave la prise de décision privilégiant les affaires d’aujourd’hui au détriment des générations futures. On gère le présent par le présent.

Prudence et confiance

Sur le plan philosophique, l’heuristique se rapproche de la prudence, vertu majeure prônée par les Anciens. Allégoriquement, la prudence fut souvent représentée comme une femme tenant un miroir à deux faces, une qui regarde le passé et l’autre qui anticipe le futur, un serpent enroulé autour de son poignet, symbolisant la sagesse. La prudence prévoit ainsi le futur, qu’il soit bon ou mauvais, et y répond en tirant le meilleur parti de l’expérience passée.
Alors que l’impulsion émotionnelle de la peur conduit à des actions précipitées, sans en mesurer les conséquences, la prudence ne consiste pas à réduire les actions pour fuir ou se protéger, mais à y réfléchir à la lumière de l’expérience, pour assumer avec responsabilité ce qui nous incombe.
La prudence est pour les Anciens l’art de la juste mesure ancré dans la tempérance. On l’appelait phronèsis, la petite sagesse, condition de sophia, la sagesse théorique.

Pour Aristote (4) la phronèsis ou prudence invite à la « considération du bien et du mal pour soi-même et les autres dans le monde pratique ». Il ne peut donc y avoir de phronèsis sans visée du bien et « c’est ce qui la distingue de la pure habileté que les prudents possèdent en commun avec les fourbes. »
Accepter les règles de prudence implique donc la confiance : confiance que ces règles sont fondées dans la recherche et la connaissance du bien pour soi-même et les autres ; confiance dans le savoir-faire pratique pour l’atteindre.  Comme le dit Marc Hunyadi, la confiance « n’est donc pas simplement un rapport au risque, … mais bien un rapport au monde. » (5)

La crise du COVID-19 a mis notre confiance à l’épreuve. Saurons-nous la retrouver pour échapper au gouvernement de la peur et affronter avec sérénité et responsabilité les événements qui s’annoncent ?

(1) source INSEE
(2) Article paru le quotidien Le Parisien, le vendredi 11 septembre 2020
https://www.leparisien.fr/societe/covid-19-nous-ne-voulons-plus-etre-gouvernes-par-la-peur-la-tribune-de-chercheurs-et-de-medecins-10-09-2020-8382387.php
(3) Auteur de Le principe de responsabilité : Une éthique pour la civilisation technologique,
Éditions Flammarion, 2013, 270 pages
(4) Auteur de Éthique à Nicomaque, Éditions Flammarion, 2004, 560 pages
(5) Article paru dans Philosophie magazine
https://www.philomag.com/articles/mark-hunyadi-la-confiance-est-le-lien-social-le-plus-elementaire
A lire
Philosophie magazine : dossier Comment avoir confiance
https://www.philomag.com/dossiers/comment-avoir-confiance

En cette rentrée menacée par une seconde vague de la pandémie, alors que la distanciation physique persiste et qu’une crise économique guette, nous avons décidé de nous poser la question de la confiance. Celle que nous éprouvons envers les décideurs politiques et économiques, envers les médecins et les scientifiques, mais surtout envers nos collègues et nos proches. Donner sa confiance, est-ce se mettre soi-même en danger ou , au contraire , s’offrit la possibilité de vivre une relation plus sereine avec le monde ?

par Isabelle OHMANN

 

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