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Archives de août, 2020

Penser idéalement et agir modestement

Toute rentrée, tel un cycle de recommencement, porte des incertitudes. Mais depuis très longtemps nous n’en avions pas eu autant. La prudence des sages grecs est de mise : ne pas céder aux extrêmes et réfléchir avant d’agir.

Nos valeurs sont remises en question dans le monde et plus particulièrement en France, où une certaine dictature de la violence s’installe, comme on l’a vu cet été. Que ce soit parce qu’un club n’a pas gagné la coupe rêvée, ou parce qu’un chauffeur d’autobus demande à un passager de mettre son masque, ou encore parce que d’autres refusent les décisions d’un maire. C’est comme si le civisme et le savoir-vivre, les principes élémentaires d’ordre étaient devenus étrangers à une partie de la population en touchant tous les âges et conditions sociales.
Au cours de notre longue histoire, nous avons connu des groupes de milliers d’individus sans foi ni loi qui traversaient le pays en le ravageant en partie, comme au Moyen-Âge.

Aujourd’hui l’acculturation progresse et les différents pouvoirs semblent impuissants, malgré le rappel avec insistance de tous les moyens de communication des valeurs à partager. Mais il semblerait que les volontés s’affaiblissent et que le coronavirus COVID-19 amplifie l’irritabilité non contrôlée.

Ce qui nous manque probablement est un idéal de vie. Certains pensent qu’un idéal et des valeurs appartiennent à la même famille, parce que les deux indiquent « ce qu’il faut faire. » Mais il existe entre eux une différence non de degré mais de nature. Considérer par exemple la solidarité comme l’une de ces valeurs est différent de porter la solidarité dans son idéal.
La personne qui considère la solidarité comme une valeur, la rangera parmi d’autres et l’appliquera au gré des circonstances, surtout si elle pense que les circonstances sont favorables, selon elle, à son application, sans la mettre trop en danger.
Celle qui porte la solidarité dans son idéal, l’intégrera comme l’axe même de son existence et se mobilisera en permanence pour le pratiquer, bon gré mal gré, en dépit des circonstances.
Les valeurs et l’idéal se distinguent aussi parce que les valeurs sont de l’ordre de la pluralité tandis que l’idéal est toujours de l’ordre de l’unité. Une unité qui nous relie à ceux qui partagent le même idéal au quotidien.

Il est évident qu’il ne faut pas idéaliser un idéal et agir en idéologue censeur avec refus total de la réalité. Un idéaliste n’est pas un doux rêveur. Il se bat pour améliorer le réel au nom de son idéal. C’est un être responsable qui pense idéalement et agit modestement. Et c’est en cela qu’il reprend l’idéal des philosophes grecs, celui de la sagesse au quotidien qu’ils appelaient prudence, savoir faire le bien au jour le jour.
Avoir un idéal est une réponse positive à la souffrance ou au mal. De grands idéalistes, comme Nelson Mandela par exemple, ont réagi à la discrimination raciale et assumé la non-violence pour changer les conditions de vie de leurs concitoyens.

L’idéal de maîtrise de soi prôné par les stoïciens s’expliquait comme une réaction positive aux désordres puissants et croissants de l’Empire romain. À défaut d’un ordre extérieur, la philosophie stoïcienne proposait l’idéal au nom d’un ordre intérieur.
Il est temps de se reprendre et pas simplement d’attendre des mesures matérielles d’un ordre qui tarde à arriver. Il faut se resituer intérieurement pour recréer une paix extérieure et recouvrer le bien-vivre ensemble. C’est l’idéal du mode de vie philosophique qu’il nous semble urgent de promouvoir pour cette rentrée.

Comme le signale Rob Hopkins : « il faut des hommes et des femmes ayant un rêve, capables de faire naître dans les cœurs et les âmes, à travers leurs mots et leurs actes, un désir profond d’un avenir plus viable » (1) pour éviter d’emprunter des chemins funestes et réussir une véritable transition vers un monde meilleur.

(1) Extrait de l’article Nous allons vivre une transformation écologique remarquable, propos recueillis par Nicolas Truong, Le Monde, 23 et 24 août 2020
À Lire :
Michel Lacroix, Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ?, Éditions Flammarion, 2007, 195 pages
Brigitte Boudon, L’art de la tranquillité de l’âme, Collection Petites conférences philosophiques, Éditions Ancrages, 2017, 37 pages
Par Fernand SCHWARZ
Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

 

  • Le 30 août 2020
  • Editorial
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À lire N° 321

Vient de paraître
Hors-série imprimé de la revue Acropolis
Le monde d’après, effondrement ou renaissance ?
par Collectif
Éditions Nouvelle Acropole, 2019, 78 pages, 8 €

En 1972 le rapport Meadows modélisa les perspectives de croissance exponentielle avec les risques encourus d’instabilité et d’effondrement. En 2015, Pablo Servigne et Raphaël Stephens confirmèrent cette théorie à travers leurs ouvrages sur la collapsologie. Fin 2019, une pandémie du Coronavirus COVID-19 apparut engendrant une crise sanitaire, économique et sociale mondiale dont on ignore l’étendue et les conséquences dans les années à venir. Un arrêt sur image sur le monde d’avant et des doutes et incertitudes sur le monde d’après. Nous sommes entrés dans un monde VICA (volatile, incertain, complexe et ambigu). Assistons-nous à la fin du monde ou à la fin d’un monde ? Comment sera le monde de demain ? Si nous voulons un monde différent, nous devons procéder à des changements individuels et collectifs. Ce dixième numéro annuel du Hors-série imprimé de la revue Acropolis propose des thèmes de réflexion pour explorer les différentes visions du monde de demain, redonner espoir à tous ceux qui se sentent impuissants et démunis face à la situation actuelle, et stimuler l’envie et l’enthousiasme de tous ceux qui veulent agir dans et pour le monde de demain.
Numéro à se procurer dans les centres de Nouvelle Acropole (adresses sur www.nouvelle-acropole.fr)

Vivre mieux sans croissance
par Pierre RABHI et Juliette DUQUESNE
Éditions Presses du Chatelet, Collection Carnets d’alerte, 2019, 216 pages, 15 €

Cet ouvrage a pour but d’alerter le lecteur sur des problèmes cruciaux qui menacent la survie de la planète et de l’humanité : extinction de la biodiversité, dérèglement climatique, pollution des sols, de l’eau et de l’air, augmentation du chômage et de la dette. En même temps, les entreprises recherchent la croissance à n’importe quel prix, la consommation est de plus en plus effrénée. Pierre Rabhi prône la sobriété, la modération. Oui il est possible de vivre sans croissance, en privilégiant des modes de production et d’existence alternatifs. Juliette Duquesne, journaliste a interrogé de nombreux spécialistes (économistes, sociologues, politologues, entrepreneurs, citoyens de tous les continents.

Manières d’être vivant
Enquêtes sur la vie à travers nous
par Baptiste MORIZOT
Éditions Actes Sud, Collection Mondes sauvages, 2020, 336 pages, 22 €

L’auteur, philosophe et pisteur, maître de conférences l’Université d’Aix-Marseille, à travers six récits de pistage, insiste sur la nécessité de retisser les liens d’interdépendance avec toutes les formes de vie habitant sur la Terre. Il rappelle que nous subissons une crise écologique mais également une crise de sensibilité qui nous amène à nous éloigner de ce que nous sentons, percevons , comprenons vis-à-vis de toutes les formes du vivant.

 

Les maladies du bonheur
par Hugues LAGRANGE
Éditions PUF, 2020, 480 pages, 22 €

Bien que le monde moderne ait amélioré les conditions de vie, il semble que les êtres humains, notamment les Occidentaux, ne soient pas heureux et soient atteints de nombreuses maladies telles que cancers, maladies cardiovasculaires, obésité, pathologies mentales, y compris anxiété, dépression et addiction à drogue, alcool., psychotropes.. Mais au-delà de ces maladies, la modernité a amené des pathologies de l’individualisme, de la responsabilité et de la solitude dans lesquelles nous sommes seuls maîtres de notre destin.
L’auteur, chercheur au CNRS et à Sciences Po, rattaché à l’OSC et auteur de livres, nous invite à « réinstituer l’homme », à lui redonner le sens du destin commun et à rechercher une « société décente » fondée sur une recherche d’harmonie entre l’homme et la nature et les autres, une consommation plus frugale, un usage du temps plus riche et le besoin de retrouver un sens à sa vie.

Schopenhauer
par Ugo BATINI
Éditions Le Cerf, Collection Qui es-tu ?, 2020, 208 pages, 14 €

Cet ouvrage, à la croisée de la biographie et de la philosophie, aborde la vie, la pensée de Schopenhauer, philosophe de la seconde moitié du XIXe siècle, qui est souvent mal compris. On parle de lui souvent en vieillard acariâtre, chantre du pessimisme, aimant les bêtes bien plus que les hommes… Ce livre met à jour le récit de sa vie, le développement de sa pensée, les raisons profondes que l’on peut avoir de lire et d’aimer sa philosophie et de devenir intime  de ce philosophe et de son œuvre.


Sapiens face à Sapiens
par Pascal PICQ
Éditions Flammarion, 2019, 320 pages 22,90 €

Il y a 40.000 ans, l’homo sapiens s’est imposé progressivement sur Terre comme l’espèce d’Homme dominante. Pourquoi Sapiens s’est-il imposé, alors que vivaient en même temps ses cousins Neandertal en Europe et Dénisoviens en Asie ?  Le paléoanthropologue Pascal Picq remet en cause l’image d’Épinal de l’homme préhistorique en se livrant à une enquête détaillée fondée sur l’analyse des découvertes archéologiques les plus récentes, les cultures humaines préhistoriques et les génomes anciens et les conditions d’expression des gènes dans leurs environnements.

Techniques de méditation créatrice
par Shakti GAWAIN
Éditions Le Courrier du Livre, 2019, 163 pages, 14,90 €

Comment se transformer intérieurement et dans sa vie quotidienne ? L’auteur introduit des techniques de visualisation associées à la respiration, pour entre autres, contacter son guide intérieur, exprimer sa créativité, équilibrer l’énergie masculine et féminine en soi, découvrir l’abondance, visualiser un avenir meilleur… Par une spécialiste du développement personnel.

La Française du Nil
par Yolaine DESTREMAU
Éditions Pierre Guillaume de Roux, 2020, 208 pages,  18

Ce roman est l’histoire d’une femme et d’un avocat new-yorkais qui se rencontrent à Gurnah (Rive Ouest de Luxor) pour entreprendre un voyage sur le Nil. L’histoire se déroule dans l’Égypte d’aujourd’hui avec un va-et-vient entre une évocation de l’ancienne Égypte et de la crise économique que traverse encore ce pays aujourd’hui.

Réussite et spiritualité
Découvrez les énergies invisibles créatrices de notre réalité
par Philippe GILBERT
Guy Tredaniel éditeur 2020, 228 pages, 23 €

Se reconnecter avec soi-même, son être intérieur, son intuition, contacter les énergies invisibles, regarder le monde autrement, redécouvrir l’énergie féminine/masculine…
Un livre simple d’accès avec des exercices ludiques. Nombreuses illustrations.
Par un architecte libéral, coach, formateur spécialiste de management humain, géobiologie, développement personnel.

  • Le 26 août 2020
  • Littérature
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L’art de la mémoire à la Renaissance

Après l’Antiquité et le Moyen-Âge, une nouvelle interprétation de l’Art de la mémoire prend racine à la fin du XVe siècle, lorsque Pic de la Mirandole (1463-1494) rencontre Marsile Ficin (1433-1499) à Florence. C’est le début d’une aventure extraordinaire pour l’art de la mémoire qui se transforme en art occulte, avant d’atteindre des sommets de complexité avec Giordano Bruno.

Marsile Ficin est le philosophe célèbre pour avoir traduit en latin toute l’œuvre de Platon. Il est qualifié de néoplatonicien et il réussit à harmoniser la pensée de Platon avec les idées chrétiennes héritées en partie de la pensée scolastique. Ficin reconnaît également une continuité entre les écrits de Platon et les sagesses anciennes, celles notamment attribuées à Hermès Trismégiste et à Zoroastre. Platon, Hermès et Zoroastre sont considérés par Ficin comme des porte-parole de la sagesse des Anciens et de Dieu.
La pensée de Ficin se trouverait d’ailleurs cristallisée en images au sein d’un art divinatoire, celui des cartes du Tarot de Marseille, le tarot de Marsilio, Marsilio Ficino étant son vrai nom. La carte du Diable, par exemple, représenterait une synthèse de la caverne de Platon et de l’enfer chrétien, celle d’un enfer mental dont les images simulacres empêchent l’individu de sortir pour aller vers la lumière, vers la vérité.

Pic de la Mirandole reprend de Ficin sa philosophie néoplatonicienne, sa doctrine hermétique néo-alexandrine et les sagesses magiques zoroastriennes pour y ajouter ses propres interprétations chrétiennes de la Kabbale. Il propose une métamorphose de l’Art de la mémoire en art et science occulte. Ce qu’avait commencé à faire Lulle qui était aussi un praticien de l’alchimie, comme nous l’avons vu dans l’article précédent.
Si l’art de mémoire scolastique est d’inspiration aristotélicienne et cicéronienne, celui de la Renaissance mobilise plutôt l’héritage platonicien, ou plus précisément néoplatonicien, avec les correspondances au sein de l’univers, le rôle de l’imagination comme monde intermédiaire, la notion de Nature vivante, etc.

Les sciences occultes prennent beaucoup d’ampleur à la Renaissance. Elles se réfèrent à un ensemble de savoirs et de pratiques antiques telles que la magie, l’astrologie, la science des Nombres, l’alchimie. Elles ont en commun de vouloir déchiffrer les relations et les analogies entre les choses, voire les signatures qui s’y cacheraient. L’art de Mémoire va permettre d’organiser de manière ordonnée toutes ces connaissances, en reprenant la structure de l’univers, du monde intelligible au monde sensible.

Le théâtre de Giulio Camillo

L’une des œuvres les plus significatives de cette période renaissante est le « Théâtre de la mémoire »  de l’italien Giulio Camillo (1480-1544). Camillo est célèbre pour avoir inventé un « Théâtre » contenant toutes les connaissances essentielles. Sous le parrainage admiratif du roi François Ier, Camillo se donne comme mission de construire une maquette de son théâtre. Le modèle, malheureusement jamais achevé, était assez grand pour accueillir deux personnes et était « marqué de nombreux tableaux et rempli de petites boîtes ». Chaque rangée du théâtre était pourvue d’un grand nombre d’images à contempler et de petites boîtes ou tiroirs contenant des écrits.
En effet, Camillo revisite à son tour les règles antiques de l’art de la mémoire : les rangées représentent les lieux de mémoire, les images correspondent à une réinterprétation de la règle des images et les écrits à une réinterprétation de la mémoire des choses et des mots.
C’est ainsi qu’on trouve dans le théâtre : sept images de planètes : Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter et Saturne ; des images de divinités grecques ; des images de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis ; des images des Sephirot de la Kabbale.

Le théâtre imaginé par Giulio Camillo est un amphithéâtre en bois, inspiré de l’architecture de Vitruve, avec sept gradins divisés chacun en sept sections, définissant quarante-neuf « lieux » à chacun desquels est associée une figure symbolique empruntée à la mythologie, à la cabbale ou à l’hermétisme. Le spectateur se tient au centre sur une scène. L’ensemble est organisé en une sorte de grammaire visuelle où chaque concept est censé se décomposer en une série d’images, avec un système de correspondances renvoyant aux connaissances hermétiques et cabbalistiques. Ce théâtre est censé embrasser l’univers tout entier et la vérité éternelle. L’homme peut ainsi accéder à la plus haute réalité, grâce à sa mémoire au sein duquel se trouvent les Idées de toutes les choses. Tel se conçoit le penseur de la Renaissance initié au secret du système de Camillo. Et nous allons voir que cette vision se poursuit et s’amplifie encore avec Giordano Bruno.

 Giordano Bruno, le maître de l’art de mémoire

Giordano Bruno est né quatre ans après la mort de Camillo en 1548. Il reçoit une formation dominicaine au couvent de Naples et cette formation porte une grande attention à l’art de la mémoire. Il tente de développer un art de la mémoire encore plus poussé que celui de ses prédécesseurs, en combinant l’Art de la mémoire classique, l’hermétisme néo-alexandrin et le lullisme.
Il imagine ainsi un système mnémonique d’encyclopédie magico-logique qui rassemblerait toute l’histoire, toutes les pensées, toutes les découvertes et productions humaines et cherche à diffuser cette vision en voyageant dans toute l’Europe.

Le premier livre sur la mémoire publié par Bruno s’appelle De umbris idearum. Il fut dédié au roi de France Henri III. Après Camillo et François Ier, voici un nouvel Italien qui apporte un secret de mémoire à un nouveau roi de France !
L’art de la mémoire est au centre même de la vie et de la mort de Bruno. Il écrit plusieurs ouvrages sur le sujet : Circé, les Sceaux, les Statues et les Images. Il y reprend les fameuses règles pour les lieux et les règles pour les images, avec beaucoup d’audace, en les présentant comme des secrets hermétiques à déchiffrer. Il conçoit la mémoire artificielle comme une « écriture intérieure » dotée d’une signification ésotérique et mystique.

Dans son œuvre Les Ombres des Idées, Bruno associe sa théorie de la mémoire aux « roues géométriques » de Raymond Lulle. Les images de l’art de la mémoire antique sont transformées en images magiques d’étoiles du monde céleste ; on y trouve de nombreux schémas circulaires, comme les images du zodiaque.
Pour Bruno, les images possèdent un pouvoir d’évocation magique. Il reconstruit ainsi l’univers dont la connaissance supérieure doit conduire à saisir la nature magique et divine de la mémoire.
L’art de mémoire devient ainsi un système capable d’unifier dans la mémoire la multiplicité des phénomènes et de les ramener à l’unité ; il permet de doter l’esprit d’une puissance d’unification des images en référence à un ordre intelligible.
Dans une mémoire humaine utilisant ces combinaisons, toujours changeantes, il devait se former une espèce d’alchimie, comme une pierre philosophale de la psyché, grâce à laquelle l’être pourrait percevoir et se rappeler toutes les dispositions et toutes les combinaisons possibles des éléments appartenant au monde des pierres, plantes, animaux, mais aussi toute l’histoire de l’homme, toutes ses découvertes, toutes ses pensées, toutes ses philosophies. C’est bien l’idéal de l’uomo universale, l’homme universel, qui possède en lui tous les mystères de l’univers.

Le système hermétique de la mémoire de Giordano Bruno est l’occasion pour l’homme d’entamer une épreuve éthique d’ascension spirituelle jusqu’aux images des étoiles. La conception antique de l’art de la mémoire est ainsi redéfinie comme outil de transformation spirituelle par un mysticisme inspiré de la figure d’Hermès. Il s’agit bien d’atteindre l’Un derrière les apparences.
Chez Bruno, la fonction de l’imagination consiste à ordonner les images dans la mémoire, et c’est une fonction absolument essentielle au processus de la connaissance que de relier de manière opérationnelle la mémoire et l’imagination.

Quelques années plus tard, les philosophes Descartes et Leibniz connaissent bien tout cela et en discutent dans leurs œuvres. Ils tentent de reprendre les principes de la méthode antique qu’ils jugent pertinents, mais ils les dépouillent de leurs signes magiques et mystiques, par prudence probablement. Mais l’unité du savoir, le projet d’encyclopédie universelle et surtout la recherche d’un langage universel sont revalorisés grâce à leurs travaux. C’est la principale préoccupation par exemple de Leibniz, qui cherche une forme de calcul universel, duquel découlera le fameux calcul infinitésimal.
Cet art de mémoire a connu de bien belles péripéties depuis le banquet de Simonide de Céos au Ve siècle avant J.-C jusqu’à nos philosophes modernes. Il fut tour à tour l’outil indispensable des orateurs antiques, le support de la foi chrétienne médiévale, l’outil de l’âme pour vivre de l’intérieur le lien magique avec l’univers. Nous voudrions souhaiter longue vie à cet art plurimillénaire et commençons par nous exercer à mémoriser les images et les mots dans des lieux que nous aurons habilement choisis.

par Brigitte BOUDON

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