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Archives de mars, 2019

À lire, N° 306

Vient de paraître !

Numéro spécial de la revue Acropolis : 300e numéro
Prix : 5 €

En mai 1973, le premier numéro de la revue Acropolis était édité, sur une simple ronéotype à alcool. Ce fut le début d’une grande aventure qui passa par de multiples phases, de l’écrit au numérique. Depuis, la revue apporte un regard philosophique sur l’actualité, à travers des dossiers thématiques, des commentaires, la rencontre de personnalités remarquables du passé telles que Jean Chevalier, Gustave Thibon, Gilbert Durand, Mircea Éliade… ou du présent comme Trinh Xuan Thuan, Bertrand Vergely, Jean Staune, Denis Marquet, Jacqueline Kelen, Fréderic Vincent, Luc Bigé… Le 300enuméro (édité en numérique en octobre 2018 et imprimé pour la circonstance,) a donc voulu rendre un hommage à 45 ans d’action et à tous les collaborateurs qui y ont participé.

Numéro disponible dans les onze centres de Nouvelle Acropole :
www.nouvelle-acropole.fr.

L’Esprit organisé      
par Daniel LEVITIN
Edition Héloïse d’Ormesson, 2018, 778 pages, 26 €

La première partie de l’ouvrage est consacrée à la biologie du cerveau. Quelques découvertes de la neuroscience moderne sont fondamentales : « dans notre cerveau, le réseau de prises de décision n’établit pas de priorités » et la fonction mentale la plus importante est l’attention. Cependant deux principes cruciaux sont utilisés par le filtre attentionnel : le changement qui est immédiatement remarqué par le cerveau et l’importance accordée par la personne à certains thèmes ; quand le cerveau fonctionne en mode vagabondage le mode « exécutif central est désactivé » et inversement car nous ne pouvons pas être dans les deux en même temps. Les deux autres parties du livre nous expliquent comment utiliser notre cerveau afin mieux gérer notre vie, être efficaces, productifs et moins stressés. Tous les thèmes de la vie courante sont abordés : gestion du temps et de notre environnement social ou organisation des affaires, manière de penser pour économiser notre énergie mentale et qui résident en fait dans l’observation de règles générales simples et qui relève du bon sens.

 

Un lotus s’épanouit
Manuel pratique de méditations assises guidées pour la joie, la guérison et la transformation
par THICH NHAT Hanh
Éditions Le Courrier du Livre, 2018, 295 pages, 18 €

Les méditations guidées de cet ouvrage viennent de soutras, enseignées par le Bouddha. Elles ont été mises en pratique au Village des Pruniers et dans de nombreuses retraites conduites par Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste et auteur de nombreux ouvrages. Dans la tradition bouddhiste, la méditation transforme, guérit et nous permet de restaurer la totalité de notre être, au cours des années. Ce livre contient 56 méditations, adaptées pour répondre aux besoins du monde actuel.  La pleine conscience est l’outil de méditation utilisé pour habiter son présent, issue de la technique zen.

 

Sparte
Cité des arts, des armes et des lois
par Nicolas RICHER
Éditions Perrin, 2018, 478 pages, 25 €

Bien moins connue qu’Athènes, Sparte est quand même une cité importante en Grèce, comme le mentionnent entre autres Hérodote, Thucydide, Xénophon, Diodore de Sicile, Euripide, Platon, Aristote, Homère. Nicolas Richer, agrégé d’histoire, spécialiste de l’histoire grecque des époques archaïque et classique, mais surtout spécialiste de Sparte a mené un travail de recherche méthodique pour « examiner le fonctionnement d’une collectivité dont l’un des traits originaux consiste dans l’importance qu’elle accorde à la guerre. » Cette étude s’étend de l’époque archaïque (VIIIeau Vesiècle) à la fin de l’époque classique (fin IVe siècle).
Cette cité qui nous semble presque parfaite, avec une société égalitaire, une vie politique basée sur la pratique de la vertu, un développement artistique importante et une armée quasi invincible a pourtant sombré au IVe siècle avant notre ère.

 

L’évidence de l’invisible
anamnèse essentielle
par Jean-Yves Leloup
Éditions Actes sud, 2018, 83 pages, 10 €

Une réflexion sur la notion d’anamnèse, de la remémoration, qui se pratique dans différents domaines : la médecine, la psychiatrie et dans la liturgie chrétienne que l’auteur explore comme révélateur d’une autre dimension qui fait aussi des miracles comme celui que décrit Jacques Lusseyran atteint de cécité dans son ouvrage La lumière dans les ténèbres.

 

Quand vous reviendrez de cette lecture, vous ne serez plus là…
La voie de la métamorphose
par Michel CHIAMBRETTO
Éditions Le Mercure dauphinois, 2017, 120 pages, 14,50 €

L’auteur nous fait prendre conscience qu’il faut sortir du conditionnement, connaître la nature profonde qui guide la plupart de nos actes, ouvrir des champs de possibilités insoupçonnées, pour être plus libre de penser, d’agir et d’essayer de devenir soi-même. Le tout avec des principes comportementaux à adopter, et des exercices à la fin de chaque chapitre.

 

Cinq défenseurs de la foi et de la raison
par Richard BASTIEN
Éditions Salvator, 2018, 192 pages, 20 €

Directeur de la ligue catholique des droits de l’homme à Ottawa, l’auteur décrit les étapes parcourues par la philosophie depuis les Grecs avec Platon, en passant par le XXesiècle avec la multiplicité des courants de pensée (rationalisme, empirisme, marxisme, nihilisme, existentialisme,…) jusqu’à aujourd’hui où la philosophie moderne soutient, comme l’affirme Stephen Hawking, qu’elle est morte parce qu’elle n’a pas su assimiler les progrès de la science… L’auteur analyse dans tous ces courants le rôle attribué à la raison et à la foi pour connaître la vérité. Il fait de même pour l’analyse des courants religieux d’aujourd’hui.
Il en conclut que foi, raison, théologie et philosophie doivent travailler de concert !
C’est ainsi qu’il affirme que la Tradition chrétienne catholique postule que le monde repose sur un certain ordre physique et moral et que l’on ne saurait faire l’expérience du bonheur sans accepter les prescriptions qui en découlent. Cette tradition affirme qu’il y a des vérités morales objectives inscrites dans la texture même du réel et que les choses ont une finalité.

 

Une histoire mondiale du communisme
Tome 3 – Les complices
par Thierry WOLTON
Éditions Grasset, 2017, 1184 pages, 33 €

Il s’agit du dernier volume de la trilogie de Thierry Wolton sur l’histoire mondiale du communisme. Après Les Bourreaux (tome 1, Le communisme d’en haut, du côté du pouvoir) et Les Victimes (tome 2, Le communisme d’en bas, du côté de la société), le dernier volume Les Complices (Le communisme dans les têtes)s’attache à décrire à tous ceux qui ont permis au communisme de prospérer avec un tel succès dans l’espace et le temps : les partis communistes du monde entier, l’aveuglement idéologiques des intellectuels, la complaisance des partis politiques à l’égard des régimes marxistes-léninistes, l’aide apportée aux économies socialistes. L’auteur a recueilli de nombreux témoignages, anecdotes et analyse l’influence de la pensée communiste sur le monde. Par un journaliste et essayiste.

 

Éthique et politique
par Bertrand RUSSEL
Éditions Payot, 2014, 282 pages, 23,80 €

L’ouvrage développe l’existence de « désirs primitifs » (désirs de nourriture, boisson, reproduction, logement), auxquels s’ajoutent quatre désirs secondaires (acquisitivité, vanité, rivalité et amour du pouvoir). Le tout rend compte de la quasi-totalité de l’activité politique.  Sur quoi fonder l’éthique ? Ce livre aborde ainsi les questions de la religion, des comportements irrationnels en politique, du rôle de la raison dans nos décisions, de la difficulté à définir le bien et le mal, en accordant à la subjectivité une place centrale : « Les désirs, les émotions, les passions sont les seules causes possibles de l’action »

 

Biomimétisme
Quand la nature nous inspire des innovations durables
par Janine M. BENYUS
Traduction Céline SEFRAOUI
Éditions Rue de l’Échiquier, 2016, 408 pages, 23 €

Le biomimétisme consiste à imiter des techniques que la nature a mis au point de façon très naturelle. L’homme s’en est servi pour ses applications technologiques, industrielles, agricoles, informatiques… Par exemple, l’efficacité énergétique de la photosynthèse, la solidité du corail, la résistance des fils de soie de l’araignée, les propriétés adhésives des filaments de la moule… La nature possède une merveilleuse richesse et nous incite à mieux l’observer pour l’imiter.

  • Le 29 mars 2019
  • Littérature
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« Le Petit Prince, un voyage philosophique entre Ciel et Terre »

C’est l’histoire du Petit Prince, un petit bonhomme tout doré, suspendu à un trapèze volant, qui s’élève au-dessus de la pesanteur de son logis, pour s’élancer dans l’inconnu d’une évasion. Au fil des chapitres, d’astéroïde en astéroïde cette évasion revêt le visage d’un voyage avec ses haltes singulières et ses rencontres insolites. C’est également l’histoire d’un voyage initiatique que l’auteur, Olivier Larrègle, raconte dans le premier tome de son livre « Le Petit Prince, Un Voyage Philosophique Entre Ciel et Terre, 1-La préparation », issu de la collection « Petites conférences philosophiques ». Êtes-vous prêts pour le voyage ?

C’est le 6 avril 1943, que le Petit Prince a vu le jour. Il est le fruit d’une destinée atypique. Resituons-nous. Fin 1940, Antoine de Saint-Exupéry atterrit sur le sol américain. Il est seul dans son cockpit. Il vient se poser sur le sol américain avec une intention, sensibiliser le nouveau continent au conflit de la grande guerre qui sévit en Europe.

Il multiplie conférences, émissions, articles, livres et au fil des mois la Providence vient frapper à sa porte.

Nous sommes en 1942, il vient d’écrire et de publier l’ouvrage Pilote de Guerre qui est un vrai succès (premier des ventes pendant six mois). Malgré cela, il est plongé dans une profonde mélancolie. La cause est qu’il souhaite une France unifiée pour combattre l’Allemagne, pour cela il n’a pas pris parti pour le général De Gaulle. Les exilés français lui reprochent, voire l’accusent d’être pétainiste ; il est profondément affecté. En août 1942, à New York, à la célèbre brasserie Arnold, il rencontre ses éditeurs pour un déjeuner. Les époux Reynal voient en Saint-Éxupéry un homme touché, comme s’il avait reçu une balle. Ils veulent l’aider. Lors du déjeuner, comme à son accoutumée, il griffonne sur la nappe gaufrée du restaurant un curieux personnage. À sa vue, une fulgurance surgit chez les Reynal. Ils lui proposent d’écrire un conte pour Noël 1942 dont le curieux petit bonhomme serait le personnage principal.

Au début, il refuse, prétextant qu’il se consacre à son livre Citadelle ; de plus les contes pour enfant, il n’en a jamais écrit. Il ne connaît que la littérature pour adulte. Madame Reynal insiste, elle trouve les mots, il dit Oui. Le Petit Prince est conçu. Il est le fruit d’une rencontre guidée par la main de la Providence.

Le 13 avril 1943, Saint-Exupéry décollera du tarmac américain pour l’Europe. Il souhaite reprendre du service : « Tu vois, je ne pourrai pas vivre si mes actes ne correspondaient pas à ce que j’écris, et ce que j’écris correspond toujours à ce que je peux… » avait-il écrit à Paul Emile Victor. Il quitte la tourmente des exilés américains qu’il juge loin des réalités de combat et rejoint en Algérie le groupe 2/33 (1). Il part sans son enfant qui a vu le jour il y a une semaine sous les presses Reynal Hitchcock. Au fil des mois, l’inquiétude le gagne. Son enfant est-il toujours en vie ?

Il adresse une lettre à son éditeur. « Je ne sais rien du Petit Prince (je ne sais même pas s’il a paru !). Je ne sais rien sur rien : écrivez-moi ». (Oudjda – Maroc – 8 juin 1943).

Il reçoit une réponse en date du 3 août de son éditeur : « Enfants et adultes ont fait au « Petit Prince » l’accueil le plus enthousiaste (…). Nous approchons le cap des 30 000 exemplaires en langue anglaise, et 7 000 en français, et les ventes se poursuivent régulièrement, en dépit des fortes chaleurs, au rythme de 500 à 1000 exemplaires par semaine… Voilà un enfant tout plein de vie. »Le Petit Prince vit en Amérique, c’est là-bas qu’il grandit, loin de son père. Le 31 juillet 1944, Saint-Exupéry rejoint la rose de sa planète, sans rien connaître de la croissance de son enfant. Ce n’est qu’en 1946, deux ans après la mort de son créateur que Le Petit Prince fera le voyage en France avec les éditions Gallimard.

Le scénario semblait bien écrit. La vie du Petit Prince échappe à son auteur. Il vole sans son pilote. Saint-Exupéry et Le Petit Prince, c’est l’histoire d’un Gepetto qui façonne un Pinocchio dont le destin ne lui appartient pas.

Aujourd’hui, au fil des ans Le Petit Prince s’offre déjà comme la propriété de tous les hommes. Ce n’est pas l’enfant d’un homme, d’un pays ou d’une langue, mais le porte-parole de l’universel, évocateur d’un humanisme impérissable qui transcende les époques et les générations. Sinon, comment Le Petit Prince pourrait-il parler plus de 257 langues et dialectes et dépasser les 300 millions d’exemplaires vendus ?

« Le Petit Prince », pour les petits et les grands

 Pour certains, c’est un conte pour enfants, pour d’autres une poésie pour adolescents, pour quelques-uns un conte philosophique. Pour nous décider, laissons parler le grand chroniqueur du New-York Times, John R. Chamberlain qui, le 6 avril 1943, jour de la parution du livre, écrit dans le célèbre journal : « Le Petit Prince est une fable passionnante pour les grandes personnes… ». Maintenant que nous savons à quoi nous attendre avec la lecture du Petit Prince, allons à sa rencontre.

Un voyage philosophique entre Terre et Ciel

C’est sous l’ardeur d’un traîneau céleste, conduit par onze oiseaux sauvages qu’un petit bonhomme rendu aussi léger qu’une plume, s’envole de sa planète : « Je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages ».Ainsi, s’ouvre le premier tableau du Petit Prince.
Saisissons la migration au vol. Glissons-nous, dans le sillage de ces oiseaux sauvages. Laissons-nous transporter. Une lecture vue du ciel nous attend. Celle qui ouvre les portes pour regarder le monde autrement.

Un héros extraordinaire

Le voyage du Petit Prince répond à un modèle particulier. Bien qu’indépendant de la volonté de son auteur, il épouse les caractéristiques du voyage initiatique en trois étapes définies par le grand mythologue américain Joseph Campbell (1904 -1987) : la préparation, la traversée, le retour. Ces trois étapes, en quoi font-elles du Petit Prince un héros extraordinaire ? Comment s’appliquent-elles à ce petit bonhomme qui n’a rien du « Caïd » (2) à la carrure classique ?

La préparation au voyage

La première étape, la préparation, c’est l’histoire philosophique des neufs premiers chapitres du Petit Prince, avant qu’il ne s’envole de sa planète « … profitant d’une migration d’oiseaux sauvage… » comme dit le livre. Ils mettent en scène la vie du Petit Prince sur sa planète avec l’histoire des volcans, des baobabs, de la fleur qui deviendra rose, mais aussi l’attitude avec laquelle il faut lire Le Petit Prince.
Je ne vous en dis pas plus, effectuez votre voyage. Vous me direz ce que vous en pensez. Si l’envie de continuer cette lecture philosophique du Petit Prince persiste, un deuxième livre, en préparation, vous racontera l’histoire de la traversée et du retour du Petit Prince.
Amis lecteurs n’oubliez pas : certains disent que Le Petit Prince, c’est Saint-Exupéry, oui c’est exact. Mais, à travers lui et avec lui, c’est de nous qu’il parle.

(1) Groupe de l’armée de l’Air, chargé de survoler en avion bombardiers des zones de reconnaissance pendant la seconde Guerre mondiale
(2) Surnom donné à Saint-Exupéry

Le Petit Prince
Un Voyage Philosophique Entre Ciel et Terre
1-La préparation
par Olivier LARREGLE
Éditions Ancrages, Petites conférences philosophiques, 2019, 96 pages, 8 €

https://www.youtube.com/watch?v=B7n_m872z1o

Par Olivier LARRÈGLE

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« Sigmund Freud, du regard à l’écoute »

Sigmund Freud, jeune médecin, suit à Paris les cours de Jean-Martin Charcot, célèbre neurologue qui dirige la clinique des maladies du système nerveux à l’hôpital de la Salpêtrière.

Cette figure scientifique majeure n’avait fait l’objet d’aucune exposition en France, mais cet oubli vient d’être réparé. En effet, le MAHJ (Musée d’Art et d’histoire du Judaïsme) a organisé du 10 octobre 2018 au 10 février 2019 une exposition très complète sur la vie et l’œuvre de Sigmund Freud, nommée « Sigmund Freud, du regard à l’écoute » (1).

L’exposition explore le cheminement scientifique et intellectuel de Sigmund Freud (1856-1939) en neuf séquences. Bien qu’il se définisse comme « un juif tout à fait sans dieu », pour préserver la psychanalyse de l’étiquette de « science juive », sa pratique qui refuse l’image au profit de la seule écoute se situe dans une démarche interprétative largement héritière de l’herméneutique talmudique.

Sigmund Freud, neurobiologiste

Il débute comme neuroanatomiste en 1876. Il se tourne ensuite vers la neurologie clinique, auprès de Jean-Martin Charcot (1825-1893) à Paris en 1885. À son retour à Vienne en 1886, il publiera un ouvrage sur les paralysies infantiles. Il fera une dernière tentative de concilier la neurologie et la psychologie dans son Esquisse d’une psychologie pour neurologues. Freud cherche alors à se représenter le fonctionnement de l’« appareil psychique », imaginant des neurones chargés de la perception, d’autres de la mémoire, par « frayage des barrières de contact ».

Sigmund Freud, jeune médecin, suit à Paris les cours de Jean-Martin Charcot, célèbre neurologue qui dirige la clinique des maladies du système nerveux à l’hôpital de la Salpêtrière.

Sigmund Freud, jeune médecin, suit à Paris les cours de Jean-Martin Charcot, célèbre neurologue qui dirige la clinique des maladies du système nerveux à l’hôpital de la Salpêtrière.

Magnétisme, hystérie et hypnose : la Salpêtrière (1885-1886)

Sigmund Freud, jeune médecin, obtient une bourse d’étude pour suivre à Paris les cours de Jean-Martin Charcot. Le célèbre neurologue dirige la clinique des maladies du système nerveux à l’hôpital de la Salpêtrière, dont il a inauguré la chaire. Ses leçons publiques, au cours desquelles il pratique l’hypnose sur des patientes hystériques, sont des rendez-vous mondains où se rencontrent scientifiques, écrivains et artistes. Freud souhaite voir de ses propres yeux ces expériences controversées, entourées de l’aura du « merveilleux » qui s’attachait précédemment au magnétisme animal.

Freud évolutionniste : l’ère de la généalogie

Depuis sa jeunesse, il se confrontera avec les thèmes posés par la révolution darwinienne, qu’il comparera à celle introduite par Nicolas Copernic (1473-1543) dans la cosmologie. Charles Darwin (1809-1882) a réuni des preuves de l’évolution des espèces et a proposé la sélection naturelle comme mécanisme et son disciple allemand, le zoologue Ernst Haeckel (1834-1919), a promu une nouvelle vision du monde fondée sur la généalogie. La vie jaillit du monde inorganique, et est sujette aux mêmes lois ; tout ce qui vit ou a vécu forme un seul grand arbre généalogique qui réunit les animaux, les végétaux et les organismes unicellulaires. L’homme est inséré dans la généalogie animale, et Haeckel postulera l’existence d’un ancêtre simiesque de l’homme dépourvu de langage. Freud sera durablement séduit par cette idée d’unité, due à la descendance commune de tous les êtres vivants.

Dans son Introduction à la psychanalyse (2), Freud parle de trois blessures narcissiques infligées par la science à l’égoïsme naïf de l’humanité.
La première, rattachée à Copernic, fut lorsque l’astronomie a montré que la Terre ne forme qu’une parcelle insignifiante du système cosmique dont nous pouvons à peine nous représenter la grandeur.
Le second démenti fut infligé par la recherche biologique de Darwin et d’autres, lorsqu’on réduit les prétentions de l’homme à une place privilégiée dans l’ordre de la création en établissant sa descendance  du règne animal et en montrant l’indestructibilité de sa nature animale.
Le troisième démenti sera infligé par la recherche psychologique, dont Freud se considère le messager, qui propose de montrer au moins qu’il n’est pas seulement pas maître de sa propre maison, qu’il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique.

Le cabinet des antiques

Freud achète la majorité de ses pièces auprès d’antiquaires viennois et lors de ses voyages en Grèce, en Italie…

Freud achète la majorité de ses pièces auprès d’antiquaires viennois et lors de ses voyages en Grèce, en Italie…

Sigmund Freud commença sa collection dès les années 1880, profondément marqué par la passion de Jean-Martin Charcot, dont le bureau était rempli d’antiques. Freud achète la majorité de ses pièces auprès d’antiquaires viennois et lors de ses voyages en Grèce, en Italie… C’est la grande époque des chantiers archéologiques, des fouilles égyptiennes, syriennes, babyloniennes, de l’exploration des antiquités grecques. Freud, à plusieurs reprises, fera des parallèles entre le travail psychanalytique et la lecture des antiques : « En fait, l’interprétation des rêves est tout à fait analogue au déchiffrement d’une écriture pictographique ancienne telle que les hiéroglyphes d’Égypte. » (3)

 

 

Le divan et la naissance de la psychanalyse

En juillet 1897, quelque temps après la mort de son père, Freud entreprend de s’auto-analyser en déchiffrant ses rêves. Or, avec ce travail d’exploration, il découvre que l’inconscient est peuplé de fantasmes incestueux, meurtriers, datant de l’enfance. Son autoanalyse amène également Freud à découvrir que les songes et les symptômes psychiques parlent le même langage codé : ils dissimulent les désirs que nous préférons taire. La guérison ne survient que si le patient comprend lui-même l’origine de sa souffrance, s’il est actif. Durant la séance, la parole lui appartient. Il doit dire ce qui lui passe par la tête, sans choisir les mots qui lui traversent l’esprit. C’est la règle fondamentale de la psychanalyse que Freud a appelée l’« association libre ». Pour cela, il est allongé sur un divan, position, qui évoque le sommeil, favorise l’émergence de l’imaginaire et du transfert. Pour Freud, le divan fait partie d’un rituel qui symbolise la situation entre analysant et analysé. Cette dernière exclut aussi toute communication visuelle entre le patient et son thérapeute : le visage de ce dernier, assis sur un fauteuil situé derrière la tête du second, doit demeurer caché, pour qu’aucune expression faciale ne vienne influencer la libre association du discours, ni son interprétation, dans la seule écoute.

La science des rêves (1900)

Pour Freud, le rêve est une formation psychique propre au rêveur et douée de sens, mais qui ne se laisse pas facilement décrypter car l’activité onirique met en scène des désirs refoulés qui se manifestent sous un déguisement.

Pour Freud, le rêve est une formation psychique propre au rêveur et douée de sens, mais qui ne se laisse pas facilement décrypter car l’activité onirique met en scène des désirs refoulés qui se manifestent sous un déguisement.

Fruit d’un labeur assidu de quatre années, L’Interprétation des rêves de Sigmund Freud passe relativement inaperçu lors de sa publication en 1900, mais avec le temps, s’impose comme un des textes fondateurs de la psychanalyse. Pour Freud, le rêve est une formation psychique propre au rêveur et douée de sens, mais qui ne se laisse pas facilement décrypter car l’activité onirique met en scène des désirs refoulés qui se manifestent sous un déguisement. Cette méthode d’investigation de l’inconscient s’est révélée centrale dans l’étude psychologique des névroses. Elle est apparue comme un modèle de compréhension des processus psychiques, expliquant la formation des phobies, des idées obsessionnelles ou des idées délirantes. Comme l’écrit Freud : « L’interprétation du rêve est la via regia(voie royale) qui mène à la connaissance de l’inconscient dans la vie de l’âme.

La vie sexuelle

En 1905, Sigmund Freud publie Trois essais sur la théorie sexuelle, suivi un peu plus tard de Contribution à la psychologie de la vie amoureuse. Il  décrit la « libido », une énergie vitale ayant sa source dans la sexualité. Les exigences de cette pulsion sexuelle, dont le but est la recherche égoïste du plaisir sont inconciliables avec les attentes de la civilisation qui impliquent entente et cohésion sociale. Le refoulement de la libido entraîne le plus souvent des troubles psychiques, des névroses. Mais cette énergie vitale est aussi susceptible de se déplacer vers des buts non sexuels. Sa sublimation serait à l’origine des productions culturelles les plus élevées de l’humanité, notamment des œuvres d’art qui, elles, sont socialement reconnues et admirées.

Le mouvement surréaliste et ses influences dans les années 1920

L’âge d’or des rapports entre Sigmund Freud et les tenants du mouvement surréaliste se situe dans les années 1920 et 1930. Dès 1921, le poète et écrivain André Breton (1896-1966) entreprend un pèlerinage à Vienne pour obtenir son Interview du Professeur Freud . La rencontre fut décevante, mais suivi d’une correspondance, dans laquelle il lui envoya son Manifeste du surréalismeà Freud. Freud exprimera dans une lettre à Breton du 26 décembre 1932 son aveu qui est un désaveu : « Bien que je reçoive tant de témoignages de l’intérêt que vous et vos amis portez à mes recherches, moi-même je ne suis pas en état de me rendre compte ce qu’est et ce que veut le surréalisme… ».

Moïse et le judaïsme

Si Freud, qui se disait « incroyant », a longtemps tenu ses œuvres à l’écart de son ascendance juive, tout comme du milieu viennois où il a vécu, c’est d’abord pour faire de la psychanalyse une science universelle, détachée de tout particularisme religieux ou culturel. Dans son dernier ouvrage Moïse et le monothéisme, publié l’année de sa mort, Freud revient sur ses origines en questionnant les fondements de la religion juive. Déjà, quelques années avant, dans la préface à l’édition hébraïque de Totemet tabou(1930), Freud s’interrogeait sur cette filiation au judaïsme : « Qu’est-ce qui est encore juif chez toi, alors que tu as renoncé à tout ce patrimoine ? Encore beaucoup de choses, et probablement l’essentiel. »

(1) Voir catalogue : CLAIR Jean (sous la direction de), Sigmund Freud. Du regard à l’écoute, Éditions Gallimard-mahJ (Muse d’art et d’histoire du Judaïsme), 2018, 336 pages, 39 €
(2) Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, chapitre 18, Éditions Payot, 1975, 443 pages
(3) L’Intérêt de la psychanalyse, 1913, Traduit par Paul-Laurent ASSOUN et édité en 1988 aux Éditions Retz, 189 pages
par Laura WINCKLER

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